Ei-iE

Les syndicats d’enseignant·e·s australiens et européens demandent que l’éducation soit exclue des négociations commerciales

Publié 25 juillet 2019 Mis à jour 30 juillet 2019

Au cours du 8e Congrès mondial de l’Internationale de l’Education (IE), les syndicats de l’éducation membres en Australie et dans l’Union européenne ont publié une déclaration appelant le gouvernement australien et la Commission européenne à garantir davantage de transparence dans les négociations portant sur un éventuel accord de libre-échange entre l’Australie et l’UE et à exclure explicitement de ce dernier le secteur de l’éducation.

Les négociations commerciales entre l’Australie et l’Union européenne (UE) ont été lancées le 18 juin 2018. Quatre cycles de négociations ont déjà eu lieu jusqu’à ce jour.L’Internationale de l’Education et ses organisations membres en Australie et en Europe ont suivi avec inquiétude ces négociations, dès le moment où elles ont été proposées. Les informations à propos du calendrier des négociations et de leur contenu restent extrêmement limitées. Aucune structure, telle qu’un forum des parties engagées, n’a été mise en place pour permettre aux syndicats et aux organisations de la société civile d’échanger leurs points de vue avec les négociateur·rice·s commerciaux·ales concernant les cycles de négociations.

L’Internationale de l’Education et ses organisations membres en Australie et en Europe demandent à être systématiquement consultées par le gouvernement australien et la Commission européenne avant toute discussion entourant l’éducation et, en l’occurrence, l’accord de commerce entre l’UE et l’Australie. Si l’Union européenne a effectivement confié la conduite des négociations à la Direction générale du commerce, il importe que les autres instances compétentes de l’UE soient, elles aussi, impliquées et consultées dans le cadre de ce processus, en particulier la Direction générale de l’éducation, de la jeunesse, du sport et de la culture et la Direction générale pour l’emploi, les affaires sociales et l’inclusion.

D’autre part, l’Internationale de l’Education et ses organisations membres en Australie et en Europe demandent que l’éducation soit explicitement exclue de cet accord en cours de négociation. Les syndicats de l’éducation nourrissent des inquiétudes à propos de plusieurs volets des négociations :

  • Promotion de la privatisation et de la commercialisation de l’éducation, accentuant la précarisation de l’emploi au sein de la profession enseignante, créant des inégalités en termes d’accès, de réussite scolaire et de qualité de l’éducation et menaçant la liberté académique, en particulier dans l’enseignement supérieur.
  • Le commerce en ligne (e-commerce) et les réglementations nationales, notamment le risque de voir certaines formes de commerce numérique être associées à des services d’éducation tels que les différents types de formation en ligne. Ces services offrent de nouvelles possibilités mais présentent également des dangers potentiels en ce qui concerne les informations personnelles des étudiant·e·s et la collecte de leurs données, la limitation de l’accès aux ressources et aux recherches, et l’uniformisation du matériel pédagogique pouvant amener à la disparition des contenus locaux. Ces réglementations soulèvent potentiellement des problèmes en matière d’emploi, dans la mesure où le commerce en ligne pourrait inciter certains gouvernements à abandonner progressivement les prestations éducatives locales au profit d’alternatives en ligne moins coûteuses.
  • Dispositions relatives à la propriété intellectuelle, pouvant avoir des conséquences négatives sur les systèmes d’éducation. Une réglementation plus stricte en matière de droits d’auteur pourrait avoir des effets préjudiciables pour l’éducation, dans la mesure où les enseignant·e·s et leurs étudiant·e·s seraient soumis·e·s à des règles plus restrictives lors de l’achat de matériel, impliquant une augmentation des coûts et une diminution de la flexibilité en classe.

Les syndicats de l’éducation estiment que les réglementations commerciales ne peuvent en aucun cas restreindre la capacité des gouvernements et des autorités publiques compétentes à offrir des services publics de haute qualité tels que l'éducation. Le moyen le plus efficace de protéger la haute qualité de l’enseignement en Australie et dans l’UE consiste à prévoir une exclusion générale du secteur de l’éducation dans l’ensemble de l’accord en question.

Pour la lire la déclaration dans son intégralité, cliquez ici.