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Internationale de l'Education
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Rapport mondial de suivi 2010 de l’UNESCO: Trop d’enfants ne sont toujours pas scolarisés

Publié 3 juin 2010 Mis à jour 24 mars 2011

L’Internationale de l’Education a répondu au Rapport mondial de suivi sur l’Education pour Tous (RMS) de 2010. Il s’agit d’une publication annuelle de suivi des progrès vers les six objectifs d’éducation pour tous (EPT) fixés à Dakar en 2000. Le rapport est produit par une équipe indépendante, sous les auspices de l’UNESCO. L’édition de cette année, ayant pour thème « Atteindre les marginalisés », a été officiellement lancée en janvier au siège des Nations Unies à New York.

La réponse de l’IE au RMS analyse et résume les principales conclusions du rapport. Elle sera publiée et distribuée aux affiliés en juin. Vous trouverez ci-dessous un résumé de cette analyse.

Progrès concernant les objectifs de l’EPT

Bien que le RMS fasse état de progrès vers les six objectifs de l’EPT, il concède que ceux-ci ne seront pas atteints d’ici 2015. Ainsi, bien que le nombre mondial d’enfants non scolarisés ait chuté de 33 millions depuis 1999, 72 millions ne le sont toujours pas, pour la plupart en Afrique sub-saharienne et en Asie du Sud et de l’Ouest. Selon les tendances actuelles, 56 millions d’enfants ne seront pas scolarisés en 2015.

De même, les tendances actuelles suggèrent que l’objectif de 50% d’amélioration du niveau d’alphabétisation adulte ne sera pas atteint. En dépit de progrès soutenus, 759 millions d’adultes, dont deux tiers de femmes, ne jouissent toujours pas d’une alphabétisation de base. Le RMS avertit qu’en l’absence de mesures afin d’accélérer les progrès, quelque 710 millions d’adultes resteront analphabètes en 2015. Selon le rapport, la situation est la même pour les autres objectifs de l’EPT : les cibles relatives à la parité entre les genres, à l’éducation de la petite enfance et aux compétences des jeunes et des adultes ne seront pas atteintes. Les statistiques ci-dessus devraient avoir l’effet d’une énième sonnette d’alarme pour les gouvernements, les donateurs et les autres parties prenantes du secteur de l’éducation, et les inciter à investir dès à présent dans l’éducation!

Impact de la crise économique et du déclin du soutien des donateurs

La publication du RMS de cette année coïncide avec la crise économique mondiale la plus grave depuis la Grande dépression des années 1930. Les systèmes éducatifs de nombreux pays les plus pauvres du monde commencent à peine à subir le contrecoup de cette crise, émanant à l’origine des systèmes financiers du monde industrialisé. Le risque, de plus en plus pressant, est qu’après dix années d’avancées encourageantes, les progrès vers les objectifs d’éducation pour tous stagnent voire s’inversent, sous l’influence du ralentissement de la croissance économique, de l’augmentation de la pauvreté et de la pression sur les budgets des gouvernements qui en résulte. Le rapport confirme l’argument maintes fois répété de l’IE, selon lequel la crise économique menace les objectifs de développement humain, y compris l’éducation. Mais la crise économique mondiale ne peut servir d’excuse pour priver une génération de jeunes et d’adultes de leur droit fondamental à une éducation de qualité.

Le RMS révèle également que les dépenses d’aide stagnent. Malgré une augmentation globale sur les dix années écoulées, pour atteindre 10,8 milliards USD en 2007, soit plus du double de 2002, les engagements totaux dans l’éducation se maintiennent aux niveaux de 2004, soit 12 milliards USD. Par ailleurs, l’éducation ne semble pas avoir la priorité dans les aides globales. En 2010, les dépenses liées à l’éducation ne représentent toujours que 12%, soit le même pourcentage qu’en 1999-2000. L’IE soutient la recommandation du RMS d’augmenter la mobilisation de ressources et de renforcer l’équité des dépenses publiques, et son exhortation des donateurs à honorer et à augmenter leurs engagements en termes d’aide financière.

La marginalisation sous les projecteurs

Le RMS de 2010 insiste sur la nécessité universelle d’atteindre les élèves marginalisés, et ce quelle qu’en soit la raison : pauvreté, isolement rural, appartenance à une minorité ethnique, langue, handicap ou autre. L’IE soutient résolument la recommandation du rapport que les gouvernements renforcent leurs efforts en faveur des groupes marginalisés, tels que les minorités ethniques, les ménages pauvres vivant dans des bidonvilles ou des zones rurales reculées, les enfants handicapés et les populations confrontées au VIH/SIDA ou aux conflits armés.

Les questions de la marginalisation et de la qualité ne peuvent être traitées sans s’occuper également de la pénurie d’enseignants qualifiés. Afin de combler le fossé entre l’offre et la demande en enseignants, 10,3 millions d’instituteurs primaires, pour ne citer qu’eux, doivent être embauchés pour atteindre l’objectif de l’EPT d’une éducation primaire universelle d’ici 2015. Des stratégies politiques nationales et internationales courageuses et axées sur la durabilité et la qualité sont nécessaires, et non des mesures de court terme sacrifiant la qualité au profit de la quantité. Les gouvernements doivent investir dans une formation initiale et continue des enseignants de qualité, ainsi que dans le développement professionnel, pierres angulaires d’une éducation de qualité.

Par Dennis Sinyolo.

Cet article a été publié dans Mondes de l’Éducation, No 34, juin 2010.