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Royaume-Uni : les syndicats mettent en lumière les conséquences inégales de la COVID-19 sur les étudiant·e·s

Publié 2 novembre 2020 Mis à jour 10 novembre 2020

Les syndicats britanniques de l'éducation s’engagent à accorder davantage la priorité aux enfants et aux jeunes défavorisé∙e∙s, ainsi qu’aux étudiant·e·s noir·e·s, asiatiques ou issu·e·s d’autres minorités ethniques (les communautés BAME–Black, Asian and minority ethnic). Les syndicats ont, en effet, réaffirmé leur engagement à atténuer les impacts négatifs de la crise de la COVID-19 sur l’éducation des étudiant·e·s.

Les syndicats de l’éducation National Education Union(NEU) et NASUWT-The teachers’ union ont réagi à deux rapports faisant état de problèmes touchant au bien-être des étudiant·e·s des communautés BAME. Ces préoccupations se sont accentuées en raison des difficultés que pose l’apprentissage à distance au sein des communautés défavorisées.

NEU : pas de plan B pour l’apprentissage à distance

Un grand nombre d’élèves et de membres du personnel ont dû s’isoler durant ces dernières semaines en raison des cas de COVID-19 enregistrés dans leurs écoles. Comme l’a souligné la secrétaire générale adjointe du NEU, Avis Gilmore : « Aucun plan B substantiel pour l’apprentissage à distance n’a été envisagé, alors que notre syndicat n’a cessé de demander au gouvernement de se préparer à cette éventualité. Quelques recommandations sommaires ont finalement été communiquées durant le week-end prolongé de la fin du mois d’août, mais cela témoigne, au mieux, de l’incompétence du gouvernement, au pire, de son irresponsabilité. »

Telle a été la réaction du NEU au lendemain d’une analyse publiée le 28 octobre par le centre de recherche en politiques éducatives Education Policy Institute (EPI), intitulée Taux de fréquentation scolaire au Royaume-Uni depuis la réouverture complète des écoles. L’EPI est un institut indépendant de recherche s’appuyant sur des données factuelles, dont le but est de promouvoir des résultats éducatifs de haute qualité pour les jeunes. Selon Avis Gilmore, cette analyse de l’EPI indique clairement que le secrétaire d'État à l'Éducation, « Gavin Williamson, a encore beaucoup de travail en perspective s’il entend honorer sa promesse de soutenir chaque enfant pendant et après le confinement, ainsi que les élèves vulnérables, en situation de handicap ou ayant des besoins éducatifs spéciaux ».

Des résultats différents pour des enfants issus de milieux différents

Elle a souligné que l’analyse de l’EPI montrait que « sans surprise », les familles disposant de revenus élevés étaient mieux placées pour organiser efficacement l’apprentissage à domicile. « Durant l’été, le gouvernement souhaitait se présenter en héros pour les élèves défavorisés, mais les preuves démontrant le contraire ne cessent de s’accumuler », déplore-t-elle.

D’autre part, « outre la décision scandaleuse de ne pas assurer la gratuité des cantines scolaires durant l’automne », son syndicat a vu le nombre d’ordinateurs portables diminuer pour les élèves qui en ont besoin, alors que les écoles étaient dans l’obligation légale de basculer vers l’enseignement à distance. Cette situation accentue les difficultés rencontrées par les enfants et les jeunes qui cherchent à poursuivre leur apprentissage.

« En retour, cela soulève de nouvelles inquiétudes concernant la viabilité des examens de 2021 », indique Avis Gilmore. « Nous demandons à Gavin Williamson de revoir son plan totalement inadéquat qui, déjà en ce moment, se désolidarise à la fois des effectifs et des élèves. »

NASUWT : un impact disproportionné sur les étudiant·e·s des communautés BAME

Patrick Roach, secrétaire général du syndicat de l'éducation NASUWT, a déclaré : « L’impact démesuré de cette pandémie sur la santé, le bien-être, la sûreté et la sécurité économique des communautés noires, asiatiques ou issues d’autres minorités ethniques n’est pas un hasard dans notre pays. Il était tout à fait prévisible, étant la conséquence de plusieurs décennies d’inégalités et de racisme structurels qui continuent de gangréner toutes les composantes de nos sociétés et de nos économies. »

Patrick Roach a, lui aussi, salué les conclusions d’un rapport analysant l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les communautés BAME, préparé par la baronne Doreen Lawrence et commandité par le Parti travailliste.

Le dirigeant syndical a rappelé que le Premier ministre Boris Johnson avait promis que les employeurs veilleraient sur leurs travailleur·euse·s et que les lieux de travail seraient « sécurisés et conformes en ce qui concerne la COVID-19 ».

Impact de la réouverture des écoles sur l’égalité raciale

Pourtant, précise-t-il, la persistance des disparités raciales indique tout le contraire : « La NASUWT demande depuis des mois au gouvernement de publier son évaluation de l’impact de ses décisions concernant la réouverture des écoles sur l’égalité raciale, mais ce dernier a refusé de le faire. Compte tenu des conséquences disproportionnées des contaminations et des décès dus à la COVID-19 au sein des communautés BAME, beaucoup se demandent ce que le gouvernement cherche à cacher. »

En l’absence de mesures claires, cohérentes et concrètes du gouvernement pour atténuer l’impact de cette pandémie sur l’égalité raciale, le cycle des discriminations et de l’injustice raciale se poursuivra, a averti Patrick Roach.

« Le gouvernement peut faire la différence, en rendant publique son évaluation de l’impact sur l’égalité raciale et en adressant des recommandations claires aux employeurs concernant les mesures à prendre pour renforcer la sécurité des environnements professionnels des travailleurs et des travailleuses des communautés BAME. »