Ei-iE

Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

France: congrès syndical axé sur les défis économiques et sociaux actuels dans l’éducation

Publié 16 avril 2012 Mis à jour 19 avril 2012

Le secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen, a participé au congrès national d'un des plus grands affiliés français de l’IE, l’UNSA-Education. Le thème du congrès, « Relever les défis du système éducatif » a servi d’axe aux débats organisés du 28 au 30 mars 2012 à Angers.

Deux tables rondes consacrées à « reconstruire la formation des enseignants » et la recherche de voies d'une « école démocratisée, plus juste et plus efficace » se sont tenues à l’occasion du 41e congrès de l’UNSA-Education, qui a réuni plus de 500 personnes.

Dans le cadre de la campagne présidentielle en cours, l'UNSA Education a formulé « Cinq priorités pour l'éducation »: refonder une éducation publique ambitieuse en termes d’efficacité et de justice sociale; mettre en œuvre de réels projets de territoire; investir pour l’avenir dans l’Enseignement supérieur et la Recherche; former les personnels tout au long de la vie; et valoriser et développer l’éducation non formelle.

Par ailleurs, Le Conseil national de l’UNSA Education a élu Laurent Escure Secrétaire général de la fédération UNSA Education. Il succède à Patrick Gonthier, membre du Bureau exécutif de l’IE.

Des enseignant(e)s présent(e)s malgré des conditions dégradées

Dans son discours d’orientation, Escure a rappelé que dans un contexte « faisant encore plus peser sur les services publics les attentes et les espérances de nos concitoyens et notamment celles des plus fragiles, nos collègues ne se défaussent pas, ils ne baissent pas les bras, ils continuent à répondre présent. »

« Leur pouvoir d’achat a reculé, leurs conditions de travail se sont dégradées et même leur professionnalité aura été régulièrement contestée pour ne pas dire niée, » a-t-il dénoncé. « Et quand ils ne furent pas simplement oubliés ou ignorés, ce fut trop souvent pour ne parler d’eux qu’avec mépris ou pire pour les pointer du doigt. »

L’enseignement est une responsabilité étatique

Relativement au statut des personnels, Escure a réaffirmé une exigence de clarification que nous attendons des candidats à la présidentielle: la réaffirmation que l’Ecole, de la maternelle à l’université, est une responsabilité de l’État et que cette responsabilité exige que tous les personnels de cette communauté éducative qui sont fonctionnaires d’Etat le restent et le demeurent.

« Etre reconnu et respecté, a indiqué Escure, c’est aussi avoir le droit à une formation initiale et continue; c’est bénéficier de perspectives de carrière; c’est l’assurance d’une évaluation objective; c’est ne pas être menacé sans cesse sur le montant de sa pension ou l’âge légal de son départ en retraite. »

Actions possibles au plan européen

A l’échelle de l’Europe, avec sa confédération syndicale et la Confédération européenne des syndicats (CES), l’UNSA-Education exige le soutien de l’emploi et la mise en place de politiques de relance permettant de stopper le cercle vicieux de l’austérité qui frappe quasi exclusivement les salariés et les retraités.

« Imposer un changement de cap ne sera pas chose aisée, et convaincre que ce poison qu’est l’austérité généralisée ne saurait être le remède ne le sera pas plus », a admis Escure. « Mais si un cadre permet cette pédagogie, c’est bien le cadre interprofessionnel avec l’UNSA et le cadre européen avec la CES. »

Pour la laïcité et l’égalité femme-homme

Il a réitéré que l’UNSA-Education est engagée avec force dans les combats pour la laïcité et pour l’égalité femme-homme: « Ce sont pour nous deux droits fondamentaux et c’est à l’aune de leur respect que l’on peut juger si une société est bien sur le chemin d’une démocratie aboutie et humaniste! »

Invité à faire un discours lors de cet évènement, Fred van Leeuwen a reconnu la forte contribution de l’UNSA-Education au syndicalisme enseignant international: « Votre combat pour une éducation publique de qualité pour tous vous a conduit à nouer des partenariats avec des syndicats de pays francophones en développement. Vous les soutenez dans leur démarche de démocratisation afin qu’ils soient mieux armés pour défendre le service public d’éducation, les droits humains et syndicaux dans leur pays. »

Il a également rendu hommage au rôle joué par Patrick Gonthier au sein du bureau exécutif de l’IE: « Au moment où tu vas quitter tes fonctions de secrétaire général de l’UNSA Education, je veux rappeler devant ton congrès que, durant les 12 années pendant lesquelles tu as siégé au bureau exécutif de l’IE, tu as su y prendre ta place et, avec beaucoup de pertinence, faire progresser le débat au sein de nos instances et y imposer les valeurs de l’UNSA Education. »

Van Leeuwen a continué en estimant que le contexte actuel est rendu difficile par la crise économique mondiale dont les seules solutions préconisées par les politiques néo-libérales gouvernementales sont des mesures d’austérité qui ralentissent la croissance, retardent la reprise et réduisent la qualité des services publics.

Pour des enseignant(e)s de qualité

En effet, il a regretté que le service public d’éducation soit concerné par les suppressions massives de postes, le chômage des enseignants dans certains pays, les emplois précaires, les baisses de salaire, la disparition de la formation des enseignants « sans laquelle il ne peut y avoir de qualité dans l’éducation ».

« N’est-ce pas une honte que la profession dont dépend l’avenir de nos enfants, soit si peu considérée? » a-t-il demandé. « N’est-ce pas une honte que la majorité des collègues que nous représentons ici, dans ce congrès, ne puissent plus joindre les deux bouts, à la fin de chaque mois? Nous sommes en train de devenir les sans-culottes de la révolution de l’éducation! »

Revenant sur le second Sommet international sur la profession enseignante, il a regretté l’absence de représentant(e)s français: « Nous espérions la présence de la France mais votre ministre a refusé de participer à la rencontre! Sans en connaître les vraies raisons, je crains que cette décision soit liée à une relation difficile avec certains syndicats français. Son refus de participer est une erreur car je pense que seul le dialogue peut nous apporter une vision d’espoirs pour notre profession qui est attaquée de toutes parts! »

Van Leuween a conclu en appelant à « utiliser la force de notre unité dans l’Internationale de l’Education pour nous mobiliser massivement et réussir à faire entendre aux dirigeants de ce monde que la solution à la crise actuelle: c’est une éducation publique de qualité pour tous, partout dans le monde! »