Ei-iE

Népal : la répression policière brutale contre des enseignant·e·s suscite indignation et solidarité au sein du mouvement syndical mondial

Publié 29 avril 2025 Mis à jour 2 mai 2025

La police népalaise s’en est pris violemment à des enseignant·e·s à l’occasion d’une manifestation pacifique organisée à Katmandou, faisant plus de 60 blessé·e·s. Cette attitude constitue une violation flagrante des droits humains fondamentaux et une manière inacceptable de répondre aux préoccupations des enseignant·e·s. Fermement condamné, l’incident a donné lieu à une vague de solidarité internationale du mouvement syndical de l’éducation, soulignant le besoin urgent d’une réforme de l’éducation au Népal.

Des manifestations pacifiques réprimées par la violence

Mobilisé·e·s sous la bannière de la Confédération des enseignant·e·s du Népal (Confederation of Nepalese Teachers, CNT) – qui comprend l’Association des enseignant·e·s du Népal (Nepal Teachers’ Association, NTA), l’Association nationale des enseignant·e·s du Népal (Nepal National Teachers’ Association, NNTA), le Syndicat des enseignant∙e∙s des écoles institutionnelles (Institutional Schools’ Teachers’ Union, ISTU) et le Conseil des personnels des écoles du Népal (Nepal School Employees Council, NSEC) – les enseignant·e·s organisent des manifestations en continu depuis le 9 mars 2025. Alors que ces manifestations se déroulaient depuis 27 jours dans des conditions pacifiques, le gouvernement népalais a choisi de répondre par la violence plutôt que par le dialogue, reportant, une fois encore, les réformes promises.

Solidarité internationale et condamnation

Le 28 avril, au lendemain de l’incident, le directeur régional Asie-Pacifique de l’Internationale de l’Éducation, Anand Singh, a rejoint les enseignant·e·s dans les rues de Katmandou afin de leur adresser un message fort de solidarité. S’adressant aux éducateur·trice·s réuni·e·s, il a déclaré : « Les enseignants et enseignantes doivent être entendus, respectés et traités avec dignité. Le gouvernement doit respecter sans délai ses engagements à leur endroit. Un emploi permanent et des salaires équitables constituent des droits élémentaires. »

Anand Singh, directeur régional Asie-Pacifique de l’Internationale de l’Éducation

L’Internationale de l’Éducation Asie-Pacifique a condamné les actes de violence, déclarant : « L’appel des enseignants et enseignantes à la justice a eu pour seule réponse la violence – une trahison honteuse des principes démocratiques. Nous affichons une solidarité inébranlable avec les enseignants et enseignantes au Népal, dans le cadre de leur lutte légitime pour la dignité, les droits et l’avenir de l’éducation. »

Laxmi Kumar Subedi, Président de la Confédération des enseignant·e·s du Népal, a exprimé sa gratitude pour le soutien international reçu : « La solidarité mondiale renforce notre détermination. Portés par la pression internationale croissante, les enseignants et enseignantes du Népal croient désormais davantage en leurs chances de remporter une victoire juste et légitime. Votre soutien nous remplit d’espoir et de force. »

Un appel à réformer l’éducation

La profession enseignante revendique avant tout la promulgation de la loi sur l’éducation scolaire, dont les reports ne se comptent plus, qui reflète les accords conclus avec le gouvernement en 2019.

Un accord en six points promettant une action législative immédiate, conclu en 2023 entre le gouvernement et la CNT, énonçait les dispositions clés suivantes :

  1. La sécurité de l’emploi : établir un contrat à durée indéterminée à tou·te∙s les enseignant·e·s et les personnels scolaires sous contrat temporaire.
  2. Des salaires équitables : garantir des salaires et des conditions de travail équitables qui reflètent la contribution inestimable de la profession enseignante à la société.
  3. La mise en œuvre des engagements : mise en œuvre immédiate des engagements pris concernant les conditions d’emploi de la profession enseignante.
  4. Le contingent des remplaçant·e·s : remédier à la précarité d’emploi des enseignant·e·s suppléant·e·s, des enseignant·e·s de la petite enfance, des enseignant·e·s contractuel·le·s et des milliers d’enseignant·e·s des écoles privées (institutionnelles).
  5. Les promotions internes : garantir le droit aux promotions internes ou la sécurité de l’emploi jusqu’à la retraite.
  6. La réforme de l’éducation : donner la plus haute priorité au projet de loi sur l’éducation scolaire afin de tenir les engagements pris à l’égard de la profession enseignante et faire progresser le système éducatif népalais.

Après la signature de l’accord, la CNT a suspendu les manifestations en cours de bonne foi. Cependant, trois sessions parlementaires ont eu lieu depuis sans qu’aucun progrès ne soit enregistré, ce qui a conduit les enseignant·e·s à reprendre les manifestations pour une durée indéterminée à partir de mars 2025.

La direction de l’Internationale de l’Éducation signe une lettre de protestation

Dans une lettre adressée le 22 avril 2025 au Premier ministre du Népal, le secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation, David Edwards, n’a pas ménagé ses mots, exhortant le gouvernement à respecter ses engagements et à adopter la loi sur l’éducation scolaire sans plus tarder. La lettre soulignait l’urgence de passer aux actes : « Si rien n’est fait, la crise de l’éducation au Népal ne fera que s’aggraver, mettra en péril l’avenir de millions d’enfants dans le pays et ébranlera la confiance publique dans l’engagement du gouvernement en faveur de l’éducation ».

Edwards a réitéré la solidarité inébranlable de l’Internationale de l’Éducation à l’endroit des enseignant·e·s au Népal et a appelé à la mise en œuvre immédiate des accords de 2023 afin de garantir la sécurité de l’emploi, des salaires équitables et des conditions de travail décentes.

L’Internationale de l’Éducation souligne le caractère fondamental des droits et des conditions de travail des enseignant·e·s pour construire des systèmes d’enseignement public solides et assurer le bien-être des élèves. Cette lutte ne se limite pas aux frontières du pays, elle s’inscrit dans le cadre d’un mouvement mondial pour la justice, la dignité et la démocratie dans le secteur de l’éducation. L’incapacité du Népal à mettre en œuvre les réformes promises en cette période critique de sa transition vers le fédéralisme risque de nuire à l’avenir de son système éducatif et de porter atteinte aux droits des générations à venir.