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Royaume-Uni: une crise du maintien en poste se profile, les enseignant·e·s étant mécontent·e·s des conditions de rémunération

Publié 26 février 2020 Mis à jour 27 février 2020

Les principaux syndicats de l'éducation du Royaume-Uni avertissent qu'une majorité d'enseignant·e·s ont déjà envisagé de quitter la profession en raison de problèmes de rémunération.

National Education Union: insatisfaction générale au sujet des niveaux de rémunération

Environ les deux tiers (63%) des enseignant·e·s ayant répondu à une enquête nationale ont déclaré avoir envisagé de quitter la profession en raison de problèmes liés à la rémunération. Plus de la moitié des enseignant·e·s interrogé·e·s (58%) ont déclaré qu'il·elle·s étaient sous-payé·e·s par rapport à d'autres professionnel·le·s diplômé·e·s.

L'enquête a été menée par le National Education Union en janvier 2020 auprès de membres travaillant dans des écoles et des académies financées par l'État en Angleterre. Avec les réponses de plus de 25.000 membres, il s'agit de la plus grande enquête sur les augmentations de salaire et la progression des salaires des enseignant·e·s. L'enquête souligne clairement les problèmes causés par les bas niveaux de rémunération des enseignant·e·s et les restrictions injustes appliquées à la progression des salaires, notamment les problèmes persistants concernant le recrutement et le maintien en poste des enseignant·e·s.

L'enquête souligne également que, au moment même où les enseignant·e·s du Royaume-Uni doivent voir leur salaire s'améliorer par rapport à l'inflation, un nombre important d'entre eux·elles n'obtiennent pas de compensation liée au coût de la vie ou reçoivent moins que l’augmentation générale. Des problèmes d'égalité majeurs subsistent également, les femmes étant moins susceptibles de recevoir une augmentation liée au coût de la vie.

Problèmes de maintien en poste

Le 24 février, Kevin Courtney, Secrétaire général adjoint du National Education Union, a noté que « nos résultats démontrent que les bas salaires, les refus d’augmentation des salaires et un système de progression injuste sont des obstacles à la résolution de la crise du maintien en poste des enseignantes et enseignants. La rémunération devient de plus en plus incertaine alors même que le nombre d'élèves augmente, que la charge de travail reste élevée et que le financement en termes réels des écoles se resserre. Cela ne rend pas la profession attrayante et ne permet pas de garantir que les enseignants resteront dans la profession. »

L’enquête montre également que les enseignant·e·s continuent d’être affecté·e·s par les modifications apportées par le gouvernement à la structure des salaires, a-t-il souligné. Les enseignant·e·s ont besoin d'un salaire plus élevé et d'une plus grande certitude quant à la progression de leur salaire pour les encourager à rejoindre la profession et à y rester.

Courtney a insisté sur le fait que l’enquête venait appuyer l’appel de son syndicat en faveur d’une augmentation de 7% pour tou·te·s les enseignant·e·s en septembre. Cela devrait être suivi d'une action urgente pour fournir de nouvelles augmentations supérieures à l'inflation au-delà de 2020 afin de rétablir les réductions de salaires en termes réels subies par les enseignant·e·s depuis 2010.

NASUWT: appel à des augmentations salariales décentes

La National Association of Schoolmasters Union of Women Teachers(NASUWT) appelle également le gouvernement à offrir aux enseignant·e·s une augmentation de salaire décente. Le gouvernement devrait reconnaître la contribution essentielle des enseignant·e·s à l'avenir des enfants et des jeunes, a déclaré le Secrétaire général de la NASUWT, Patrick Roach.

Dans le cas de l’île de Man par exemple, « la qualité d'un système éducatif ne peut excéder celle de ses enseignantes et enseignants et l'approche du gouvernement de l'île de Man en matière de rémunération menace la capacité des écoles à recruter les meilleurs enseignants et sapera la qualité reconnue mondialement des écoles de l'île de Man », a-t-il déclaré.

Plus des deux tiers des enseignant·e·s de Guernesey qui ont répondu à l’enquête de la NASUWT de novembre 2019 ont également déclaré qu'il·elle·s avaient sérieusement envisagé de quitter leur emploi l'année dernière. Plus de la moitié avaient envisagé de quitter complètement l'enseignement. L'enquête a révélé une baisse significative du moral et de la satisfaction au travail des enseignant·e·s, ainsi qu'une inquiétude généralisée concernant les plans de l'État en matière d'éducation.

Commentant l’ enquête sur la charge de travail des enseignant·e·s publiée le 11 octobre 2019 par le ministère britannique de l'Éducation, la NASUWT a souligné que « les pressions de la charge de travail dans les écoles ont un impact négatif sur la santé mentale et le bien-être des enseignants ». Le syndicat est profondément préoccupé par le fait que « le gouvernement n'a pas proposé de mesures efficaces pour lutter contre la crise de la charge de travail dans les écoles, ce qui a incité les deux tiers des enseignants à sérieusement envisager de quitter la profession ».