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Internationale de l'Education
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Des millions d’enfants risquent de perdre leurs écoles ‘à moins d’une aide des donateurs occidentaux’

Publié 9 novembre 2010 Mis à jour 9 novembre 2010

Alors que les pays donateurs se réunissent à Madrid cette semaine, l’IE a renouvelé son appel en faveur d’une taxe sur les transactions financières afin de payer pour des enseignants et des salles de classe.

En effet, le manque de soutien de la part de l’occident pourrait pousser de nombreux pays pauvres à fermer des écoles et à licencier des enseignants, privant ainsi des millions d’enfants d’éducation.

L’unique organe mondial de financement de l’éducation – l’Initiative Fast Track de l’Education pour Tous (FTI) – arrive au terme de ses ressources, ce qui menace d’annihiler les progrès significatifs réalisés ces dernières années, selon un nouveau rapport de la Campagne mondiale pour l’éducation (CME), dont l’IE est un membre fondateur.

Le rapport en appelle à une action radicale en vue de sauver des écoles menacées car les donateurs occidentaux ont été touchés par la crise financière mondiale. Les représentants du FTI se réunissent cette semaine à Madrid pour allouer les derniers 80 millions de dollars restants dans les fonds de l’Initiative. La CME indique que cela ne représente même pas 10 % du milliard de dollars que présenteront 20 des pays les plus pauvres afin de garder des écoles ouvertes l’an prochain.

Kailash Satyarthi, président de la Campagne mondiale pour l’éducation, lance un cri d’alarme : « Cette information confirme malheureusement nos pires craintes, et montre que, sans des mesures radicales convenues à Madrid cette semaine, des millions d’enfants vont se retrouver devant des grilles closes et quantité d’enseignants perdront leur emploi. Les avancées de la dernière décennie sont sur le point d’être anéanties, ce qui veut dire que davantage d’enfants risquent de venir grossir les rangs des 69 millions d’enfants non scolarisés à ce jour. »

La CME a cité le cas du Mozambique, qui a progressé de façon remarquable depuis 10 ans vers la réalisation de l’Objectif du Millénaire pour le développement de l’éducation primaire universelle. Depuis 2008, le pays a recruté 20.000 enseignants et construit 3.000 salles de classe grâce aux pays donateurs dans le cadre de l’Initiative Fast Track. Mais des enseignants et des bâtiments supplémentaires font cruellement défaut.

Une crise alimentaire, qui a conduit à des émeutes à Maputo en septembre, a forcé le Mozambique à transférer des fonds du budget de l’éducation vers des subventions alimentaires, affectant des milliers d’enseignants et près de 100.000 élèves. Le Mozambique a échappé à une coupe budgétaire de 20 % de ses fonds pour l’éducation et une réduction de moitié de son programme de construction de nouvelles écoles du fait de l'intervention de dernière minute de la Banque mondiale qui a libéré 56 millions de dollars.

Kailash Satyathi a déclaré : « Nous accueillons avec satisfaction l’investissement de la Banque mondiale, mais nous déplorons le fait qu’elle ait dû apporter une aide d’urgence à l’éducation dans les pays pauvres pour compenser le recul des donateurs occidentaux. Si on a pu trouver 1.000 milliards de dollars pour sauver les banques de la faillite, il est certainement possible de rassembler 16 milliards de dollars par an pour sauver l’avenir des enfants du monde. »

La CME y voit l’amorce d’une tendance majeure et s’inquiète de la propagation de problèmes similaires sur tout le continent africain. En raison du manque de fonds, il sera difficile de satisfaire en totalité la demande du Rwanda, qui a besoin de 100 millions de dollars pour mettre en vigueur la gratuité de l'enseignement secondaire et améliorer la qualité des services d’enseignement dans tout le pays. Le Ghana et le Kenya, qui comptent respectivement 900.000 et 750.000 enfants non scolarisés, devraient présenter des demandes de financement.

Haïti, où 4.000 écoles ont été détruites par le tremblement de terre, et où la situation des enfants vis-à-vis de l’école est la pire au monde, devrait aussi présenter une demande de financement au FTI en 2011. La CME a également indiqué que, malgré une récente série d’actions de lobbying dans les capitales des pays donateurs, aucun nouveau financement n’a été récolté pour répondre aux besoins éducatifs des pays pauvres. Elle a exhorté les principaux donateurs, notamment la France, l’Allemagne, les Etats-Unis, le Japon, le Royaume-Uni et les Pays-Bas à respecter leurs promesses.

La Campagne et l’IE soutiennent la création d’une taxe sur les transactions financières. Cette dernière permettrait de collecter pas moins de 200 milliards de dollars chaque année pour soutenir toute une série d'initiatives de lutte contre la pauvreté et d’assurer un financement prévisible permettant de scolariser des millions d’enfants.

La présidente de l’IE, Susan Hopgood, a expliqué que « la crise financière créée par des banquiers milliardaires touche le plus durement les plus pauvres, avec des coupes dans l’aide financière apportée revenant à dénier à des millions d’enfants le droit humain fondamental une éducation. Une taxe sur les banques pourrait mettre fin à cette situation et mettre tous les enfants à l’école ».

La Campagne mondiale pour l’éducation est une coalition de 100 organisations dans 100 pays comprenant l’Internationale de l’Education, ActionAid, Oxfam et Save the Children.