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Inde : les syndicats exigent des mesures fermes et immédiates pour protéger la vie des enseignant·e·s durant la pandémie

Publié 28 janvier 2021 Mis à jour 29 avril 2021

Les syndicalistes indien·ne·s de l’éducation ont exprimé leurs plus vives inquiétudes face à l’augmentation du nombre d’enseignant·e·s touché·e·s par la COVID-19 à Delhi. Les syndicats ont insisté sur la nécessité de protéger la santé et la sécurité des éducateur·trice·s et des étudiant·e·s.

Partout en Inde, des enseignant·e·s continuent d’être déployé·e·s pour effectuer des tâches liées à la COVID-19, sans soutien, installations sanitaires, équipements de protection individuelle ou formation pour faire face à la pandémie. Les tâches requises vont de la distribution de nourriture à la conduite d’enquêtes porte-à-porte pour recenser les cas confirmés de COVID-19. Les enseignant·e·s effectuent ces travaux malgré les appels lancés au gouvernement central et aux autorités des États par leurs organisations – l' Akhil Delhi Prathmik Shikshak Sangh(ADPSS) au niveau local ou la All India Primary Teachers Federation(AIPTF) au niveau national.

Le personnel enseignant paie le prix fort

Rien qu’à Delhi, 28 enseignant·e·s travaillant dans des écoles primaires et secondaires publiques ont perdu la vie après avoir contracté la COVID-19, n’ayant pas eu la possibilité d’accéder à temps à des centres de santé. Selon l’ADPSS, un affilié de l’AIPTF, parmi ces 28 victimes, 8 enseignant·e·s de l’enseignement primaire avaient été chargé·e·s d’effectuer des missions en lien avec la COVID-19.

L’ADPSS souligne que le non-paiement des salaires et des pensions des enseignant·e·s et d’autres employé·e·s des municipalités Nord et Est de Delhi constitue le principal écueil en cette période difficile.

Les enseignant·e·s doivent concilier leurs activités professionnelles, notamment l’organisation des cours en ligne, et leur mission de « combattant·e·s contre le coronavirus », malgré le fait que leurs salaires ne soient plus versés depuis le mois d’août 2020, explique le syndicat.

Mobilisation des syndicats

L’ADPSS a introduit une requête auprès de la Haute Cour contre les autorités municipales de Delhi, pour non-paiement des salaires, tandis que, depuis le 6 janvier, les enseignant·e·s mènent des actions de protestation aux côtés d’autres employé·e·s de la fonction publique.

Ces mouvements de réprobation ont donné lieu à des menaces de mesures disciplinaires à l’endroit des enseignant·e·s qui refusent d’accomplir des tâches en lien avec la COVID-19, telles que le dépistage des usager·ère·s des transports en commun ou la délivrance d’amendes aux personnes ne portant pas de masque. Le syndicat a constaté que l’utilisation d’oxymètres et de scanners thermiques sans formation initiale leur posait de nombreuses difficultés.

Par ailleurs, dans la mesure où les enseignant·e·s se consacrent durant de longues heures à des tâches diverses, l’éducation des enfants a dû être postposée, déplore l’ADPSS.

L’organisation a consulté d’autres syndicats de l’éducation pour décider d’une stratégie future au cas où les salaires ne seraient pas payés et a lancé une campagne de collecte de signatures auprès de la population en vue de soutenir les revendications légitimes des enseignant·e·s.

AIPTF : une action conjointe est indispensable

De son côté, l’AIPTF a rappelé à plusieurs reprises que la COVID-19 menaçait la santé et les moyens de subsistance des travailleur·euse·s et des employeur·euse·s, tout en ayant un impact majeur à la fois sur l’économie et l’emploi.

Si certaines de ces problématiques ont été mises en avant dans les médias, aucune approche proactive n’a été observée de la part des différents gouvernements, explique Kamala Kanta Tripathy, secrétaire général de l’AIPTF :

« Dans nombre d’États, les affiliés nous ont contactés pour nous signaler des retards inexpliqués dans le paiement de salaires ou des déductions irrationnelles, et nous informer de leur engagement à faire pression sur les gouvernements des États afin que ces derniers se montrent réalistes en ces temps difficiles ».

Demandes spécifiques

L’AIPTF et ses 25 affiliés étatiques n’ont cessé de soulever les problèmes rencontrés par le personnel enseignant depuis avril 2020, date à laquelle un confinement national a été décrété pour enrayer la propagation du virus. Ils continuent de réclamer que des mesures urgentes soient prises par les différents gouvernements des États dans les domaines suivants :

  • Protection et formation du personnel enseignant chargé d’effectuer des tâches en lien avec la COVID-19.
  • Retard dans le paiement des salaires et des pensions.
  • Sécurité et assurances.

L’AIPTF a déjà adressé un courrier au ministre indien de l’Éducation, ainsi qu’aux ministres en chef et aux ministres de l’Éducation des États, pour leur faire part des problèmes et préoccupations du personnel enseignant en cette période de pandémie.

L’organisation estime que tous les efforts doivent être mis en œuvre conjointement, avec le soutien du gouvernement central et des gouvernements étatiques, pour aider les enseignant·e·s durant la crise, protéger leur santé et leur éviter des pertes de revenus, entre autres. Comme toujours, le syndicat est disposé à engager le dialogue social avec les autorités politiques pour protéger les droits du personnel enseignant.