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Pays-Bas: les enseignant(e)s et leur syndicat se mobilisent pour un enseignement primaire de qualité

Publié 30 mai 2018 Mis à jour 29 juin 2018

Les autorités n’ayant toujours pas pris la décision ni d’augmenter les salaires des enseignant(e)s ni d’alléger leur charge de travail, les actions « Code rouge » pour l’enseignement primaire se poursuivent et s’étendent désormais aux provinces de l’est des Pays-Bas.

L’affilié néerlandais de l’Internationale de l’Education (IE) Algemene Onderwijsbond(AOb) avait espéré que les grèves du 13 avril dernier menées dans les provinces du sud du pays seraient les dernières de la série et suffiraient à faire prendre conscience aux autorités ministérielles de l’urgence d’améliorer les conditions salariales et d’alléger la charge de travail au sein de l’éducation, mais pour l’heure aucune décision n’a encore été prise dans ce sens.

Face à l’inertie du gouvernement, une nouvelle grève a été organisée le 30 mai dans l’Est du pays. Comme au cours des actions précédentes, la quasi-totalité des écoles primaires sont restées portes closes, en l’occurrence dans les provinces de la Gueldre et d’Overijssel.

Parallèlement, les négociations en prévision d’une nouvelle convention collective se poursuivent, mais n’aboutissent pour l’instant à aucun résultat concret. Rien n’indique, par ailleurs, que les autorités envisagent une quelconque augmentation substantielle des salaires pour le secteur de l’enseignement primaire public.

Financement insuffisant

Seul résultat positif, le ministère de l’Education s’est engagé à confectionner plus tôt que prévu un budget permettant de réduire la charge de travail des enseignant(e)s du primaire. Les écoles primaires se verront allouer en moyenne 35.000 euros cette année, un montant revu à la hausse chaque année jusqu’en 2021/2022. Les écoles seront libres de mettre cette somme à profit à leur meilleure convenance. La plupart d’entre elles ont déjà signalé qu’elles réserveraient cet argent au recrutement d’enseignant(e)s auxiliaires ou d’enseignant(e)s spécialisé(e)s. Selon l’AOb, le budget mis à disposition demeure toutefois bien trop insuffisant pour pouvoir introduire des changements significatifs.

Les enseignant(e)s face à une charge de travail excessive

En particulier depuis l’entrée en vigueur du nouveau système pour l’éducation inclusive, la charge de travail s’est considérablement accrue. Cette quatrième grève régionale intervient au moment où un débat politique est lancé pour déterminer si ce système d’éducation fonctionne ou non. Lors de la mise en place de ce dernier, la plupart des établissements d’enseignement spécialisé ont été fermés et les enseignant(e)s spécialisé(e)s licencié(e)s, les écoles ordinaires étant censées reprendre leurs fonctions.

Le syndicat AOb s’est toujours montré critique vis-à-vis de cette réforme, non pas en raison du principe d’introduire des écoles inclusives, mais bien parce que les changements au sein du système ont été opérés sans offrir aux enseignant(e)s ordinaires une formation adéquate et sans prévoir le budget suffisant pour la maintenance et l’adaptation des infrastructures scolaires.

Si le mouvement de grève de grande ampleur lancé par les syndicats de l’éducation en 2012 et soutenu par les organisations de parents a permis de postposer l’introduction définitive des changements, il n’a cependant pas conduit à l’annulation des projets de réforme. Résultat, bon nombre d’enfants n’ont plus d’école et le nombre d’inscriptions dans les établissements spécialisés n’a pas diminué comme souhaité.

Cela fait longtemps maintenant que les enseignant(e)s expriment leurs préoccupations concernant les classes surnuméraires, rendant plus difficile la prise en charge des enfants ayant des besoins spéciaux.

Tant que les salaires resteront trop peu élevés et la charge de travail trop importante, l’AOb craint une augmentation de la pénurie d’enseignant(e)s et donc un surcroît de travail plus important encore pour le personnel en service, une situation mettant en péril la qualité de l’éducation.