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Jordanie : le non-paiement des salaires des enseignant·e·s du secteur privé touche principalement les enseignantes

Publié 29 avril 2020 Mis à jour 4 mai 2020

Bien que les enseignant·e·s des établissements privés en Jordanie continuent à travailler en ligne, il·elle∙s ne perçoivent pas leur salaire complet. La majorité des enseignant·e·s touché·e·s sont des femmes. L’Internationale de l'Éducation exhorte le gouvernement jordanien à garantir les droits fondamentaux des enseignant·e·s et des travailleur·euse·s de l'éducation et à mettre à jour la législation nationale afin d’interdire la discrimination fondée sur le genre au travail.

En Jordanie, tous les établissements d’enseignement, y compris les écoles maternelles, sont fermés depuis le 15 mars.

Les enseignant·e·s du secteur privé ont travaillé sans relâche pour s'adapter au passage soudain à l’enseignement en ligne et assurer la poursuite des processus d'enseignement et d'apprentissage dans cette situation sans précédent. Malgré l’engagement des enseignant·e·s à donner cours en ligne, les employeurs ont refusé de payer leur salaire complet et de protéger leurs conditions d’emploi pendant la crise de COVID-19.

Hadeel Kiswani, la représentante des enseignant·e·s en poste dans les établissements privés, a entamé un dialogue avec les employeurs et a exigé le paiement intégral des salaires des travailleur·euse·s de l’éducation, ainsi que la protection de leurs conditions de travail pendant et après la crise. Les employeurs ont cependant refusé ces revendications légitimes et ont proféré des menaces à l’encontre de Kiswani.

L’Internationale de l'Éducation condamne la violation des libertés et droits fondamentaux des enseignant·e·s définis par les normes internationales du travail.

L'impact de la situation actuelle sur le bien-être des enseignant·e·s et leurs conditions de travail et, en fin de compte, sur la qualité de l’éducation est particulièrement inquiétant.

L’Internationale de l'Éducation appelle le gouvernement jordanien à garantir les droits fondamentaux des enseignant·e·s et des travailleur·euse·s de l'éducation. Il est important de rappeler qu'investir dans l’éducation et les services publics en ces temps de crise constitue la meilleure réponse stratégique à la situation actuelle et est essentiel à la reprise post-crise.

Lutter contre la discrimination fondée sur le genre

Les enseignant·e·s du secteur privé travaillent dans de piètres conditions : il·elle·s sont plus vulnérables aux violations de leurs droits, aux licenciements abusifs et à la discrimination fondée sur le genre au travail que leurs collègues du secteur public. La crise actuelle exerce une pression supplémentaire sur un secteur déjà en difficulté.

L’Internationale de l'Éducation a suivi de près la lutte pour l'équité salariale dans le secteur de l'éducation privée en Jordanie. En 2011, le ministère du Travail et la Commission nationale jordanienne pour les femmes ( Jordanian National Commission for Women, INCW) ont lancé en collaboration avec l’Organisation internationale du Travail le Comité pour l’équité salariale ( Committe for Pay Equity, NCPE) afin de lutter contre la discrimination fondée sur le genre sur le lieu de travail.

La campagne « Stand with Teachers »(Soutenez les enseignant∙e∙s) lancée en 2015 pour mettre un terme à la discrimination salariale fondée sur le genre et aux conditions de travail injustes dans le secteur de l'enseignement privé s’inscrit dans le cadre du travail mené par ce Comité. Cette campagne menée par des enseignant·e·s et coordonnée par Kiswani vise à autonomiser les enseignantes afin de leur permettre de lutter collectivement pour leurs droits.

Grâce à cette campagne, un nouveau contrat collectif a été conclu, garantissant le salaire minimum et la couverture de sécurité sociale aux enseignant·e·s des établissements privés. Toutefois, seulement 30 % des enseignantes ont signé le contrat collectif leur garantissant un ensemble de droits fondamentaux par crainte d’être licenciées.

Si la Jordanie a ratifié la Convention sur l’égalité de rémunération en 1966, ses lois et réglementations nationales enfreignent les normes internationales. En effet, la législation nationale ne contient aucune disposition interdisant la discrimination fondée sur le genre et ne stipule pas le droit à un salaire égal pour un travail égal.