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Internationale de l'Education
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Pays-Bas: Les éducateurs/trices néerlandais(es) sont « fatigué(e)s »

Publié 30 janvier 2012 Mis à jour 1 février 2012

Près de 22.000 enseignant(e)s néerlandais(es) du secondaire ont participé à une grève réussie, dont le mot d'ordre avait été lancé par l'un des affiliés de l'IE aux Pays-Bas, l'Algemene Onderwijsbond (AOb), le 26 janvier dernier. Les grévistes entendaient marquer leur opposition au projet de loi du gouvernement visant à imposer une nouvelle fois des heures de cours supplémentaires aux élèves.

L'AOb a déclaré que la participation à la grève a été beaucoup plus importante que prévu. Les enseignant(e)s se sont rassemblé(e)s sous le slogan « Nous sommes fatigués! » Près de 200 écoles secondaires ont été fermées en raison de la grève.

La semaine précédente, l'ABVA-KABO, le syndicat des fonctionnaires, qui inclut les personnels de soutien à l'éducation, ainsi que certain(e)s enseignant(e)s parmi ses membres, et l'autre affilié de l'IE aux Pays-Bas, le CNV Onderwijs, ont également décidé de participer à l'action, en réponse aux préoccupations de leurs membres. Une délégation du syndicat allemand affilié à l'IE, le Gewerkschaft Erziehung und Wissenschaft(GEW), était présente pour soutenir ses collègues néerlandais.

La grève était motivée par un projet de loi du gouvernement présenté au Parlement néerlandais concernant le nombre d'heures de cours que les élèves doivent avoir. L'AOb estime que ce projet est mal conçu. Pour le faire passer, la Ministre de l’Education néerlandaise, Marja Van Bijsterveldt, s'attaque seulement au nombre d'heures de cours, même si les écoles n'ont pas la capacité d'offrir un nombre supérieur d'heures de cours, en raison du manque d'enseignant(e)s. La grève a pour but d'influencer le processus législatif au niveau parlementaire.

Des demi-mesures

Lorsque les écoles ont été obligées précédemment d'offrir plus d'heures de cours, elles n'ont pu recourir qu'à des demi-mesures, par exemple des classes dépourvues d'enseignant(e) qualifié(e) ou des périodes de cours durant lesquelles les élèves devaient travailler sans supervision. Cette situation a conduit à d'énormes protestations étudiantes à propos de la qualité de ces heures « éducatives ». L'AOb a soutenu les plaintes des élèves.

Toutefois, les enseignant(e)s ne font pas seulement grève en raison du projet de loi, mais aussi à cause de leur frustration de longue date à propos de leur importante charge de travail, et de la façon dont ils/elles sont traité(e)s par la Ministre de l'Education.

Les éducateurs/trices ont également critiqué le gel des salaires mis en œuvre par le gouvernement, qui a empêché toute augmentation salariale depuis plusieurs années, et ils ont protesté contre les sérieuses coupes du budget consacré à l'éducation inclusive. De nombreux/ses enseignant(e)s de l'enseignement spécial perdront leur emploi, et les enseignant(e)s restant(e)s du système général devront faire face à de plus grands nombres d'élèves ayant des difficultés d'apprentissage et des problèmes comportementaux, sans formation supplémentaire ni soutien.

Rémunération liée aux performances

Les autorités éducatives néerlandaises tiennent également à imposer aux éducateurs/trices une rémunération liée aux performances, même si elles ne peuvent établir de lien clair entre le salaire lié aux performances et une amélioration de la qualité éducative.

Dans son discours de clôture aux 20.000 manifestant(e)s rassemblé(e)s au Centre de conférences d'Utrecht, Walter Dresscher, Président d'AOb et Trésorier du Comité syndical européen de l'éducation (CSEE), a déclaré: « Selon la Ministre van Bijsterveldt, il y a une « grande incertitude » concernant le projet de loi sur les heures de cours. Au contraire, je crois qu'il n'y a aucune ambigüité à ce sujet. Ce projet de loi représente une attaque de la Ministre contre l'accord collectif. Il n'est pas possible d'atteindre la norme fixée à 1.040 heures, et nous avions convenu de 1.000 heures. Le fait que vous soyez venus en si grand nombre montre que la Ministre est totalement dans l'erreur. Ce projet de loi a un but irréaliste et empêche de trouver une solution à la charge de travail élevée dans l'enseignement. »

Dresscher a également annoncé des actions à venir. « Nous saisirons l'occasion d'évoquer la qualité de l'éducation lors d'auditions parlementaires au Sénat et à la Chambre des représentants sur le projet de loi relatif aux heures de cours », a-t-il indiqué.

L'IE soutient son affilié néerlandais dans sa lutte pour l'amélioration des conditions de travail des éducateurs/trices, afin de les aider à dispenser aux élèves une éducation de qualité. Elle exhorte la Ministre de l'Education à respecter les droits de négociation collective des travailleurs/euses, et à s'engager dans des négociations véritables avec les syndicats d'enseignants. Vidéo d'AOb tournée à Utrecht: