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Internationale de l'Education
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Inde : Éducation sexuelle dans les écoles

Publié 13 mars 2008 Mis à jour 13 mars 2008

Depuis la détection du premier cas dans les années 1980, le SIDA est devenu l'un des premiers facteurs de mortalité dans le monde. Chaque jour, quelque 7 200 jeunes contractent le VIH dans le monde. En Inde, 15 % des patients atteints du VIH/SIDA sont des enfants de moins de 15 ans. Á une époque où l’infection par le VIH ne cesse d’augmenter, l’éducation sexuelle – et sa présence dans le programme – est devenu un sujet brûlant et un débat houleux dans le pays.

En Inde, le Programme d’éducation pour les adolescents (PEA), lancé dans les écoles par le Ministère du développement des ressources humains, a du mal à s’imposer. Les enseignants ont été avertis qu’ils s’exposaient au pire s’ils suivaient le programme et donnaient des cours d’éducation sexuelle en classe. Neuf états ont déjà interdit le programme PEA. À présent, une grave question se pose aux éducateurs, réformateurs et dirigeants : comment sauver le pays du VIH/SIDA ? Deux études récentes (2006) ont été publiées : L’enquête de surveillance comportementale 2006 et l’étude C-Fore, toutes deux menées par le Hindustan Times. L’étude C-Fore a révélé que 68 % des personnes approuvaient l’éducation sexuelle des écoliers. 20 % s’opposaient à ce genre de cours dans les écoles, tandis que 12 % avaient un avis partagé. 72 % des personnes interrogées à Delhi, Calcutta, Mumbai, Chennai et Bangalore estiment que l’information des enfants sur le sexe est incomplète et qu’ils ne sont pas en mesure de distinguer les mythes de la réalité. 93 % croient que les adolescents devraient recevoir une éducation sexuelle au niveau secondaire et 37 % sont favorables à des cours élémentaires au fur et à mesure qu'ils grandissent. Seuls 7 % souhaitent que cette éducation soit organisée à l’école primaire pour les enfants de 11-12 ans et que des cours avancés soient donnés au fur et à mesure qu'ils grandissent. 78 % souhaitent des leçons sur les pratiques sexuelles sans risques, y compris la contraception. Parmi ces derniers, 26 % ne croient pas que la contraception encourage l’activité sexuelle. D’après l’étude, seuls 6 % estiment que l’éducation sexuelle devrait commencer à la maison. 20 % des citoyens issus des grandes villes pensent que l’éducation sexuelle va à l’encontre de la culture indienne.

Le gouvernement ne peut pas supprimer la curiosité sexuelle des enfants et des jeunes. Il existe plusieurs façons d’aborder la sexualité avec les jeunes. Dans la plupart des pays africains, l’éducation sexuelle n’a qu’un seul but : lutter contre l’infection du VIH. Au Japon et en Chine, le sujet est abordé, de manière conventionnelle, en termes biologiques. Dans les pays européens, l’éducation sexuelle inclut les changements du corps, les relations, l'homosexualité, l'avortement, la violence exercée à l’égard des enfants, la consommation d’alcool et de drogues.

Si le programme PEA s’avère confus et inapproprié, l’Inde peut tirer des leçons utiles du programme des pays européens. Il peut envisager de suivre l’exemple écossais. Le programme ayant rencontré certaines difficultés dans les écoles catholiques, le Ministère a immédiatement lancé un programme séparé d’éducation sexuelle intitulé « Call to Love » qui est plus en phase avec la sensibilité des enfants et des enseignants.

Quels que soient les moyens à mettre en œuvre, le gouvernement indien doit trouver une solution qui tienne compte de la sensibilité culturelle des parents et qui propose en même temps l’éducation essentielle dont dépend la vie de nombreux enfants.

Nous tenons à remercier D. Pandit, Secrétaire général de AIFTO/Inde pour la rédaction de cet article.

Cet article à été publié dans Mondes de l'Éducation, No. 25, février/mars 2008.