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Internationale de l'Education
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Regards sur l'éducation 2010 de l'OCDE: quelles leçons en tirer pour les syndicats?

Publié 25 mars 2011 Mis à jour 25 mars 2011

Dans son nouveau rapport Regards sur l'éducation 2010, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) présente une grande variété de statistiques relatives à l'éducation dans ses 33 pays membres. Le rapport devrait être étudié de près par les syndicats d'enseignants, car il a très souvent été utilisé pour prôner l’élaboration de systèmes de dépenses plus efficaces et le renforcement des mécanismes du marché dans l'enseignement public. Paradoxalement, la crise économique semble avoir conforté cette façon de pensée, alors que le manque de contrôle des marchés soit la cause fondamentale de la crise. Les syndicats peuvent également utiliser des statistiques du rapport afin de promouvoir le système d'éducation que nous souhaitons.

L’« efficacité » de l’éducation

Le rapport affirme qu'une amélioration de l'efficacité des systèmes d'éducation et l'optimisation de leur qualité doit être au cœur de la politique publique. Angel Gurría, Secrétaire général de l'OCDE, explique dans son éditorial qu’« à l’avenir, on ne mesurera plus la réussite des systèmes d’éducation selon le niveau de dépenses consenties par les pays dans ce domaine ou selon le taux d’obtention des diplômes, mais à l’aune des résultats éducatifs atteints et de leur impact sur le progrès économique et social ».Bien qu'il soit difficile de nier la responsabilité des professionnels de l'éducation envers la société, les syndicats peuvent présenter un cadre différent pour les objectifs principaux de la politique publique, fondé sur une éducation de qualité et ses avantages sociaux.

Les conséquences sociales de l'éducation

L'importance accordée aux conséquences sociales de l'éducation est l'aspect le plus utile et le plus apprécié du rapport. Celui-ci suggère qu'il serait intéressant que les décideurs des secteurs de l'éducation, de la santé et de l'aide sociale tiennent compte des conséquences sociales de l'éducation. Il fait état de la relation positive entre l'accès du public à l'éducation et sa bonne santé générale, son intérêt envers la politique ainsi que la confiance entre individus.

La prise de parole et la défection dans l'éducation publique

L'OCDE insiste sur le fait que le choix de l’école et laprise en compte de l'opinion des parents peuvent  inique un déclin de la qualité d’une école. La « défection », ou le droit des parents à retirer leur enfant de l'école, devrait servir d'indicateur du mécontentement ou du déclin, alors que la « prise de parole » devrait apporter des détails sur la nature ou la raison du déclin perçu. Ceci nous conduit à la question clé de la relation entre une communauté et son école : le concept de « loyauté » est-il un concept hiérarchique démodé ou plutôt synonyme de dévouement et de responsabilité? Les syndicats devraient rejeter la notion implicite définissant les écoles comme des entreprises de services commerciaux et défendre énergiquement leur statut d'institutions d’utilité générale. Il doit y avoir une « prise de parole dans » mais pas de « défection vis-à-vis » de l'enseignement public.

Le cas de l'enseignement supérieur

Enfin, l’OCDE ddépeint un portrait plus nuancé des problèmes d'accès à l'enseignement supérieur, grâce à des informations sur l'accès et la réussite des études dans ce secteur. Le rapport admet que les frais d'inscription ont un impact négatif sur le taux de réussite. Une analyse fouillée montre également que les pays ayant récemment augmenté des frais d'inscription ont vu un impact négatif de ces mesures sur le nombre d'inscriptions des étudiants. Par exemple, les données indiquent que plus de 20 % des étudiants australiens viennent de l'étranger et que le nombre d'étudiants nationaux inscrits est en réalité inférieur à celui de nombreux pays membres de l'OCDE.

Par Guntars Catlaks et Koen Goven

Cet article a été publié dans Mondes de l’Éducation, No 36, décembre 2010.