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Mondes de l'éducation

« Personnels de soutien à l'éducation: pleins feux sur ces travailleur·euse·s de l’ombre », par Philippa Butler.

Publié 16 mai 2019 Mis à jour 11 juin 2019
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Les personnels de soutien à l'éducation (PSE) jouent un rôle crucial parmi les travailleur·euse·s de l’éducation, et nous assistent dans toutes les tâches et responsabilités sous-jacentes indispensables pour que les enseignant·e·s puissent enseigner et les étudiant·e·s apprendre. Aux côtés des enseignant·e·s et des directeur·rice·s d’école, les membres des PSE sont chargé·e·s de créer et de maintenir une culture scolaire propice à l’apprentissage.

Si les membres des PSE travaillent dans des écoles et des institutions d’éducation du monde entier, on n’en sait que très peu quant auxpersonnesengagées en tant que PSE, leursconditionsd’emploi ou leursbesoins.

L’Internationale de l'Education reconnaît l’importance des PSE pour l’éducation aux quatre coins du monde, et a demandé à ce qu'une recherche soit menée pour examiner le rôle, l’impact, le statut et les conditions d’emploi des PSE, à l'heure où les membres des PSE retiennent toute son attention. Cette recherche s’est appuyée sur deux enquêtes, l’une menée auprès des PSE, l’autre auprès de dirigeant·e·s syndicaux·ales, pour identifier les différences et similarités entre sept pays pilotes: le Brésil, le Canada (Québec), les Etats-Unis, la France, la Nouvelle-Zélande, les Philippines et le Zimbabwe. Ces enquêtes se sont penchées sur les caractéristiques et les conditions d’emploi et de travail des PSE, ainsi que sur le soutien que ces travailleur·euse·s reçoivent de leur syndicat.

Il en est ressorti que le PSE était principalement composé de femmes âgées entre 40 et 60 ans, qui perçoivent des salaires dérisoires. La plupart des membres des PSE gagnaient en effet bien moins que le salaire moyen de leur pays. En outre, si les membres des PSE étaient globalement engagé·e·s sous contrat à durée indéterminée, certain·e·s travaillaient dans des conditions très précaires. Ils·elles n’étaient pas payé·e·s pendant les vacances scolaires et, parfois, ne savaient que quelques jours avant la fin des vacances s’ils·elles allaient être de nouveau engagé·e·s pour l’année scolaire suivante.

Il existait un réel décalage entre la faible importance accordée au PSE et la contribution importante que ces travailleur·euse·s apportent à la communauté éducative. Dans l’ensemble, les membres des PSE étaient satisfait·e·s de leur rôle de soutien à l’éducation et se montraient confiant·e·s quant à leur capacité à mener à bien les tâches liées à leur travail. Ils·elles avaient globalement l’impression que leur travail avait un impact significatif sur les étudiant·e·s et les enseignant·e·s. Même si les membres des PSE estimaient être traité·e·s avec respect par les enseignant·e·s, les directeur·rice·s d’école, les étudiant·e·s et les parents avec lesquel·le·s ils·elles interagissaient chaque jour, ils·elles avaient l’impression de n’avoir qu’une importance faible ou moyenne aux yeux de la société.

Les sept pays étudiés ne proposaient pas tous les mêmes perspectives de développement et d’apprentissage professionnels continus pour les PSE. En outre, lorsque les PSE se voyaient offrir des opportunités, elles n’avaient lieu qu'une fois par an. La plupart du temps, les membres des PSE n’avaient aucune possibilité de reprendre des études pour étendre leurs connaissances, et le fait même d’en apprendre plus sur leur rôle ne se traduisait pas en promotion ou en évolution à des postes à plus haute responsabilité.

La recherche est par ailleurs arrivée à la conclusion que les membres des PSE s'impliquaient dans leur travail: malgré leurs faibles revenus et leurs inquiétudes relatives à la pérennité et à la sécurité de leur emploi, la majorité d’entre eux·elles estimaient qu’il était probable ou fort probable qu’ils·elles occupent le même emploi dans cinq ans. Le manque de reconnaissance de leur travail détonne par rapport à l’énergie et à l’engagement dont ils·elles font preuve.

Les membres des PSE ont clairement exprimé le souhait que leur syndicat lutte en leur nom pour leurs droits et la reconnaissance du rôle crucial qu’ils·elles jouent parmi les travailleur·euse·s de l’éducation. Pour relever ce défi, les syndicats ont mené des campagnes axées sur des thématiques telles que l’équité salariale, la sécurité de l’emploi ou des conditions de travail et d’emploi acceptables.

Avec cette recherche, il apparaît clairement que les syndicats doivent défendre les personnels de soutien à l'éducation. Les syndicats peuvent:

·Aider les PSE à connaître leurs droits et responsabilités légales;

·Plaider en faveur d’emplois permanents et de salaires plus élevés;

·Demander de plus grandes opportunités de développement et d’apprentissage professionnels continus ainsi que de meilleures perspectives d’évolution professionnelle;

·Faire valoir que le développement et l’apprentissage professionnels continus, de même qu’un plus haut niveau de qualifications, justifient une hausse salariale;

·Exiger la participation des PSE dans les prises de décision;

·Sensibiliser les enseignant·e·s et les directeur·rice·s d’école quant au rôle et aux conditions d’emploi des PSE; et

·Saluer le travail mené par les PSE afin de soutenir les étudiant·e·s et de créer des écoles et des institutions d’éducation opérationnelles.

De nouvelles recherches permettront de faire davantage connaître le rôle crucial des PSE ainsi que le besoin pour ces dernier·ère·s d’être reconnu et valorisé. A l’heure actuelle, il serait utile de:

·Se pencher sur les différences et similitudes entre les membres des PSE occupant des fonctions différentes. Dans une école, la situation des aides-enseignant·e·s diffère de celle des administrateur·rice·s de bureau, des technicien·ne·s de laboratoire, des travailleur·euse·s de maintenance, des bibliothécaires et des personnes qui servent la nourriture aux étudiant·e·s. Chaque groupe est plus ou moins visible au sein de l’école, et plus ou moins apprécié par le personnel enseignant et les étudiant·e·s.

·S’entretenir avec des membres des PSE pour rassembler davantage de témoignages sur leur travail et sur les défis qu'ils·elles rencontrent. Ces témoignages nous aideront à mettre un visage humain sur les conditions d’emploi et de travail, tout en soulignant les problèmes que rencontrent dans la vie réelle les travailleur·euse·s qui essaient de faire de leur mieux pour les étudiant·e·s malgré un salaire dérisoire et le manque d’estime.

·Mener une enquête auprès du PSE dans davantage de pays et la reconduire dans environ cinq ans. Ainsi, il sera possible de suivre les conditions d’emploi et de travail des PSE au fil du temps et à travers le monde.

Le rapport complet compilant les résultats de l’enquête sur le PSE est disponible ici(en anglais, la version française sera disponible prochainement). Vous en trouverez un résumé ici.

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.