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France: les syndicats vent debout contre l'augmentation des frais d'inscription pour les étudiant·e·s étranger·ère·s!

Publié 26 février 2019 Mis à jour 26 février 2019

Les syndicats de l’enseignement français prennent des mesures contre l'augmentation des frais de scolarité pour les étudiant·e·s de pays non membres de l'Union européenne.

Le 19 novembre 2018, le Premier ministre français a annoncé que les frais de scolarité des étudiant·e·s originaires de pays non membres de l'Union européenne augmenteraient considérablement dès la rentrée 2019: 2.770 € en licence (au lieu de 170 €) et 3.770 € en master et en doctorat (au lieu de 243 € et 380 € respectivement).

Les syndicats français, dont nombre de syndicats membres de l’Internationale de l’Education (IE) ou de confédérations syndicales affiliées à l’IE, désapprouvent fortement ce projet et demandent au gouvernement de le retirer.

Appel intersyndical du 18 janvier

Dans un appel intersyndical lancé le 18 janvier, ils ont appelé, dès le 22 janvier et jusqu’au retrait du projet, à la mobilisation pour obtenir l’annulation de la hausse des frais d’inscription pour les étudiant·e·s étranger·ère·s extracommunautaires.

Ils expliquent que « cette augmentation mettrait en difficulté financière les étudiant·e·s étranger·ère·s parmi les plus précaires et risquerait de faire renoncer nombre d’entre eux/elles à leur projet d’études en France. Les conséquences, pour nos formations et nos laboratoires de recherche, seraient désastreuses. »

Ils considèrent également cette hausse des frais d’inscription comme « une attaque contre les valeurs humanistes et universalistes de l’université française », et « contre la recherche publique, qui accueille un tiers de doctorant·e·s d’origine extra-communautaire ».

Pourtant, soulignent les organisations signataires, « leur accueil contribue à la production scientifique de nos laboratoires et enrichit nos échanges internationaux ».

En outre, craignent que « cette mesure conduise à une hausse généralisée des frais pour l’ensemble des étudiant·e·s en France », et « défendent un modèle d’université gratuite, ouverte à toutes et à tous sans différenciation de nationalité ou d’origine géographique ».

Les organisations syndicales signataires appellent enfin à soutenir et à s’inscrire dans toutes les initiatives de mobilisations syndicales nationales et locales jusqu’au retrait de ce projet.

Pétition en défense de égalité entre étudiant·e·s

Une pétition, que l’IE encourage à signer, a déjà reçu plus de 310.000 signatures.

L’IE regrette vivement cette attaque contre les universités en tant qu'espaces cosmopolites accueillant des personnes du monde entier, promouvant l'inclusivité et promouvant la démocratie et l'égalité des droits.

Considérant que la « qualité » va de pair avec le prix élevé et le principe de la gratuité de l'enseignement public, le gouvernement français introduit une discrimination économique, sociale et géographique mettant en péril l'éducation et ouvrant la voie à sa complète marchandisation. Cette augmentation affectera de manière dramatique les universités et les laboratoires de recherche, la majorité des étudiant·e·s étranger·ère·s (dont 1 sur 3 doctorant·e·s) en France venant de pays extérieurs à l’UE. Le nombre d'étudiant·e·s, et donc leur contribution à la connaissance et à la coopération internationale, diminuera donc considérablement.

L’IE s’alarme particulièrement, avec les syndicats français, de ce que ce projet sera probablement le prélude à une augmentation des frais de scolarité pour tous les étudiant·e·s, visant à réduire le financement public de l'enseignement supérieur et à transformer les études en un simple produit commercial en concurrence sur le marché.

Fort soutien apporté par les syndicats de l'éducation européens

Dans une lettre datée du 22 février, les membres du Comité permanent de l'enseignement supérieur et de la recherche (HERSC) de la région européenne de l'IE, le Comité syndical européen de l'éducation (CSEE), ont exprimé leur soutien résolu et unanime aux organisations françaises.

Le soutien de leurs collègues de l’enseignement supérieur dans toute l’Europe était clair et ferme. Ils·Elles ont écrit: « Représentant les universitaires et du personnel éducatif travaillant dans les secteurs de l'enseignement postsecondaire et/ou de la recherche en Europe, nous appuyons fermement votre demande de retirer le projet du gouvernement français visant à augmenter les frais de scolarité des étudiants et étudiantes venant de pays hors de l’Union Européenne pour étudier en France ».

Ils·Elles affirment en outre qu’ils·elles « croient fermement que l’éducation de qualité est et doit rester un droit humain fondamental et un bien public, tels qu’ils sont inscrits dans les lois européennes et internationales ».

Faisant écho aux exigences essentielles de la campagne du CSEE intitulée « Construire l'avenir de l'Europe avec les enseignant·e·s », ils·elles soulignent que « l'éducation est fondamentale pour chaque citoyen·ne. C'est un droit humain fondamental et un bien public. En tant que tels, les gouvernements européens en sont responsables. Le CSEE exige que chaque enfant et étudiant·e ait accès à une éducation gratuite de haute qualité, adaptée à ses besoins et quel que soit son origine socio-économique. »

« Nous pensons que les mesures prévues par le gouvernement français compromettent en effet l'accès à l'éducation et ouvrent la voie à sa marchandisation que nous dénonçons fermement », ont conclu les syndicalistes européen·ne·s de l'éducation.