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Internationale de l'Education
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France: Un Congrès syndical appelle à la revalorisation de la profession enseignante et à l'éducation pour tous

Publié 17 avril 2012 Mis à jour 20 avril 2012

Le secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen, a participé au congrès national d'un des plus grands affiliés français de l’IE, le Syndicat national des enseignements de second degré (SNES-FSU). Ce congrès, tenu à Reims du 2 au 6 avril, se donnait pour ambition de « (Re)construire un second degré pour tous ».

Le congrès du SNES-FSU a été centré sur quatre grands thèmes de débats pour élaborer les analyses et les revendications du SNES-FSU: un second degré de la réussite pour tous; des personnels reconnus, revalorisés, concepteurs de leurs métiers; pour des alternatives économiques, sociales et environnementales; et pour le renouveau du syndicalisme.

Il s’est clos par le lancement public d’un "Appel pour le second degré" développant l’ambition du syndicat pour le système éducatif et les mesures d’urgence indispensables dès la rentrée 2012; et la décision d’organiser en France en septembre-octobre des Etats généraux du Second degré, dans le cadre du débat public que le SNES revendique pour l’élaboration d’une nouvelle loi d’orientation et de programmation pour l’Ecole.

Attaques néo-libérales sur l’Education

Dans son discours d’ouverture, la Co-secrétaire générale du SNES-FSU, Frédérique Rolet, a condamné le fait que, « dans l’Education, les attaques se sont cumulées durant ces dernières années, conjuguant suppressions d’emplois et rigueur budgétaire à des réformes réactionnaires. Le mépris pour les questions de contenus, la volonté d’affaiblir des disciplines structurantes dans l’acquisition des savoirs, les modalités de fabrication des programmes sont allés de pair avec la dégradation des conditions de travail et d’étude. »

Elle a aussi estimé que l’offensive néo-libérale sur l’école s’est exercée sur tous les terrains, organisant des cursus à plusieurs vitesses, renforçant les inégalités, cherchant à miner tous les cadres nationaux et saper les statuts comme en témoigne par exemple le dispositif Eclair.

« Pourtant, a-t-elle dit, les personnels n’ont jamais baissé les bras, décidés au prix d’un investissement accru à exercer leurs missions, à tenter de préserver un service public d’éducation digne de ce nom. »

Pour avancer des propositions pour un système éducatif plus démocratique reposant sur des personnels mieux formés, mieux rémunérés, concepteurs de leurs pratiques, le SNES va renforcer le travail commun avec les partenaires syndicaux qui adhéreraient à cet objectif.

Il va poursuivre et amplifier les relations avec le monde associatif, les organisations de parents d’élèves, de lycéens et d’étudiants, tous ceux qui se battent en ce moment pour plus de justice, plus d’égalité, une transformation sociale reposant sur une révolution fiscale, la maîtrise de la finance, un autre partage des richesses.

Rolet a aussi souligné qu’il faut « porter un projet alternatif au niveau européen voire au-delà pour contrer les politiques régressives partout à l’œuvre, en réfléchissant mais aussi en agissant ensemble. »

« La réaction, certes tardive, de la CES appelant le 29 février à une journée de mobilisation contre un traité qui aggraverait la condition des peuples, montre que les choses bougent et qu’il est urgent de renforcer le poids et l’influence des syndicats de lutte et de transformation pour obtenir davantage de cadre de coordination des mobilisations », s’est-elle félicité.

Une crise de recrutement structurelle

Dénonçant la crise de recrutement structurelle qui s’est organisée, elle a ajouté que les contre réformes imposées ont montré à rebours ce dont avait besoin le système éducatif et ouvert les possibilités de penser ensemble les changements nécessaires pour faire entrer tous les jeunes dans les apprentissages, restaurer l’égalité sur tout le territoire, faire évoluer nos métiers dans le respect de leur identité, revaloriser nos professions et leur rendre une attractivité perdue.

Prenant à son tour la parole lors de ce congrès, van Leeuwen a rappelé les contributions du SNES à l’élaboration des politiques et stratégies de l’IE, ainsi que l’aide apportée par cette organisation à la réalisation des missions fondamentales de l’IE.

Il a tenu à remercier des responsables du travail international au SNES, Odile Cordelier, Vice-présidente de la région Europe de l’IE, et Roger Ferrari, Secrétaire National du SNES.

A propos de ce dernier, il a déclaré: « Je veux te dire, Roger, que tu as fait un travail formidable avec le Comité Syndical Francophone pour l’Education et la Formation (CSFEF). J’arrive ce matin de la Cote d’Ivoire et nos collègues là-bas m’ont demandé de remercier ce congrès, le SNES et toi-même, Roger, pour le soutien dont ils ont bénéficié durant la crise qui a mis le pays à sang et à feu. Ce soutien, vous vous en doutez, a contribué à sauver des vies humaines. »

Investir dans l’éducation pour une reprise durable

« Nous devons faire comprendre à tous les gouvernements en Europe et autour de la planète, qu’investir dans l’éducation publique et la formation est la clé d’une reprise durable et d’une économie plus saine et plus juste pour l’avenir. Le combat contre la pauvreté commence dans la salle de classe! », van Leeuwen a par ailleurs insisté.

« La France est l’exemple même d’un pays qui a récolté les bénéfices d’une éducation de qualité – en termes de réussite économique, mais aussi en termes de qualité de vie. L’Ecole obligatoire pour tous les enfants fait partie de l’histoire de votre République. Je n’ai donc pas besoin de vous mettre en garde contre la tendance ‘à la mode’ qui serait de privatiser ou même commercialiser l’éducation en y faisant rentrer les principes du marché comme la concurrence, la performance, la sélection et la rentabilité, les mots clés dans le dictionnaire néo-libéral. »

Enseigner est un métier

Condamnant une véritable déprofessionnalisation du métier d’enseignant, il a dit mis l’accent sur le fait qu’« enseigner est un métier! Au-delà de la connaissance de la discipline, il y a une compétence spécifique liée à la transmission du savoir et au respect des valeurs. Actuellement, ce fait évident tend à disparaitre. »

« Ou nous subissons, ou nous passons à l’offensive! », a-t-il fait observer. «  Mais sachons que l’avenir de notre profession ne peut dépendre que de nous-mêmes! Cependant, en aucun cas, nous ne sommes de simples spectateurs qui regardent quelles routes prennent nos gouvernements. »

Rappelant que l’IE compte en son sein 90% de la profession enseignante, et que ce front uni est une véritable force, il a affirmé : « Oui, ensemble, nous sommes forts! Mais, nous avons encore besoin de plus de force, pour faire face à toutes ces attaques contre le service public d’éducation et contre les syndicats que nous sommes. »

Education publique et solidarité, deux armes puissantes

Van Leeuwen a terminé son intervention en soulignant: « Nous savons qu’une éducation publique et la solidarité, sont ensembles, deux armes puissantes: la solidarité entre les nations, la solidarité entre les syndicats, la solidarité entre les gens et une éducation publique de qualité pour tous, voilà notre défi. »

Pour de plus amples informations, veuillez vous rendre sur www.snes.edu.