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Internationale de l'Education
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Espagne: les droits des travailleurs et des travailleuses pris pour cible

Publié 29 mars 2012 Mis à jour 3 avril 2012

Les syndicats espagnols ont uni leurs forces pour soutenir la plus importante grève générale jamais organisée dans le pays le 29 mars. Les organisations membres de l'IE - Federación de trabajadores de la enseñanza de la UGT (FETE-UGT) Federación de enseñanza CC.OO. (F.E.CC.OO.) et Confederación desindicatos de trabajadoras y trabajadores de la enseñanza (FE-STES) - s'unissent pour déclarer conjointement que les enseignant(e)s ne resteront pas bras croisés face à un gouvernement qui met en péril les droits fondamentaux des travailleurs/euses et le dialogue social par l'entremise de ses dernières réformes législatives en matière d'emploi.

Sous le slogan, « Quieren acabar con todo» (Ils veulent en finir avec tout), les syndicats protestent contre les attaques massives du gouvernement ciblant les services publics, notamment le secteur de l'éducation, et les droits sociaux sous prétexte de la crise économique.

Réforme nuisible en matière d'emploi

Très controversée, une réforme législative en matière d'emploi portant gravement atteinte aux conventions collectives a été imposée par un décret adopté le 11 février dernier, sans aucune négociation avec les syndicats. Les employeurs ont désormais la possibilité de modifier unilatéralement les horaires et les conditions de travail des employé(e)s, ainsi que leur affectation géographique et les régimes salariaux.

Ce décret permet aussi à toute entreprise dont les bénéfices ont diminué de trois quarts et enregistrant des pertes avérées ou prévisionnelles, de licencier légalement des employé(e)s en diminuant drastiquement le montant de leurs indemnités de préavis. Cette mesure s'applique à la majorité des entreprises en Espagne.

Le décret supprime également une protection supplémentaire dont bénéficiaient les travailleurs/euses du secteur public contre leur licenciement injustifié.

24% de chômage

Les syndicats estiment que cette mesure est contre-productive pour tenter de résoudre la crise de la dette du pays, en particulier dans le contexte économique actuel. L'Espagne enregistre le plus haut taux de chômage en Europe, soit 24%, tandis que le chômage chez les jeunes a atteint 50%. Plus de 5 millions de personnes sont actuellement sans emploi et 60% des salarié(e)s gagnent moins de 1.000 euros par mois.

De plus, sous la pression de l’Union européenne et du secteur bancaire, le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, annoncera le 30 mars prochain une réduction du budget de l’Etat de 40 milliards d’euros.

Après la Grèce et le Portugal confrontés à des situations semblables, la Commission européenne a demandé à l’Espagne de réduire son déficit budgétaire à hauteur de 5,3% de son PIB cette année, en dépit des augmentations d’impôts et des coupes budgétaires pour un montant de 15 milliards d’euros infligées à la population l'an passé.

L'effondrement de l'éducation publique

Les syndicats espagnols estiment que ces coupes budgétaires sont des mesures irresponsables risquant de provoquer l’effondrement de l’éducation publique et des autres services publics.

L'IE a lancé un appel à toutes ses organisations membres afin de soutenir les syndicats de l'éducation espagnols dans leur lutte pour le maintien de services publics de qualité et leur mouvement de protestation contre la diminution des droits syndicaux.