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Internationale de l'Education
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Selon l’OIT, affaiblir la négociation collective nuit à la reprise

Publié 17 septembre 2012 Mis à jour 20 septembre 2012

L’IE a accueilli favorablement la récente analyse menée par l’Organisation internationale du Travail (OIT) qui démontre que certains gouvernements ont réformé de manière unilatérale les dispositions relatives à la négociation collective au plus fort de la crise économique. D’après l’OIT, il serait utile pour favoriser la reprise de revenir sur ces décisions et d’apporter un soutien politique à la négociation collective.

Affaiblir ou décentraliser les instances de négociation collective – comme l’ont fait certains pays pendant la crise – débouchera probablement sur davantage d’inégalités salariales et de troubles sociaux, a averti l’OIT.

« En décentralisant le processus et en laissant les entreprises négocier en l’absence d’accords solides au niveau national et sectoriel, on exerce une pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail », a déclaré Susan Hayter, spécialiste principale des relations professionnelles et des relations d’emploi à l’OIT.

Des syndicats plus forts pour des sociétés équitables

Susan Hayter a fait remarquer que la hausse brutale des disparités salariales aux Etats-Unis et au Royaume-Uni ces dernières années peut être directement imputée au recul des effectifs syndicaux et de la couverture des conventions collectives. « Mais quand les mécanismes de négociation collective bénéficient d’un véritable soutien politique, comme au Danemark, en Finlande, en France, aux Pays-Bas et en Suède, les écarts de rémunération sont beaucoup plus faibles, » a-t-elle souligné.

OIT : Les parties prenantes décident du niveau de négociation

Selon Hayter, la position de l’OIT est claire: il revient aux parties de décider elles-mêmes à quel niveau elles souhaitent négocier.

Pendant la crise, de nombreux employeurs, gouvernements et syndicats ont reconnu que la négociation collective était un outil efficace pour s’adapter à la conjoncture économique et maintenir l’activité.

Alors que les salaires et le temps de travail demeurent les principaux enjeux de la négociation collective, le processus est de plus en plus utilisé pour résoudre les questions spécifiquement liées à la crise économique mondiale. On établit un lien entre rémunération et productivité, et on négocie des accords sur la flexibilité du temps de travail pour trouver un équilibre entre vie professionnelle et responsabilités familiales.

La formation et l’apprentissage tout au long de la vie à l’ordre du jour de la négociation collective

« Pour faire face aux changements technologiques et à l’insécurité de l’emploi qui augmente, » Hayter a-t-elle ajouté, « la formation et l’apprentissage tout au long de la vie figurent désormais à l’ordre du jour de la négociation collective. Cela a particulièrement bien marché en Europe : les pays dotés de partenaires sociaux forts et d’un appui institutionnel solide à la négociation collective ont réussi, mieux que d’autres, à instaurer un cadre pour la formation professionnelle continue qui bénéficie aux entreprises et aux travailleurs en période d’incertitude économique chronique. »

IE: La négociation collective pour des sociétés démocratiques

« L’IE a toujours fermement défendu les droits fondamentaux et la dignité de chaque individu, et l’histoire a prouvé que des syndicats indépendants et inclusifs, ainsi que le droit de négociation collective, étaient essentiels pour perpétuer ces valeurs au sein d’une société démocratique, » a déclaré le Secrétaire général adjoint de l’IE, David Edwards.

Il a souligné que « la rapide mutation des modèles de gestion scolaire a permis aux pourvoyeurs privés d’éducation, auxquels l’IE est fondamentalement opposée, de jouer un rôle de plus en plus important dans la privatisation des écoles publiques et de poser de nouveaux défis à la syndicalisation. »

« Dans le monde entier, les éducatrices et éducateurs condamnent fermement les obstacles actuellement mis en place par les gouvernements de trop nombreux pays pour les priver de leurs droits de négociation collective, dès lors que la suppression de ces droits est profondément néfaste pour la profession enseignante, pour l’éducation et, en fin de compte, pour l’avenir des sociétés. »

Résolution de l’IE condamnant les répercussions négatives de la crise sur le secteur de l’éducation et les droits du travail

La Résolution sur le financement soutenu de l’enseignement public en pleine crise économique déplore « le fait que de nombreux gouvernements, face à une dette publique et des contraintes budgétaires croissantes, dont l’explosion est causée par le renflouement du secteur financier, adoptent des mesures d’austérité comprenant notamment la réduction des financements publics en faveur de l’éducation, la dérégulation de la profession enseignante, la privatisation de l’éducation et l’élimination des droits de négociation collective des travailleuses et des travailleurs ».

Elle rappelle que l’IE cherche « à ce que tous les gouvernements s’engagent à ce que leur secteur de l’éducation et le secteur des services publics soient protégés de l’impact de telles crises financières, et à ce que les efforts effectués sur le plan mondial en vue de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et des objectifs de l’Education pour Tous soient renforcés ».

La résolution appelle en outre l’ensemble des organisations membres aux niveaux national, régional et international, à renforcer la campagne en faveur d’une éducation publique gratuite, de qualité et accessible, en collaboration avec les parents, les étudiant(e)s, les communautés éducatives et l’ensemble de la société civile, et à promouvoir l’éducation en tant que bien public et droit humain.

Le texte intégral de cette résolution est disponible ici

Pour consulter l’analyse de l’OIT et visualiser les vidéos de Susan Hayter, merci de cliquer sur ce lien