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Internationale de l'Education
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Afrique : L'EPT menacée par la pénurie d'enseignants qualifiés

Publié 13 mars 2008 Mis à jour 13 mars 2008

Selon une étude réalisée par l'Internationale de l'Education, la pénurie inquiétante d'enseignants qualifiés et convenablement formés vient menacer la réalisation des objectifs de l'Education pour tous ainsi que des Objectifs du Millénaire pour le développement d'ici 2015.

L’enquête concernant l'offre, le recrutement et le maintien dans la profession des enseignants la pénurie dans six pays anglophones d'Afrique subsaharienne a été écrite par Dennis Sinyolo, coordinateur à l’Unité Education et Emploi de l’IE, qui a visité la Gambie, le Kenya, le Lesotho, l'Ouganda, la Tanzanie et la Zambie au cours de ses recherches. Elle s'axe autour de cinq thèmes majeurs: l'offre d'enseignants, la pénurie d'enseignants, le salaire et la motivation des enseignants, l'absentéisme ainsi que le développement de politiques. Selon Fred van Leeuwen, Secrétaire général de l'IE, « les résultats de l'étude confirment que l'IE doit continuer à faire pression sur les gouvernements, l'UNESCO, la Banque mondiale, le FMI, l'UNICEF ainsi que sur les autres agences et organisations onusiennes afin de soutenir la formation et le recrutement d'enseignants qualifiés. Sans ces derniers, nous ne serons pas en mesure de permettre aux enfants du monde entier d'accéder à une éducation pour tous publique et de qualité ».

Cette étude révèle que quatre des six pays sondés souffrent d'une pénurie inquiétante d'enseignants qualifiés à fois dans le primaire et dans le secondaire. La Gambie, le Lesotho, la Tanzanie et, dans une certaine mesure, l'Ouganda ne sont pas parvenus à prévoir des formations préalables afin de répondre à la demande actuelle et future. Pour des raisons budgétaires et du fait d'accords conclus avec les institutions financières internationales, ces pays n'ont pas réussi à accroître de façon notoire le nombre de leurs enseignants. Ces pénuries d'enseignants semblent prédominer dans les régions rurales éloignées ainsi qu'en regard de certaines matières telles que les mathématiques ou les sciences. Concernant les salaires, cette étude révèle qu’ils se situent généralement en dessous du seuil de pauvreté ou du niveau de vie. La situation est d'autant plus déplorable pour les enseignants non qualifiés, dont la majorité gagne entre 40 et 60% du salaire de l'enseignant qualifié le moins bien payé. Et de nombreuses écoles ne disposent pas de logements décents pour leurs enseignants.

Dans ces six pays, le taux moyen d’abandon des enseignants s'élève à 4%. En majorité, cet abandon incombe aux départs à la retraite, aux démissions, aux décès ainsi qu'aux licenciements. De nombreux répondants ont considéré que les décès des suites de maladies liées au SIDA avaient contribué à cette déperdition importante d'enseignants. La fuite des cerveaux, principalement imputable aux faibles salaires ainsi qu'aux mauvaises conditions de service, explique aussi le haut niveau d’abandon des enseignants.

En conséquence, dans ces six pays, l'enseignement y est devenu une solution de tremplin ou une profession de dernier recours. En Tanzanie, par exemple, certains enseignants découragent leurs propres enfants d'envisager une carrière dans l'enseignement. Il devient ainsi urgent d'améliorer les services aux enseignants afin de recruter de jeunes gens et de retenir les enseignants en place.

Cet article à été publié dans Mondes de l'Éducation, No. 25, février/mars 2008.