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Internationale de l'Education
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Canada: les enseignant(e)s contraint(e)s de payer pour le déficit en Ontario

Publié 25 septembre 2012 Mis à jour 28 septembre 2012

Etudiant(e)s et enseignant(e)s ont manifesté en masse le 19 septembre en opposition à la « Loi donnant la priorité aux élèves » ou Projet de loi 115, adopté(e) le 11 septembre.Les protestaires condamnent la suppression par cette loi du droit des enseignant(e)s de l’Ontario de négocier collectivement ainsi que le gel de leurs salaires, contrairement à la déontologie professionnelle.

Le Gouvernement libéral de l’Ontario a récemment adopté une loi éliminant toute hausse de salaire pour les éducateurs/trices locaux/ales (qui n’auraient pas signé le projet de loi au 1er septembre) et gelant les salaires des enseignant(e)s pour deux ans. Le projet de loi gèle par ailleurs la grille salariale pour tous les enseignant(e)s en début de carrière, il réduit de moitié le nombre de jours de congé maladie accordés à l’année (passant de 20 à 10) et met un terme à certaines mesures qui permettaient aux enseignant(e)s d’accumuler leurs congés maladie non utilisés et de recevoir de l’argent en échange lors de leur départ à la retraite. Le Projet de loi entrera en vigueur dans son intégralité le 21 décembre 2012. Le Ministère de l’Education a également interdit les grèves pendant deux ans pour l’ensemble des employés de la fonction publique. Les enseignant(e)s locaux/ales estiment que le secteur de l’éducation et le personnel éducatif n’ont pas à payer pour le déficit de la province.

FCE : Abus de pouvoir juridique et violation du droit de négociation collective

La Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE), affiliée à l’IE, a publié un communiqué de soutien à ses membres :

« Les 200 000 enseignantes et enseignants du Canada manifestent leur appui à tous leurs homologues de l’Ontario dans la lutte qu’ils mènent pour protéger leurs droits en matière de négociation collective équitable », affirme Paul Taillefer, président de la FCE.

« Un règlement par voie législative, comme le propose le gouvernement McGuinty, représente un abus de pouvoir législatif et entrave le processus de négociation collective qui, dans certains cas, n’a pas encore commencé.  C’est un affront à toute la population enseignante du Canada », ajoute M. Taillefer.

Le président de la FCE exhorte le premier ministre de l’Ontario à renoncer à son projet d’adopter une telle mesure législative et à permettre aux parties de retourner à la table de négociation de bonne foi : « La négociation collective est un processus de résolution de problèmes. L’imposition d’une convention par décret gouvernemental n’a pas sa place dans une société démocratique. »

La FCE a de plus incité fortement les organisations de l’enseignement du Canada à montrer leur solidarité avec leurs homologues de l’Ontario : « Une attaque contre une organisation Membre est une attaque contre nous toutes et tous », conclut M. Taillefer.

IE : La crise n’est pas un prétexte valable pour porter atteinte aux droits en matière d’éducation ainsi qu’aux droits du personnel éducatif

L’IE exhorte le Gouvernement libéral de l’Ontario à s’interroger sur le préjudice causé à l’enseignement public en Ontario, sous l’effet de la dégradation des relations entre le Gouvernement et le personnel éducatif local.

« Nous prions instamment les deux parties au conflit de reprendre les négociations sur le projet de loi sans geler les hausses de salaires contractuelles ni limiter les droits de négociation collective des éducateurs/trices locaux/ales de l’Ontario », a déclaré le Secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen. « Le Gouvernement de l’Ontario ne doit pas se servir de la crise comme prétexte pour faire appliquer des  coupes budgétaires considérables dans le domaine de l’éducation et négliger les droits syndicaux du personnel éducatif, qui incluent le droit de négociation collective. »

Vous trouverez ici une vidéo sur les protestations des étudiant(e)s à l’encontre du Projet de loi 115.