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Le Secrétaire général de l’IE critique l’indice de capital humain de la Banque mondiale

Publié 10 octobre 2018 Mis à jour 23 octobre 2018

A la veille du lancement de l’indice de capital humain de la Banque mondiale, le Secrétaire général de l’Internationale de l’Education David Edwards critique le nouvel indicateur mondial.

L’ indice de capital humain(ICH) mesure la contribution de la santé et de l’éducation à la productivité de la prochaine génération de travailleurs/euses. Selon la Banque mondiale, les pays peuvent l’utiliser pour estimer le volume de recettes dont ils doivent se passer en raison des lacunes du capital humain et pour déterminer comment ils peuvent transformer ces pertes en gains s’ils agissent dès aujourd’hui.

Demain, la Banque publiera les données de l’ICH et organisera un « Sommet du capital humain» lors de sa réunion annuelle à Mangupura, à Bali. La Banque et d’autres orateurs de haut niveau lanceront un appel à une action mondiale afin que les pays alimentent le capital humain et « encouragent les investissements axés sur les personnes » dans la santé et l’éducation.

Atteinte à l’ODD 4

« Au mieux, je le vois comme une distraction inopportune à l’égard du travail acharné réalisé dans les pays et les régions pour assurer et contrôler un financement prévisible, équitable et durable dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD) », a déclaré Edwards. « Au pire, je le considère comme une nouvelle initiative ‘Non-sens de Washington’, qui pourrait saper les efforts de la communauté mondiale de l’éducation pour atteindre une éducation de qualité pour tous et toutes. »

L'IE a constamment plaidé pour que les gouvernements allouent davantage de fonds à l’éducation. Les enseignant(e)s sont bien conscient(e)s de l’importance de systèmes d’enseignement public bien financés et dotés de ressources pour une plus grande qualité et équité dans l’éducation. Pourtant, selon le Secrétaire général de l’IE, la création de ce nouvel indicateur reste néanmoins extrêmement problématique.

Dans son blog (consultable ici), Edwards énonce trois raisons pour lesquelles l’indice porte atteinte plutôt qu’il ne contribue aux efforts de la communauté éducative mondiale en faveur d’une éducation de qualité pour tou(te)s.

Mauvaise approche

Edwards estime que plutôt que d’adopter une approche de l’éducation fondée sur les droits, l’indice se concentre sur l’argument économique selon lequel les gouvernements devraient investir dans l’éducation simplement pour son rendement financier. « Présentés comme du capital humain, les travailleurs sont réduits à des produits » et « considérée comme un moyen de rendre les travailleurs productifs, l’éducation est réduite à un intrant de la prospérité économique », déplore-t-il.

Absence de coopération sur les données de l’éducation

Edwards souligne ensuite la folie de consacrer du travail et des ressources à rassembler des données qui sont déjà créées par d’autres. Le Programme des Nations unies pour le développement a déjà un indice de développement humain et l’Institut de statistique de l’UNESCO (l’organisation mandatée pour superviser l’ODD 4) travaille depuis plusieurs années à l’élaboration d’une méthode complexe afin que les données collaboratives sur l’éducation soient comparables entre les pays.

Problèmes avec l’indicateur d’apprentissage mondial

Enfin, Edwards nous rappelle les conséquences potentielles indésirables de cet indicateur. Le classement concurrentiel de pays en fonction des résultats de tests pourrait aboutir à des politiques visant à obtenir rapidement des améliorations des tests normalisés plutôt qu’à des politiques destinées à améliorer durablement l’enseignement et l’apprentissage.

Un avertissement

La critique d’Edwards selon laquelle « [l’ICH] revient à faire du neuf avec du vieux » est un avertissement lancé aux partisans de l’ICH. Il reste à voir si l’indicateur aura un effet quelconque sur le financement de l’éducation. Il est clair, en revanche, que le discours de la Banque sur le capital humain porte atteinte à la notion d’éducation en tant que droit humain et bien public.