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France: les syndicats de l’enseignement très inquiets pour la qualité du service public de l’éducation

Publié 22 mars 2018 Mis à jour 27 mars 2018

Alors que le pays connaît une importante grève en défense des services publics, les syndicats français membres de l’Internationale de l’Education rappellent leurs inquiétudes pour le statut des enseignant(e)s fonctionnaires, la qualité de l’éducation et le dialogue social.

Une grande partie des fédérations syndicales françaises dans la fonction publique, avaient appelé à la grève le 22 mars contre des mesures gouvernementales perçues comme « une vaste entreprise de démolition des services publics, de paupérisation des fonctionnaires et de dénaturation de leurs missions ». La mobilisation visait à la défense de la fonction publique, du statut général des fonctionnaires, des emplois publics et pour l’augmentation des salaires des agents publics.

Dans l’éducation, les syndicats ont attiré l’attention sur le fait que « les logiques trop connues continuent de s’y appliquer », avec baisse des moyens, renoncement aux objectifs de démocratisation, autonomie renforcée des établissements, bac local, et mise à mal de la qualification disciplinaire des enseignant(e)s.

Grandement inquiets, ils veulent faire prendre conscience à la population française que ce qui se passe dans la Fonction publique et dans l’éducation est grave, tant les changements envisagés sont profonds, et « touchent non seulement aux conditions de rémunération et de travail de 20% des salariés, mais aussi au modèle de société ».

Ils souhaitent par ailleurs un meilleur dialogue social et une réelle consultation des syndicats par les autorités publiques. Cette inquiétude est partagée même par les fédérations syndicales n’ayant pas participé à cette journée d’action.

SNES-FSU: promotion de logiques libérales de concurrence et rentabilité

Mobilisant ses membres le 22 mars et revenant sur un rapport de la Cour des comptes consacré à l’évaluation du système éducatif,la Secrétaire générale et porte-parole du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES-FSU) Frédérique Rolet a également rappelé que «  cette institution promeut les logiques libérales de concurrence et rentabilité, prenant régulièrement les enseignants à partie, les taxant d’absentéisme, les accusant de résistance aux injonctions, et les sommant de se plier aux exigences du néomanagement ».

Elle a aussi réaffirmé que l’amélioration de la carrière des personnels, assurés notamment de partir en retraite en ayant intégré la « hors-classe », fait partie des acquis obtenus par le SNES et la FSU.

SNUipp-FSU: revendiquer des services publics de qualité et plus de moyens pour l'école

Le Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC (SNUipp-FSU) avait, lui, insisté sur le fait que, « se mobiliser le 22 mars, c’est agir pour des services publics de qualité au service des usagers. Parce que les fonctionnaires assurent des missions essentielles pour le développement et la cohésion du pays. » Il demandait à ses membres de « revendiquer plus de moyens pour l'école », « exiger la reconnaissance et la revalorisation de nos métiers et de nos qualifications! » et « agir pour une Fonction publique efficace qui assure toutes ses missions auprès de tous les citoyens, sur tous les territoires ».

FNEC.FP-FO: l’ensemble des conquêtes de 1936 et de l’après-guerre défaites

Pour la Fédération Nationale de l'Enseignement, de la Culture et de la Formation Professionnelle - Force Ouvrière (FNEC.FP-FO), « dans sa frénésie de contre-réformes, après avoir passé les ordonnances Travail, le gouvernement persiste et signe dans sa volonté de défaire l’ensemble des conquêtes de 1936 et de l’après-guerre », à savoir les statuts, les conventions collectives, la protection sociale, les régimes de retraites particuliers, le système de santé et l’hôpital, les services publics, le paritarisme, le baccalauréat, les diplômes, les lycées professionnels, l’école publique et l’université.

En s’attaquant à la Fonction publique (Etat, hospitalière, territoriale), le gouvernement remet en cause les principes et valeurs essentielles de la République assurés par les fonctionnaires dans toute la France, estime le FNEC.FP-FO.

FERC-CGT: casse des services publics et systématisation du tri social

Dans son Tract mobilisation CGT Educ’Action 22 mars, la Fédération CGT de l’Education, de la Recherche et de la Culture (FERC-CGT) revient aussi sur le fait que le gouvernement entreprend une politique de démolition des services publics, au détriment de ses agents et des usagers/usagères, plus particulièrement ceux/celles issu(e)s des classes populaires.

La FERC-CGT affirme que, dans l’Education, les ministres Blanquer et Vidal n’ont qu’un objectif: concurrence des établissements, des personnels et des disciplines, mais aussi des étudiant(e)s en assumant un tri social systématisé à l’issue du collège et à l’entrée de l’université. « Nous ne pouvons pas laisser faire. Alors que la crise capitaliste sert de prétexte au patronat pour appauvrir toujours plus les salarié(e)s, c’est bien un Service public renforcé et une École au service de l’émancipation qu’il nous faut conquérir. »

UNSA-Education: « Il y aura toujours une place pour le syndicalisme »

Le Secrétaire général de l’UNSA-Education Frédéric Marchand a de son côté affirmé que « dans notre monde, quel qu’il sera, il y aura toujours une place pour le syndicalisme ».

Il a regretté par ailleurs que le regard du Président Emmanuel Macron s’arrête trop rarement sur les acteurs de la démocratie sociale: «  Nos avis sont à peine écoutés, régulièrement ignorés et des experts bien souvent convoqués à la table des propositions en lieu et place des représentants des salariés ».

Pour Marchand, le président envisage plutôt les organisations syndicales « comme des freins, avec la volonté de les ranger sur les étagères d’un ‘ancien monde’ conservateur et immobiliste ».