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40e Conférence générale de l'UNESCO: enseignant·e·s et éducateur·rice·s au cœur de la réalisation de l'ODD 4

Publié 27 novembre 2019 Mis à jour 4 décembre 2019

L’Internationale de l’Éducation et ses organisations membres ont participé activement à la 40e Conférence générale de l’UNESCO. Enseignant·e·s et éducateur·rice·s figuraient en bonne place de son ordre du jour.

La Conférence générale de l’UNESCO, qui s’est tenue du 12 au 27 novembre, a débattu de l’avenir du multilatéralisme dans le monde en rapide mutation que nous connaissons aujourd’hui. Au sein de la Commission de l’éducation, les États membres de l’UNESCO ont pris plusieurs décisions importantes qui permettront de réaliser des progrès vers la mise en œuvre d’une éducation de qualité pour tou·te·s.

Les principales résolutions adoptées jusqu’à présent comprennent: une convention sur la reconnaissance des qualifications dans l’enseignement supérieur, une résolution sur la coordination et les progrès concernant l’Objectif de développement durable (ODD) 4, un nouveau cadre pour l’Éducation au développement durable, une stratégie pour l’alphabétisation, ainsi qu’une recommandation sur les ressources éducatives ouvertes. La Conférence générale a également décidé d'élaborer un nouvel instrument normatif de l'UNESCO sur l'éthique de l'intelligence artificielle.

Stefania Giannini, Sous-Directrice générale pour l’Éducation, a donné un aperçu du programme de l’UNESCO visant à réaliser l’ODD 4 et a mis en évidence quatre grandes tendances qui ont un impact sur l’éducation et la transforment: la démographie, le changement climatique, la migration et les technologies. Elle a expliqué comment l’action de l’UNESCO visait à renforcer la cohésion sociale dans le contexte de ces tendances. L’UNESCO, a-t-elle dit, accélérera les initiatives en matière d’inclusion et d’innovation, continuera à jouer un rôle de premier plan dans la réalisation de l’ODD 4, investira dans la prospective et la recherche et soutiendra le renforcement des systèmes au niveau des pays. Le genre sera un objectif transversal, tandis que l'Afrique sera prioritaire et que le budget alloué à la région sera doublé.

L’UNESCO a été fermement soutenue en tant qu’institution de coordination de l’ODD 4, mais de nombreux·euses délégué·e·s ont également appelé l’institution à renforcer son rôle de chef de file, vu que d’autres acteurs et initiatives ont émergé ces dernières années. Giannini a assuré à la Conférence générale que l’UNESCO serait plus responsable, plus compréhensible et plus visible dans le secteur de l’éducation. Cependant, elle a également appelé les États membres à faire leur part, soulignant que les gouvernements avaient la responsabilité de faire de l'ODD 4 une réalité grâce à une volonté politique forte et à un investissement accru dans l'éducation.

Après des années de travail intense de plaidoyer de la part de l'Internationale de l'Éducation (IE), les enseignant·e·s ont été notamment maintes fois présenté·e·s comme cruciaux·ales pour une éducation de qualité par l’ensemble de la Commission de l'éducation. Gianni a fait remarquer que les interventions des ministres au cours de la semaine avaient montré qu’il était généralement admis que les enseignant·e·s étaient au cœur de la réalisation de l’ODD 4: « Sans enseignants et enseignantes hautement qualifiés et bien formés, tout le reste est de la pure littérature ».

Les représentant·e·s des syndicats du secteur de l’éducation ont pris part aux débats et ont veillé à ce que les points de vue des enseignant·e·s et du personnel d’appui à l’éducation soient pris en compte. S'exprimant lors d'une réunion ministérielle sur le renforcement de l'inclusion et de la mobilité dans l'enseignement supérieur, Haldis Holst, Secrétaire générale adjointe de l'IE, a souligné que, pour que l'enseignement supérieur soit réellement inclusif, il faut empêcher qu’il devienne un marché, sous prétexte d'une mobilité croissante. De plus, l'inclusion et la mobilité du personnel de l'enseignement supérieur doivent être considérées parallèlement à celles des étudiant·e·s. Jean Portugais, Président de la FQPPU du Canada, a également abordé le sujet, soulignant que le volet « assurance qualité » de la Convention mondiale ne doit pas être utilisé pour porter atteinte aux libertés académiques et à l'autonomie professionnelle, comme c'est actuellement le cas dans de nombreuses universités.

S'exprimant sur le travail de l'UNESCO en faveur de l'ODD 4, le Coordinateur principal de l'IE, Dennis Sinyolo, a souligné qu'au rythme actuel, l'ODD 4 ne sera pas atteint d'ici 2030 car les pays n'investissent pas suffisamment dans l'éducation, il y a une pénurie d'enseignant·e·s qualifié·e·s et trop d’enfants marginalisés se voient refuser l'accès à l'éducation. Les gouvernements doivent accroître considérablement leurs investissements dans l'éducation, investir dans les enseignant·e·s, collaborer avec leurs syndicats et veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte.

L’IE et l’UNESCO lancent le premier Cadre mondial en matière de normes professionnelles pour l’éducation

Le Cadre a été lancé lors de la Conférence générale de l’UNESCO, le 16 novembre, en présence de ministres de l'Éducation, d'organisations membres de l'IE et d'experts en politiques. Élaboré en étroite collaboration avec l’UNESCO, ce cadre est le résultat d’un processus participatif qui répond au souhait et au droit des éducateur·rice·s d’être autour de la table lorsque des décisions politiques sont prises.

Susan Hopgood, Présidente de l'IE, a présenté le nouvel instrument devant une salle comble et a souligné que les normes d'enseignement - élaborées et contrôlées par la profession enseignante - peuvent jouer un rôle important dans l'amélioration de l'enseignement et de l'apprentissage au niveau mondial.

« Nous encourageons les syndicats d’enseignants et les gouvernements à utiliser ce cadre pour renforcer leurs normes professionnelles nationales pour l’enseignement ainsi que leurs pratiques en matière d’enseignement et d’apprentissage afin de garantir une éducation équitable, inclusive, gratuite et de qualité pour toutes et tous », a déclaré Susan Hopgood.

Stefania Giannini, Sous-directrice générale de l'UNESCO pour l'éducation, a ajouté que « les normes  professionnelles pour l’éducation conçues dans le but de définir ce que signifie un enseignement de qualité pour dispenser une éducation de qualité constituent un puissant instrument à la disposition des éducateurs et éducatrices. Leur développement est l'une des étapes cruciales pour augmenter l'offre d'enseignants et enseignantes qualifiés et formés, nécessaires pour assurer une éducation de qualité à tous les enfants et à tous les adolescents d'ici 2030. »

Recommandation sur les ressources éducatives libres

Le 19 novembre, la Conférence générale de l'UNESCO a adopté avec satisfaction la Recommandation sur les ressources éducatives libres, qui ouvre la voie à un meilleur accès au matériel pédagogique: un élément essentiel du droit à l'éducation, l'ODD 4, ainsi que du Cadre d'action de l'UNESCO à l'horizon 2030.

La recommandation permet également aux enseignant·e·s d’exercer leurs libertés académiques et leur autonomie professionnelle (Conventions UNESCO/Organisation internationale du Travail sur le statut des enseignant·e·s/chercheur·euse·s) en choisissant et en adaptant les matériels pour l’enseignement et l’apprentissage.

Tout au long de son implication dans l'élaboration de la recommandation, l'IE a œuvré pour que plusieurs éléments clés soient inclus dans l'instrument:

• consultation des enseignant·e·s et de leurs syndicats dans le développement et l'utilisation de ressources éducatives libres (REL);

• dispositions pour le développement professionnel continu;

• assurance qualité (c’est-à-dire sensibilité aux besoins locaux, aux questions de genre, au handicap, aux savoirs autochtones, etc.);

• affectation d'un financement public adéquat;

• protection de la vie privée et des données pour les étudiant·e·s et les enseignant·e·s travaillant avec des plateformes et des services REL;

• exceptions adéquates au droit d'auteur pour créer des REL de qualité, y compris la possibilité d'élaborer un instrument international sur le sujet.

En tant qu’instrument officiel de l’UNESCO, cette recommandation fournira aux gouvernements nationaux des conseils sur les politiques et pratiques en matière de REL, et demandera aux pays de faire rapport sur leurs efforts et leurs progrès.

La recommandation constituera également un outil précieux pour garantir un accès plus durable et plus abordable aux manuels sous licence libre et contribuera à remettre en cause les marchés traditionnels de l'édition à vocation commerciale dans le secteur de l’éducation.

Au-delà de la Conférence

Au cours de cette conférence marathon, des centaines de ministres auront rendu compte des bonnes politiques mises en œuvre et des centaines ont exprimé leur bonne intention de progresser. Nous appelons tous les gouvernements à tenir les promesses faites et les engagements pris  lors de la conférence dans les années à venir. Après tout, avec des investissements accrus, une volonté politique forte et une coopération adéquate, la réalisation de l'ODD 4 est encore possible.