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Royaume-Uni: stigmatiser les enseignant·e·s et les autres travailleur·euse·s n’empêchera pas les crimes violents

Publié 3 avril 2019 Mis à jour 3 avril 2019

La National Association of Schoolmasters Union of Women Teachers s’est exprimée au sujet du Sommet de Downing Street sur les crimes violents, et réaffirmé que les crimes violents impliquant des jeunes représentaient un problème complexe que l’on ne pouvait résoudre en augmentant la pression qui pèse sur les éducateur·rice·s et les responsabilités qui leur incombent.

Gérer le comportement des étudiant·e·s

« Tous les professionnels qui travaillent avec des enfants et des jeunes sont bien conscients qu'ils ont la responsabilité de protéger la santé et le bien-être de ces derniers », a souligné la Secrétaire générale de la National Association of Schoolmasters Union of Women Teachers(NASUWT), Chris Keates.

« Si les crimes violents impliquant des jeunes doivent bien entendu être pris au sérieux, et qu'il est nécessaire d'identifier des stratégies adéquates, il s’agit d'un problème complexe que l’on ne résoudra pas en augmentant la pression qui pèse sur les enseignants, les directeurs d’école et les autres professionnels, et les responsabilités qui leur incombent », a-t-elle expliqué.

« Il est inquiétant d’entendre de plus en plus que les écoles qui excluent les élèves sont montrées du doigt comme faisant partie du problème, dans la mesure où l’exclusion est présentée comme l’une des raisons pour lesquelles les élèves commettent des agressions au couteau ou rejoignent des gangs », a-t-elle commenté, avant de rappeler que « les écoles utilisent l’exclusion en dernier recours, très souvent dans des cas où les élèves ont apporté des armes offensives à l’école ou se sont montrés violents envers le personnel ou d’autres élèves ».

« Au quotidien, les enseignants font du bon travail en arrivant à gérer le comportement des élèves et à faire respecter les règles de conduite, même si cela devient de plus en plus difficile », a-t-elle souligné. Et d’ajouter: « Les coupes budgétaires sévères opérées par le gouvernement au niveau du financement des autorités locales ont entraîné la réduction drastique, voire la disparition, de l’aide apportée par les spécialistes externes, y compris les services d’orientation pédagogique sur lesquels s'appuyaient les écoles autrefois ».

« En outre, la pression exercée sur les écoles pour accepter des élèves présentant de sérieux troubles comportementaux qui requièrent une prise en charge par un spécialiste s'est accentuée », a-t-elle déclaré.

Les enseignant·e·s et les étudiant·e·s ont le droit d’enseigner et d’apprendre dans un environnement sécurisé

Keates a par ailleurs insisté sur le fait que « les enseignants et les élèves ont le droit d’enseigner et d’apprendre dans un environnement exempt de violence et de perturbation. Si l’exclusion se révèle nécessaire pour y parvenir, les écoles doivent être libres d’exercer leur droit à l’exclusion. Il incombe au gouvernement de veiller à ce que les élèves exclus soient pris en charge de façon appropriée. »

« Si les causes de la violence impliquant les jeunes sont à l’ordre du jour du sommet d’aujourd’hui, il faut tenir compte de l'impact des politiques sociales, économiques et éducatives du gouvernement », a-t-elle insisté.

Enfin, elle a rappelé que « menacer des membres du personnel comme les enseignants, qui font déjà un travail difficile et exigeant, d’être tenus responsables s’ils ne parviennent pas à repérer les signes avant-coureurs d'un crime violent est une mesure tout bonnement inacceptable, qui ne fera que s’ajouter à la longue liste des facteurs gouvernementaux qui poussent les enseignants à quitter la profession et démotivent les potentielles recrues à postuler ».