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Internationale de l'Education
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Portugal: les syndicats réclament un changement de cap en matière de politique sociale

Publié 22 mars 2012 Mis à jour 23 mars 2012

Le 22 mars était jour de grève nationale au Portugal. Cette grève est soutenue par l'affilié de l'IE, la Federaçao Nacional dos Professores (FENPROF). Les énormes coupes budgétaires dans les services publics essentiels, y compris l'éducation, sont ressenties comme une agression par le peuple portugais. Les syndicats et la société civile réclament une nouvelle politique sociale et un changement de cap pour le pays.

Le budget consacré cette année à l'éducation sera réduit de 1,5 milliard d'euros, en plus des 800 millions d'euros déjà retirés l'année passée. Le pays se retrouve ainsi parmi les derniers de l'Europe, sur le plan de l'investissement dans l'éducation, avec à peine 3,8% du PIB.

Ces coupes se produisent au moment où il est décidé d'étendre la scolarité obligatoire de trois ans. Les syndicats de l'éducation signalent qu'il est impossible de faire face aux nouveaux défis éducatifs en offrant une éducation de qualité sans les investissements appropriés.

En outre, ils attirent l'attention sur la révision actuelle de la structure des programmes scolaires qui, selon eux, poursuit deux objectifs cachés. En premier lieu, faire disparaître 10.000 heures de cours, afin d'épargner 102 millions d'euros. En deuxième lieu, limiter l'éducation à trois fonctions basiques: apprendre à lire, écrire et compter, en laissant de côté tout ce qui contribue à la formation complète des personnes, dans le cadre de sociétés véritablement démocratiques.

La condition de la profession enseignante s'est sérieusement détériorée ces deux dernières années, en raison de la suppression du treizième mois, l'augmentation des heures de cours, la réduction des salaires et des retraites, l'élimination des subsides, etc. Tout cela supposera une réduction de 20 à 30% des revenus des enseignant(e)s au cours des deux prochaines années. Quelque chose qui ne correspond absolument pas à l'augmentation du coût de la vie à la même période.

Le Secrétaire général de la FENPROF, Mário Nogueira, expliquait que le corps enseignant ne peut rester les bras croisés, en attendant que le pays s'effondre: « Si ce n'est pas le moment de lutter maintenant, quand sera-ce le moment? Quand nous serons licencié(e)s? Quand nous n'aurons plus les moyens de payer les études de nos enfants, les frais opératoires en cas de tumeur, la maison, les assurances, et que nous devrons emprunter à la banque pour manger? Si nous attendons jusque là, le problème n'aura plus de solution. »

Malgré tout, Nogueira conclut de manière optimiste: « J'ai confiance en l'avenir, en un avenir meilleur, parce qu'il dépend de nous, de notre détermination, de nos convictions et de la confiance en nous-mêmes. L'avenir se construit ensemble, avec la volonté, les initiatives et les engagements de chacun(e). A chacun(e) son rôle. Je continue à croire en les gens.  »