Ei-iE

Addendum au Document politique sur l'éducation: Le rôle des syndicats de l'éducation dans l'utilisation des technologies de l'information et de la communication (TIC)

Publié 25 juillet 2015 Mis à jour 31 mars 2017

Le 7e Congrès mondial de l’Internationale de l’Éducation (IE), réuni à Ottawa du 21 au 26 juillet 2015, adopte l’addendum à la section/aux paragraphes 45-48, concernant le rôle des syndicats de l’éducation dans l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC), du Document politique sur l’éducation, « Une éducation de qualité pour bâtir l’avenir », adopté par le 6e Congrès mondial de l’IE en 2011.

Le présent addendum au Document politique sur l’éducation vise à renforcer et à clarifier la position politique de l’IE ainsi que le rôle des syndicats dans l’utilisation des TIC dans le secteur de l’éducation.

Principes directeurs:

1. Les technologies de l’information et de la communication peuvent constituer un outil important pour améliorer l’enseignement et l’apprentissage. Des logiciels éducatifs interactifs, des bibliothèques numériques d’accès libre et des technologies moins coûteuses et plus intuitives peuvent faciliter de nouvelles formes d’interaction entre les étudiant(e)s, les enseignant(e)s, le personnel éducatif et la communauté et améliorer ainsi l’accès à l’éducation ainsi que sa qualité. Les TIC doivent être utilisées comme un outil visant à améliorer l’enseignement et l’apprentissage et à rendre les établissements scolaires plus efficaces.

2. L’IE réfute l’idée selon laquelle les TIC peuvent être utilisées pour remédier au manque de financement de l’éducation en raison des mesures d’austérité résultant de la crise financière. Le financement de l’éducation doit être rétabli et accru afin que les TIC jouent le rôle qui leur revient, qui consiste à promouvoir les objectifs d’un enseignement public bénéficiant d’un financement intégral et adéquat.

3. Toutefois, les risques liés à l’utilisation des TIC, notamment la promotion de la haine, de la pédopornographie, de la cyberintimidation et le recours aux technologies de surveillance, doivent être mis en évidence et de tels abus doivent être évités afin de garantir la sécurité et le bien-être de l’ensemble du personnel éducatif et des étudiant(e)s.

4. Bien que l’IE considère que l’éducation peut être enrichie en intégrant des TIC dans les activités pédagogiques traditionnelles, les TIC ne peuvent en aucun cas remplacer la relation et l’interaction entre l’enseignant(e) et l’apprenant(e), qui sont essentielles au processus d’apprentissage et de développement. Les enseignant(e)s demeurent au cœur du processus d’apprentissage, et l’introduction de nouvelles technologies ne pourra à elle seule transformer le processus d’enseignement et d’apprentissage.

5. Les TIC doivent être utilisées dans les établissements d’enseignement sous la supervision de professionnel(le)s qualifié(e)s et bien formé(e)s doté(e)s d’une expertise en matière de pédagogie et d’éducation afin de garantir que leur impact ne compromette ou ne sape le processus d’apprentissage ou la formation des apprenant(e)s.

6. L’utilisation et l’intégration réussies des TIC pour dispenser une éducation de qualité aux étudiant(e)s dépendent, dans une large mesure, des enseignant(e)s hautement qualifié(e)s et motivé(e)s, de la disponibilité des outils des TIC d’une qualité suffisante et des environnements d’enseignement et d’apprentissage de qualité. Par conséquent, des programmes de formation des enseignant(e)s appropriés et judicieusement élaborés favorisant la collaboration entre les professionnel(le)s de l’éducation et des environnements d’enseignement et d’apprentissage bénéficiant de moyens financiers importants sont essentiels à l’utilisation réussie des TIC dans l’éducation et à la bonne mise en œuvre des programmes des TIC.

7. Les politiques et les plans concernant les TIC doivent être élaborés avec la pleine participation des enseignant(e)s, du personnel de soutien à l’éducation et de leurs organisations représentatives. Les éducateurs/trices doivent être impliqués dans toutes les étapes de la conception et de l’élaboration de politiques appropriées en matière de TIC à des fins éducatives.

8. Les gouvernements doivent réduire la fracture numérique entre pays riches et pays pauvres en garantissant la mise en place d’infrastructures, de matériel et de logiciels des TIC, notamment la connectivité internet dans tous les pays, y compris dans les zones rurales et reculées.

9. Tout en saluant l’utilisation des TIC pour dispenser une éducation de qualité, notamment au moyen de programmes d’enseignement à distance bien conçus, l’IE considère que les universités et les établissements scolaires virtuels doivent être autorisés et suivis en vue de garantir la qualité. Les cours en ligne ouverts et massifs doivent être admis et contrôlés à des fins d’assurance de qualité.

10. L’IE est résolument opposée à toute tentative visant à utiliser les TIC pour faire de l’éducation, en partie ou en totalité, une marchandise qui peut être vendue pour en tirer un bénéfice. Les entreprises du domaine des TIC doivent opérer de manière à améliorer l’enseignement public gratuit pour tou(te)s. Elles ne doivent pas développer de systèmes visant à remplacer les systèmes éducatifs au nom du pouvoir ou du profit. Les services éducatifs ne doivent faire partie d’aucun accord commercial qui, d’une quelconque manière, ferait de l’éducation une marchandise internationale et non pas un droit souverain dans tous les pays.

11. Lorsque des entreprises commerciales du domaine des TIC sont engagées par des gouvernements ou par l’éducation nationale, ou par les autorités scolaires pour contribuer à la prestation des services de TIC dans l’éducation ou lorsqu’elles participent volontairement à cette prestation, cet engagement doit faire l’objet d’accords basés sur les termes convenus avec les syndicats de l’éducation et ancrés dans les meilleures pratiques éducatives.

12. En engageant des entreprises, des sociétés ou des fondations du domaine des TIC pour soutenir l’utilisation des TIC dans l’éducation, l’IE et les syndicats de l’éducation doivent veiller à ce que les programmes éducatifs soient: a) inclusifs, b) visent à améliorer l’accès à l’éducation et sa qualité, c) soutiennent une bonne pratique pédagogique, d) n’aggravent pas les conditions de travail des enseignant(e)s ou la sécurité de l’emploi, e) comportent une composante de développement professionnel des enseignant(e)s et f) respectent les programmes scolaires nationaux.

Les mesures qui doivent être prises en vue de promouvoir et de garantir l’utilisation appropriée des TIC dans l’éducation comprennent les points suivants:

1. L’IE renforcera les capacités de ses organisations membres à défendre des politiques inclusives et appropriées en matière de TIC à l’échelle nationale ainsi que les capacités des dirigeant(e)s et membres syndicaux à utiliser les TIC afin d’améliorer leur travail syndical et éducatif, en particulier en matière d’enseignement et d’apprentissage, et la syndicalisation et les systèmes en ligne d’aide aux syndicats.

2. L’IE et ses organisations membres élaboreront et mettront en œuvre des stratégies visant à lutter contre toutes les formes d’abus, en mettant particulièrement l’accent sur la protection des étudiant(e)s, des enseignant(e)s et du personnel de soutien à l’éducation de la cyberintimidation et pour éviter qu’ils ne deviennent des cibles de contenu malveillant.

3. L’IE et les syndicats de l’éducation doivent entreprendre des recherches sur l’utilisation (et les abus) des TIC dans l’éducation, notamment les critères d’évaluation de la qualité des programmes d’éducation à distance et les cours en ligne ouverts et massifs.

4. Les syndicats de l’éducation doivent exhorter les gouvernements à élaborer des politiques et des plans nationaux concernant l’utilisation et la promotion des TIC dans l’éducation, en concertation avec les syndicats de l’éducation.

5. Les syndicats de l’éducation doivent insister auprès des gouvernements sur la nécessité de dégager des fonds pour veiller à ce que chaque établissement d’enseignement ait accès à des TIC de haute qualité, qu’il s’agisse du matériel ou des logiciels, quel que soit l’endroit où il est situé.

6. Les syndicats de l’éducation doivent encourager les gouvernements à allouer les fonds nécessaires pour assurer la formation et le perfectionnement professionnel continu sur l’utilisation des TIC aux enseignant(e)s et à d’autres professionnel(le)s de l’éducation.

7. Les syndicats de l’éducation doivent préconiser l’utilisation appropriée des TIC dans l’éducation, en tant que support moderne essentiel à l’enseignement et à l’apprentissage, et l’accès libre aux technologies de haute qualité appropriées et à l’internet pour tous les enseignant(e)s et apprenant(e)s, le personnel de soutien éducatif et les responsables de l’éducation.

8. Les syndicats de l’éducation doivent surveiller l’application de tout accord conclu par les gouvernements, l’éducation nationale ou les autorités scolaires concernant la prestation des services de TIC par des entreprises commerciales et veiller à ce que ces accords adhèrent aux principes énoncés ci-dessus.