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Internationale de l'Education
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Kenya: Menaces contre des enseignant(e)s à la suite des résultats d'examens

Publié 12 janvier 2012 Mis à jour 16 janvier 2012

Un des affiliés de l'IE au Kenya, le Kenya National Union of Teachers (KNUT), a condamné les actes de violence perpétrés contre des enseignant(e)s à la suite de la publication des résultats pour l'obtention du Certificat national d'études primaires (Kenya Certificate of Primary Education examinations - KCPE).

Au cours des jours qui ont suivi la publication des résultats scolaires fin décembre 2011, des actes de violence contre des enseignant(e)s ont été rapportés. Des parents ont menacé, attaqué et chassé des enseignant(e)s des écoles qui ont obtenu de mauvais résultats. Plusieurs enseignant(e)s sont hospitalisé(e)s avec des blessures graves. Un certain nombre d'écoles à travers le pays ont fermé leurs portes. Même si les parents ont le droit d'exprimer leur insatisfaction par rapport aux résultats des examens, la violence contre des enseignant(e)s individuel(le)s n'est pas une réponse légitime ou acceptable.

Le Secrétaire général du KNUT, David Okuta Osiany, a demandé à la police de protéger les directeurs/trices d'établissements et les maîtres/maîtresses. Il a dit que l'attitude de certains parents furieux avait été « barbare ».

Osiany a souligné: « Lorsque les parents se rendent à l'école avec des armes à feu et des bâtons pour passer les enseignants à tabac, cela signifie que des mesures de sécurité doivent être prises pour protéger ces derniers ».

« La sécurité des fonctionnaires de l'éducation doit être assurée. Les écoles sont devenues des lieux peu sûrs, lorsque les résultats des tests sont émis et que les parents en sont insatisfaits. »

Il a indiqué qu'il y avait de nombreuses raisons pour lesquelles les élèves échouent aux examens, des raisons qui ne sont pas liées au travail des enseignant(e)s.

Chaque année, élèves, écoles et comtés sont classés en fonction des notes obtenues aux examens. Les élèves qui obtiennent les meilleures notes sont admissibles dans les écoles secondaires nationales, qui ont les meilleures infrastructures éducatives. Les élèves qui obtiennent des notes moyennes peuvent s'inscrire dans des écoles provinciales, alors que les moins bons élèves peuvent s'inscrire dans des écoles de districts à faibles ressources.

Osiany a critiqué le système éducatif: « Nous ne voulons pas que les écoles soient classées. Elles devraient avoir des infrastructures appropriées et pouvoir suivre les mêmes programmes scolaires partout. Mais la distribution des équipements n'est pas équitable et il n'est pas possible d'offrir la même qualité de service dans de telles circonstances. Dans les régions éloignées, vous trouvez des écoles qui n'ont même jamais vu un laboratoire. »

Il a également expliqué que ce système met trop de pression sur les enseignant(e)s et les élèves, une pression qui peut s'avérer mortelle. Depuis l'émission des résultats, les médias kenyans ont rapporté qu'un directeur d'école et deux élèves s'étaient suicidés, prétendument à cause des examens.

Dans le comté de Narok, la police a tristement confirmé que le directeur de l'école primaire de Kalyet, Geoffrey Kiplang'at Sigei, s'était donné la mort après l'annulation des résultats scolaires par le Conseil national des examens (Kenya National Examinations Council) en raison d'irrégularités.

Avant de se suicider, Kiplang'at Sigei s'était caché après avoir appris que ses 38 candidat(e)s n'avaient pas pu obtenir leurs résultats, parce que leurs notes d'anglais et de kiswahili avaient été annulées.

Dans une autre explosion de violence, des parents fâchés de l'école primaire de Matioli ont pris l'école d'assaut et attaqué le directeur, Juma Shirovere. L'incident a perturbé l'apprentissage à l'école pour le reste de la journée.

Toutefois, le Responsable de l'Education du secteur, Luke Chebet, a défendu les maîtres/maîtresses, et a blâmé les parents pour leur manque de coopération avec eux/elles. Il a expliqué que l'école primaire de Matioli avait obtenu de mauvais résultats parce que les parents n'avaient pas veillé à ce que leurs enfants suivent les cours.

Chebet a dit: « Les huit élèves de la classe s'étaient seulement présenté(e)s à l'école pour s'inscrire aux épreuves du KCPE en début d'année et avaient disparu, pour seulement réapparaître deux jours avant l'examen. »

A l'école primaire de Makamini, le directeur, Seif Ngao Gonzi, a été attaqué par des parents qui l'accusaient de contribuer aux mauvaises performances de l'école.

Gonzi a indiqué que les mauvais résultats étaient justifiés par l'attitude peu coopérante des parents et la pénurie d'enseignant(e)s. Il a déploré le fait que l'école comptait seulement six maîtres/maîtresses pour 700 élèves. Il a également mentionné les mariages et grossesses précoces chez les filles. Le dernier jour des examens du KCPE, deux élèves ont officiellement légalisé leur mariage. Et cinq filles, dont quatre candidates au KCPE, sont tombées enceintes durant l'année.

La tricherie est une autre cause de préoccupation pour les éducateurs/trices en ce qui concerne les résultats des examens. Aux épreuves du KCPE de l'an dernier, 334 stations d'examen ont fait état de tricherie. Sur 776.214 candidat(e)s à passer l'examen, 7.974 ont eu leurs résultats annulés, soit le pire record de tricherie de l'histoire du KCPE.

Le KNUT a indiqué qu'il écrirait à la Commission nationale au service des enseignants pour demander d'assurer la sécurité des éducateurs/trices. Il a réitéré que les enseignant(e)s ne devraient pas être considéré(e)s comme les seul(e)s responsables de l'échec des élèves à un examen national.

Le Secrétaire général du KNUT a demandé aux parents, aux comités scolaires et à toute la communauté d'assumer la responsabilité des mauvaises performances des élèves: « Pourquoi les enseignants devraient-ils supporter le poids de l'échec lorsque tout le monde est impliqué? »

Le Premier Ministre kényan, Raila Odinga, a également condamné les attaques contre les enseignant(e)s à la suite des résultats aux épreuves du KCPE. Il a dit que les enseignant(e)s devraient être traité(e)s avec dignité et que les autres parties du secteur de l'éducation, y compris la Commission au service des enseignants, le Ministère de l'Education et les élèves eux-mêmes/elles-mêmes ont également un rôle à jouer.

La Coordinatrice régionale principale de l'IE pour l'Afrique, Assibi Napoe, a déclaré: « L'IE condamne la violence commise contre des enseignants. Elle réaffirme que la violence n'a jamais été et ne sera jamais une solution aux conflits et problèmes rencontrés par la société. Par contre, un enseignement de qualité fait partie des solutions! »

Elle a exhorté les parents à collaborer étroitement avec le personnel enseignant, y compris la direction des écoles, pour assurer à leurs enfants un enseignement de qualité. Par ailleurs, elle a lancé un appel aux autorités kényannes pour qu'elles assurent la sécurité des éducateurs/trices et des élèves. Elle a ajouté que le Ministère de l'Education doit, en collaboration avec les syndicats, changer ce système d'évaluation inéquitable.

Vidéo YouTube montrant l'éviction violente d'un chef d'établissement kényan: