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Internationale de l'Education
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Espagne: les coupes budgétaires frappent durement le secteur de l'éducation publique

Publié 18 avril 2012 Mis à jour 19 avril 2012

Le gouvernement espagnol a annoncé aux Communautés autonomes de nouvelles mesures de « réforme » du secteur de l'éducation publique, devant être approuvées par décret royal vendredi prochain. Le budget de l'éducation sera ainsi amputé de 3 milliards d'euros, entraînant un accroissement du nombre d'élèves par classe, une augmentation de la charge de travail, ainsi que le licenciement de quelque 100 000 enseignant(e)s à travers le pays.

Compte tenu de la gravité de la situation, les syndicats espagnols membres de l'IE – FE.CCOO, FETE-UGT, STES et CSIF – ont une nouvelle fois uni leurs forces pour défendre le présent et l'avenir de l'enseignement public.

Ce lundi, des représentant(e)s syndicaux/ales ont remis une déclaration conjointe au ministère de l'Education pour signaler au gouvernement que ces mesures ne permettront pas de sortir de la crise, étant donné que les dépenses consacrées au secteur de l'éducation « représentent le meilleur investissement possible pour l'avenir de la population ».

Classes surnuméraires

L'une des répercussions les plus inquiétantes de cette coupe budgétaire est l'augmentation de 20% du nombre d'élèves par classe dans l'enseignement primaire et secondaire. En conséquence, les classes compteront de 33 à 40 élèves à certains niveaux de l'enseignement obligatoire. Pour les syndicats, il s'agit d'une mesure destinée à justifier la fermeture de certains établissements à ces niveaux de l'enseignement.

Ainsi, il y aura une diminution générale du nombre de classes dans les zones rurales, où les écoles comptant neuf élèves ou moins fermeront leurs portes, tout comme les Centros Rurales Agrupados. Les syndicats lancent un avertissement et déclarent que ce sera un coup dur pour les régions défavorisées sur le plan démographique et social, car ces mesures bafouent le principe de l'égalité des chances et compromettent l'accès à l'enseignement public.

La déclaration souligne que: « Actuellement, l'enseignement public est accessible aux quatre coins de notre pays, depuis la plus petite île jusqu'au village de montagne le plus isolé, depuis le centre des villes jusqu'à ses quartiers les plus éloignés, autrement dit, là où il ne sera jamais rentable pour les initiatives privées. Il garantit la scolarisation de toute la population, où qu'elle réside. »

Augmentation des heures de cours

D'autre part, les heures de cours effectives seront portées à 25 heures dans le primaire et à 20 heures dans le secondaire. Pour le corps enseignant, cela signifie la suppression des heures précieuses consacrées à d'autres activités contribuant à la qualité de l'enseignement, telles que la participation à des projets d'innovation éducative, l'attention accordée aux familles, les tutorats, la préparation des cours, etc.

Par ailleurs, l'absence des enseignant(e)s inférieure à dix jours de cours devra être couverte par les propres ressources de l'établissement scolaire. Cette mesure aura des répercussions négatives sur la qualité de l'enseignement et entraînera des difficultés en termes de gestion des établissements scolaires

L'ensemble de ces réformes supposera, au cours de 2012/2013, la suppression de 80 000 à 100 000 postes d'enseignant(e)s dans le système éducatif espagnol.

D'autres mesures structurelles affectent l'offre de cours ou l'introduction de nouveaux programmes, deux éléments essentiels pour assurer le renouvellement et l'actualisation de l'enseignement, et donc la qualité de l'éducation.

Une génération perdue

Les syndicats d'enseignants ont condamné l'attitude du ministre de l'Education qui, peu enclin au dialogue et ayant refusé de discuter de ces mesures par l'entremise des forums et des structures démocratiques établies par la loi à cette fin, a plutôt choisi d'imposer des mesures allant à l'encontre des lois organiques et des réglementations en vigueur.

En outre, les mesures constituent une ingérence du gouvernement central dans les compétences des autorités éducatives, transférées légalement aux communautés autonomes, telles que la fixation des heures de cours ou les procédures destinées à pourvoir les postes vacants.

La déclaration en faveur de l'éducation fait une mention particulière à la jeunesse espagnole, confrontée actuellement à un taux de chômage atteignant 47% : « Plusieurs générations de jeunes formé(e)s dans nos universités sont condamné(e)s au chômage absolu, aux sous-emplois ou à l'émigration. Nous ne pouvons pas nous taire lorsque nous assistons au gaspillage de la plus grande richesse de notre pays : son capital humain - le plus qualifié que nous ayons eu dans toute notre histoire. »

L'IE soutient les syndicats espagnols et leur exprime toute sa solidarité dans leur défense de l'enseignement public et de la profession enseignante pour garantir l'égalité des chances et le progrès de la société entière.

Pour lire la déclaration intégrale (en espagnol), cliquez ici.