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Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

Plaider en faveur d’une profession enseignante plus forte:

Publié 9 novembre 2012 Mis à jour 1 mars 2017
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Evaluation collective des progrès réalisés dans les engagements politiques

L’idée est que les pays qui se sont engagés politiquement pour l’année à venir évaluent ensuite collectivement les progrès réalisés lors du prochain sommet, ce qui servira, espérons-le, de base aux futurs sommets. Rien n’est parfait, et les sommets ne le sont pas non plus. Evidemment, ils ne peuvent pas représenter un forum global exhaustif pour discuter de l’avenir de la profession enseignante. Toutefois, ils sont une opportunité unique pour les enseignant(e)s, via leurs syndicats, d’aborder avec les gouvernements la future orientation des politiques d’enseignement de façon pratique.

Enfin, nous ne devons pas oublier la crise économique et son impact sur l’éducation en tant que service public, comme le montre le site internet de campagne de l’IE, L’Education en crise. A une époque où l’avenir de nombreuses vies et particulièrement celui des jeunes est menacé, il faut s’assurer que les gouvernements comprennent l’importance des enseignant(e)s pour la société en parlant et débattant de leur avenir dans des événements comme les sommets. Cela est d’une importance stratégique pour lutter pour la protection de l’éducation en tant que service public.

Des syndicats d’enseignants forts contribuent à une éducation de qualité

Cet avis a été réfuté de manière concise par Ben Levin, un universitaire réputé, basé à l’Institute for Studies in Education d’Ontario, qui a déclaré dans un article sur un blog influent, « Let’s Stop Blaming Teacher Unions »(Cessons de blâmer les syndicats d’enseignants) en 2010: « Une grande partie de la rhétorique sur l’éducation actuelle mentionne l’impact soi-disant négatif des syndicats d’enseignants sur les réformes de l’éducation. »

« Mais voici une observation intéressante […] pratiquement tous les pays les plus performants selon les mesures  internationales d’éducation disposent de syndicats d’enseignants puissants », poursuit-il.

Ces conclusions sont puissantes et rafraichissantes pour les enseignant(e)s et elles ont représenté la toile de fond des deux Sommets sur la profession enseignante de 2011 et 2012, où Levin était impliqué en tant que rapporteur.

Ces deux sommets ont déjà fait couler beaucoup d’encre et il n’est pas nécessaire de répéter la même chose dans cet article. Les rapports des sommets sont accessibles sur le site asiasociety.org/teachingsummit. Toutefois, cela vaut la peine d’analyser les raisons de leur succès et nous espérons qu’ils continueront sur leur lancée à l’avenir. Le gouvernement néerlandais accueillera le prochain sommet en 2013 à Amsterdam.

Des réformes réussies soutenues par les syndicats d’enseignants

La première raison de leur succès s’explique par le fait que le Département américain en charge de l’éducation et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) aient accepté les arguments de l’Internationale de l’Education (IE) en tant que co-organisateur, selon lesquels les syndicats d’enseignants devraient être les principaux acteurs à plaider en faveur de la profession enseignante. Un exemple de cette affirmation se trouvait dans le document de travail de l’OCDE pour le sommet de 2011 qui affirmait que « l’engagement des enseignants dans le développement et la mise en œuvre de réformes de l’éducation est […] crucial et ces réformes scolaires ne fonctionneront pas si elles se sont pas soutenues par la base […]. Les meilleures réformes sont celles qui sont soutenues par des syndicats forts plutôt que celles qui affaiblissent leur rôle. »

Contributions égales des représentants des gouvernements et des syndicats

La seconde raison était l’organisation des sommets en tant que tels. Les Etats membres de l’OCDE invités, les pays « performants et s’améliorant rapidement » ont dû inclure dans leur délégation à la fois des dirigeant syndicaux et des ministres gouvernementaux qui ont disposé des mêmes droits en termes de contribution aux  débats du sommet.

La troisième raison était l’engagement du département américain de l’éducation et des syndicats enseignants américains, la National Education Association et l’ American Federation of Teachers exprimé lors des sommets. Ce partenariat était essentiel pour stimuler leur processus.

Et enfin, le soutien proactif de l’IE et de ses affiliés permet depuis toujours aux sommets d’être efficaces et légitimes. Comme Fred Van Leeuwen, Secrétaire général de l’IE, l’a déclaré lors du premier sommet, « des nations performantes montrent comment une collaboration obstinée entre les syndicats et les gouvernements mènent davantage à des progrès dans l’éducation qu’une confrontation obstinée ».

La nature unique de ces sommets a permis la tenue de débats forts et productifs. Un exemple de ces débats était la discussion en 2011 sur l’évaluation et la compensation des enseignants. Il aurait pu uniquement se focaliser sur la rémunération fondée sur le mérite. Toutefois, le débat est allé au-delà de l’augmentation de la performance des enseignant(e)s et des primes individuelles et s’est concentré sur ce qui fonctionne pour les enseignant(e)s. Des exemples de cas dans certains pays ont fait avancer le débat. Un des exemples était celui de Singapour où le développement professionnel est au cœur du service d’apprentissage et la question de la rémunération « a été écartée de la table ». La politique enseignante se concentre sur des trajets de carrière clairs et passionnants pour les enseignant(e)s.

Une autre rapporteuse du sommet, Linda Darling Hammond a remarqué que la gestion de la performance à Singapour ne se préoccupait pas du classement électronique ou de l’étalonnement des enseignant(e)s, mais plutôt de leur développement holistique. L’expérience d’un pays a permis au débat d’évoluer vers la question de la rémunération: comment peut-elle être suffisante pour permettre un choix de carrière et la réussite des enseignant(e)s?

Jusqu’à présent, les sommets étaient consacrés à la façon dont les politiques enseignantes pouvaient être élaborées en collaboration avec les professionnels du secteur. Les sujets abordés comprenaient: le recrutement et la préparation des enseignant(e)s, le développement, le soutien et la rétention des enseignant(e)s, l’évaluation et la compensation, l’engagement des enseignant(e)s dans les réformes de l’éducation, la formation de directeurs/trices d’école, 21c Skills and Preparing Teachers: Matching Supply and Demand(Les compétences requises au 21ème siècle et la préparation des esneignant(e)s: accorder l’offre et la demande).

Les délégations nationales identifient les politiques d’enseignement prioritaires

Il est à espérer qu’une innovation du sommet de 2012 sera répétée lors des prochains sommets: le fait de demander aux délégations nationales d’identifier leurs priorités en matière de politiques de l’enseignement pour l’année à venir. Il est ainsi possible d’avoir une idée de l’impact politique potentiel en examinant les engagements des pays pour l’année:

  • La Belgique « a l’intention de conclure un pacte entre les professionnel(le)s de l’éducation et les syndicats pour renforcer la carrière enseignante »;
  • Le Japon « poursuivra ses efforts pour disposer d’une approche holistique de la préparation, du recrutement et de l’évolution professionnelle »;
  • La Finlande « cherche à développer de nouveaux modèles collaboratifs pour l’évolution des écoles, l’évolution du changement afin de mieux répondre aux objectifs du programme, améliorer l’utilisation pédagogique des médias sociaux et participer à un réseau international pour l’éducation des enseignant(e)s »; et
  • Les Etats-Unis « chercher à élaborer un processus cohérent et systématique pour engager tou(te)s les acteurs/trices dans un changement complet à grande échelle ».