Ei-iE

L’Internationale de l'Éducation soutient l’Ukraine : rencontre et démonstration de solidarité entre leaders syndicaux à Kiev

Publié 6 juin 2023 Mis à jour 20 mars 2024

Du 8 au 11 mai, une délégation de l’Internationale de l'Éducation s’est rendue dans la capitale ukrainienne pour transmettre un puissant message de solidarité et rencontrer leurs collègues du Trade Union of Education and Science Workers of Ukraine (TUESWU), une organisation membre de l’IE dans le pays. La délégation s’est également entretenue avec le ministre de l’Education et des Sciences ukrainien, le maire de Kiev ainsi que des représentant·e·s de la Fédération des syndicats d’Ukraine, de l’UNICEF et de l’UNESCO.

« Cela est parfaitement clair : nous soutenons l'Ukraine. Les organisations membres de l’Internationale de l'Éducation se sont mobilisées comme jamais auparavant pour contribuer au Fonds de solidarité en faveur de l’Ukraine. Nous soutenons nos collègues ukrainiens et ukrainiennes, qui veillent de manière admirable à ce que les enseignants et enseignantes reçoivent une aide adéquate. Nous devons continuer à concrétiser cette solidarité à travers nos actes. »

David Edwards | Secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation

La délégation de l’Internationale de l'Éducation était menée par David Edwards (Secrétaire général de l’IE), Larry Flanagan (Président du Comité syndical européen de l'éducation, la structure européenne de l’IE) et Randi Weingarten (Présidente de l’American Federation of Teachers et membre du Bureau exécutif de l'IE).

La solidarité syndicale en action

Georgiy Trukhanov, Président du Trade Union of Education and Science Workers of Ukraine, a accueilli la délégation de l’IE à Kiev et décrit la situation du secteur de l'éducation en Ukraine ainsi que les défis auxquels font face les enseignant·e·s depuis le début de l’invasion du pays. M. Trukhanov a présenté le travail mené par le syndicat afin en défense de ses membres et de leurs droits sous la loi martiale, avant de remercier les syndicats de l'éducation du monde entier pour leur soutien, sur lequel le syndicat ukrainien s’est appuyé pour aider ses membres touchés par la guerre, qui ont été blessés ou qui ont perdu un proche.

En outre, la délégation de l’IE et le TUESWU ont échangé sur l’avenir de leur coopération et du soutien apporté aux enseignant·e·s et au secteur de l’éducation du pays, qui passera notamment par une collaboration plus étroite avec l’UNESCO et l’UNICEF dans le cadre de futurs projets communs. Le syndicat a dévoilé ses plans pour la fin de la guerre et expliqué vouloir utiliser le camp du syndicat pour y offrir une aide psychologique indispensable aux enfants et enseignant·e·s touché·e·s par la guerre.

La délégation de l'IE s'est rendue à Borodyanka et dans la région de Kiev pour y constater les destructions causées par l'invasion.

Dans ce contexte tragique, le TUESWU est déterminé à poursuivre sa mission et continuera à faire tout ce qui est en son pouvoir pour venir en aide aux enseignant·e·s ukrainien·ne·s.

Le dialogue social pour renforcer l’enseignement

Accompagnée des collègues du TUESWU, la délégation de l’IE s’est entretenue avec le nouveau ministre de l’Education et des Sciences ukrainien, Oksen Lisovyi, entré en fonction en mars 2023. Des questions prioritaires telles que la sécurité des enseignant·e·s et des élèves, mais aussi les réformes visant à renforcer et améliorer le système éducatif ukrainien, figuraient parmi les principales thématiques abordées.

Le rôle crucial d'un dialogue social efficace et constructif entre les syndicats et le gouvernement dans un pays qui se bat pour sa libération a été mis en avant, et la délégation de l’IE a réitéré tout son soutien envers les collègues ukrainien·ne·s.

Les enseignant·e·s sur le front

Durant sa rencontre avec la délégation de l’IE, Vitalii Klitschko, le maire de Kiev, a fait l'éloge des enseignant·e·s de la capitale, soulignant leur courage et leur dévouement. Si certain·e·s sont parti·e·s au front, d’autres sont resté·e·s et ont continué à travailler dans des conditions difficiles pour soutenir leurs élèves. Ces enseignant·e·s poursuivent leur enseignement dans des caves et des abris antiaériens et tentent d’insuffler un sentiment de normalité et de résilience aux enfants comme aux parents.

M. Klitschko a raconté comment s'organisait l’éducation dans la capitale ukrainienne sous la loi martiale. Après l’invasion russe, l’école s’est poursuivie dans un format hybride: en présentiel, en ligne et en cours individuel. Actuellement, à Kiev, 44 % des élèves suivent leurs cours en présentiel, 47 % à distance et 9 % individuellement. Près de 300 000 élèves sont scolarisé·e·s dans les écoles municipales de Kiev. Environ 70 000 personnes, dont 1 500 personnes déplacées au sein du pays, travaillent dans le système éducatif de la capitale.

Réunion avec le Maire de Kiev, Vitalii Klitschko

Le budget alloué au secteur de l'éducation représente 40 % du budget de la ville et les autorités locales en font une priorité majeure. Vitalii Klitschko a souligné que les salaires des enseignant·e·s de Kiev étaient versés dans leur intégralité et à temps, et que toutes les primes et indemnités supplémentaires avaient été conservées, y compris la prime municipale de 30 %.

En prévision de la nouvelle année scolaire 2022-2023, des abris ont été construits dans les établissements d’enseignement de la capitale dans le cadre du programme de la ville en faveur d'un environnement éducatif sûr. Seules les écoles équipées d’abris peuvent recevoir les élèves à temps plein ; les autres opèrent à distance en ligne. Actuellement, 97 % des écoles municipales disposent d’abris. Les autorités de Kiev concentrent également leurs efforts à la réparation des 95 établissements d’enseignement détruits par l’envahisseur.

La délégation de l'IE a visité des écoles de la région de Kiev endommagées lors de l'invasion.

Oleksandr Yatsun, responsable de la branche du TUESWU à Kiev, a présenté le travail de l’organisation pendant la guerre. Dès les premiers jours de l’invasion, plusieurs enseignant·e·s de la capitale se sont porté·e·s volontaires, ont tissé des filets pour le front, ont préparé des rations alimentaires et ont fait tout leur possible pour aider les combattant·e·s sur le front.

Randi Weingarten, Présidente de l’AFT, a réaffirmé la solidarité des enseignant·e·s envers l’Ukraine: « Il est de notre responsabilité de ne pas seulement parler de la démocratie ou de l’avenir, mais d’aider comme nous le pouvons pour que cela puisse devenir une réalité. »

David Edwards a exprimé son admiration envers les enseignant·e·s ukrainien·ne·s et a rappelé l’importance de la coopération entre les autorités et les syndicats de l'éducation.

Les agences des Nations unies offrent leur soutien

Chiara Dezzi, cheffe du bureau de l’UNESCO en Ukraine, a également rencontré la délégation de l’IE et décrit les efforts déployés par l’agence des Nations Unies afin de garantir la continuité de l’enseignement et de l’apprentissage pour les enseignant·e·s et les élèves ukrainien·ne·s. L’UNESCO met à disposition du matériel et des équipements informatiques pour l’enseignement et l’apprentissage en ligne, développe des plateformes d’éducation numériques et renforce le soutien psychosocial et le système de soins aux populations touchées par la crise.

Tant l’UNESCO que le TUESWU ont activement contribué au développement du système éducatif et à sa reconstruction pendant et après la guerre, et sont ouverts à toute coopération pouvant améliorer la vie des enseignant·e·s et des jeunes en Ukraine.

Lors de la rencontre avec l’UNICEF, Murat Shahin, le représentant de l’UNICEF en Ukraine, a précisé que son organisation visait en priorité à créer de nouvelles opportunités pour les jeunes. L’UNICEF met en place des centres de soutien à l’éducation pour les enfants et les jeunes et fournit des abris pour les écoles et les autres institutions pour les enfants.

Les droits des travailleurs et travailleuses indispensables à l’avenir de l’Ukraine

La délégation de l’IE a par ailleurs rendu visite à la Fédération des syndicats d’Ukraine pour discuter de l’actuelle conjoncture économique. Grygorii Osovyi, le Président de la Fédération, a signalé que l’ensemble de la population ukrainienne œuvrait activement au renforcement des capacités de défense du pays et des moyens de subsistance de ses citoyen·ne·s.

La situation économique est toutefois extrêmement compliquée : le montant du salaire minimum est gelé, l’inflation s’élève à 27 % et le chômage à 26 %, et le taux de pauvreté a quadruplé en une année, près de 7 millions de personnes vivant désormais sous le seuil de pauvreté.

C’est la raison pour laquelle les partenaires sociaux, lors de leurs négociations, insistent sur la nécessité d'insuffler des changements et de créer des conditions qui attireraient à nouveau les gens dans le pays. Sans réel soutien pour les travailleur·euse·s et sans garantie de conditions de travail décentes, l’Ukraine ne disposera pas des ressources humaines nécessaires à sa reconstruction.

David Edwards, Secrétaire général de l'IE, et Oksen Lisovyi, Ministre ukrainien de l'Éducation et des Sciences

L’espoir au cœur de la guerre

La délégation de l’IE s’est rendue dans les locaux de Save Ukraine, une organisation publique qui mène régulièrement des missions de sauvetage pour libérer les enfants ukrainiens enlevés par les forces armées russes. L’organisation identifie les enfants enlevés, œuvre à leur retour en Ukraine, rassemble des preuves sur leurs cas pour les tribunaux nationaux et internationaux et offre un soutien physique comme psychologique à ces enfants ainsi qu’à leur famille.

Lors de la visite du centre de l’espoir et de la guérison de Save Ukraine, Larry Flanagan, Président du CSEE, a déclaré: « Ce qui m’a le plus marqué, c’est la lueur d’espoir que nous avons vue chez de nombreux jeunes enfants. Les jeunes souriaient, ils étaient heureux d’être à l’école. Il y a de l’espoir pour l’avenir, même en pleine guerre. Il faudra prêter main-forte aux Ukrainiens et Ukrainiennes pour reconstruire le système éducatif du pays. C’est là que le soutien international, surtout en termes de financement et de solidarité, est absolument crucial. »