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Népal : le syndicat œuvre à mettre fin aux licenciements d’enseignant·e·s et à garantir la reprise des paiements des salaires et à la sécurité des élèves et enseignant·e·s

Publié 28 juillet 2020 Mis à jour 18 octobre 2023

Au Népal, un syndicat de l’éducation a mis en lumière les nouvelles difficultés occasionnées par l’épidémie de COVID-19, telles que l’arrêt de la rémunération des enseignant·e·s par certains employeurs privés du secteur de l’éducation, l’impact psychologique du confinement sur les élèves et les défis de l’enseignement en ligne.

Alors que le Népal était aux prises avec la pandémie de COVID-19, l’un des problèmes rencontrés par le secteur de l’éducation avait trait au paiement des salaires dans les écoles privées.

Le syndicat Sansthagat Vidyalaya Schickshak Union Nepal(ISTU) a exhorté le gouvernement à faire pression sur les employeurs de l’enseignement privé qui ont utilisé la crise de la COVID-19 comme prétexte pour ne pas verser les salaires et pour renvoyer le personnel de l’éducation.

« Certains établissements scolaires privés n’ont pas payé leurs enseignants et personnel éducatif depuis février et l’émergence de la COVID-19 », a déclaré le président de l’ISTU, Kumar Thapa. « Seules quelques écoles avec un nombre plus conséquent d’élèves ont versé les salaires jusqu’en avril, tandis que la plupart n’ont pas payé les salaires de mai et juin. »

Thapa a remarqué que le Népal comptait, pour l’ensemble des niveaux de scolarité, environ 6.500 écoles privées, soit un total de 2,5 millions d’élèves et 175.000 enseignant·e·s (dont 60 % de femmes).

Aucune instruction de la part du gouvernement concernant les salaires

Bien que le gouvernement népalais demandât aux écoles privées de ne pas exiger des parents/personnes ayant la charge des enfants de verser les frais de scolarité mensuels pendant la fermeture des écoles en raison de la COVID-19, il ne donna aucune instruction concernant les salaires et services des enseignant·e·s. D’après Thapa, les écoles privées ont utilisé cette excuse pour ne pas verser les salaires des enseignant·e·s.

L’ISTU a été informé du licenciement d’enseignant·e·s à temps partiel et contractuel·le·s par les écoles privées. Les enseignant·e·s et personnel éducatif ont également signalé que leur situation était critique et qu’il leur était difficile de subvenir aux besoins de leurs familles.

Formation et enseignement en ligne

Le problème du salaire dans les écoles privées n’était pas le seul sujet de préoccupation lié à la pandémie de COVID-19. Malgré la confusion régnant pendant la première semaine suivant le confinement, le syndicat s’est rapidement mobilisé et « au cours de la deuxième semaine, nous nous sommes entretenus avec les gestionnaires des caisses de sécurité sociale et avons bénéficié de formations », a déclaré Thapa. « Les réunions des comités et secrétariats nationaux se sont tenues sans interruption. Nous avons également mis en place des formations en ligne pour les enseignants sur le thème des TIC et de l’épanouissement personnel. »

Les enseignant·e·s ont été priés d’enseigner en ligne, a-t-il souligné. « Nous continuons d’enseigner. C’est pourquoi nous exhortons les autorités publiques à garantir la continuité de l’emploi et les salaires des enseignants. »

Activités du syndicat

L’ISTU a :

  • Exhorté les employeurs à écouter les voix des enseignant·e·s ;
  • Appelé le gouvernement à intervenir et à aider à résoudre les problèmes qui sont apparus ; et
  • Soulevé la question des conditions de travail des enseignant·e·s privé·e·s à travers leur confédération, la Nepal Teachers’ Federation-CNT.

« Nous tenons à avertir que nous prendrons de nouvelles mesures, plus fortes, en l’absence de solution satisfaisante et durable », a déclaré Thapa.

Quant aux besoins des étudiant·e·s, l’ISTU estime que les cours suivis en ligne devraient être reconnus formellement. Le syndicat a également appelé à l’assouplissement progressif du confinement afin de réduire l’impact psychologique de la pandémie de COVID-19 sur les l’élèves.

Collaboration

L’ISTU mène, avec six autres organisations, dont les organisations d’administrateur·trice·s d’établissement scolaire (PABSON et N-PABSAN) et les organisations de parents, une campagne numérique visant à mettre en lumière les problèmes auxquels est confronté le secteur et à informer les dirigeant·e·s politiques. « Nous avons rendu public les difficultés des enseignants à travers les médias publics. Dans certains districts, nous avons recueilli des fonds ainsi que des denrées alimentaires et les avons distribués », a ajouté Thapa.

Les sept organisations visent à :

  • Atténuer l’impact de COVID-19 sur la sécurité des étudiant·e·s et des éducateur·trice·s et sur les processus d’enseignement et d’apprentissage ;
  • Appuyer la gestion et la réglementation des écoles ;
  • Réduire l’impact de COVID-19 sur le système éducatif national ;
  • Préserver l’éducation de qualité à travers la protection de l’emploi des enseignant·e·s au sein des établissements scolaires formels ;
  • Sauver l’économie de la nation ; et
  • Alléger la charge des parents.

Action

Elles ont présenté les suggestions suivantes aux gouvernement et parties prenantes de l’éducation :

  • Recourir à l’enseignement à distance ;
  • Fournir un soutien économique aux enseignant·e·s et au personnel de l’éducation ;
  • Garantir un environnement post-COVID-19 sûr et sain à travers le renouvellement des infrastructures au sein de la classe et de l’école en associant aux débats la direction de l’école, les représentant·e·s des organisations d’enseignants et des diverses parties prenantes de l’éducation ; et
  • Organiser les examens sous certaines conditions, par exemple sous l’égide d’un conseil national de l’éducation suite à la période de confinement.

Fonds de solidarité COVID-19 de l’IE en faveur de la réalisation d’enquêtes, d’actions de formation et de communication

L’ISTU bénéficie de financement dans le cadre du Fonds de solidarité COVID-19 de l’Internationale de l’Éducation. Cette contribution permettra au syndicat de l’éducation de réaliser une enquête auprès des enseignant·e·s des sept provinces sur des questions, telles que :

  • Les écoles sont-elles ouvertes ?
  • Les écoles ont-elles versé les salaires des enseignant·e·s ?
  • Les écoles ouvertes assurent-elles la sécurité des enseignant·e·s/des travailleur·euse·s de l’éducation et des élèves ?
  • Les enseignant·e·s et le personnel éducatif doivent-ils supporter une charge de travail supplémentaire ?

Le syndicat sera en mesure d’exploiter les résultats afin de faciliter :

  • La mise en place de formations à l’intention des enseignant·e·s ;
  • L’organisation de visites d’écoles dans les sept provinces (environ 100 écoles) ;
  • La réalisation d’une campagne dans les medias (numériques et presse) ; et
  • L’impression de brochures.