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Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

La réussite engendre la réussite

Publié 29 mars 2012 Mis à jour 5 avril 2012

Réflexions de John Bangs, Consultant senior à l'Internationale de l'Education et Agrégé de recherche honoraire à l'Université de Cambridge, sur le 2ème Sommet international sur la profession enseignante, tenu à New York en mars 2012.

Il y a des moments où les intérêts des gouvernements et des syndicats d'enseignants coïncident - lorsque les témoignages et la volonté politique sont en synergie. La décision prise par l'Administration Obama de répéter le Sommet international de l'année dernière sur l'avenir de la profession enseignante était le résultat d'un tel moment.

Il y avait deux bonnes raisons pour lesquelles l'Administration considérait qu'il y avait un avantage à travailler en partenariat avec l'Internationale de l'Education (IE), les syndicats d'enseignants américains et l'OCDE pour organiser le Sommet.

La première raison avait trait au fait qu'Arne Duncan, le Secrétaire d'Etat américain à l'Education, avait compris qu'aucun pays ne peut développer un système d'éducation efficace sans tirer les leçons d'autres pays ayant une expérience réussie.

La deuxième raison découlait des preuves mises en évidence par l'OCDE que pour être performants, les systèmes éducatifs ont besoin de syndicats de l'éducation forts et proactifs.

Le Sommet de cette année a eu lieu à un moment où la crise financière grignote une grande part des budgets consacrés à l'éducation. Etant donné les préoccupations croissantes, voire les troubles sociaux, dans un grand nombre de pays de l'OCDE, la position par défaut des syndicats participant à la conférence aurait pu être de se concentrer uniquement sur les arguments relatifs aux dépenses. Aussi importants que ces arguments aient pu être, les syndicats ont adopté une position plus élaborée, à savoir que la discussion à propos de ce qui fonctionne dans les systèmes éducatifs donne en fait tout son sens à la campagne visant à protéger l'éducation.

Comme les syndicats d'enseignants et l'OCDE le soulignent systématiquement, ce qui fonctionne c'est l'établissement de politiques éducatives efficaces, en partenariat avec la profession enseignante et ses organisations. En février, Obama a lancé le programme RESPECT de 5 milliards USD, qui propose que les associations et les syndicats d'enseignants « transforment l'enseignement aux Etats-Unis en une profession du 21ème siècle ».  Il s'agit d'un revirement remarquable par rapport aux premières années de l'Administration actuelle, lorsque celle-ci a adopté une approche punitive concernant la réforme de l'éducation. Le programme contraste aussi totalement avec une tendance politique en vogue aux Etats-Unis, qui vise à réduire considérablement les budgets consacrés à l'éducation, comme en Pennsylvanie et en Floride, à supprimer les droits à la négociation collective, comme au Wisconsin, et à humilier publiquement les enseignant(e)s en utilisant de mauvaises données et une méthodologie non fondée, comme à New York.

Peut-être qu'une preuve encore plus forte de l'impact du Sommet de l'année dernière a été la révélation faite par Arne Duncan, lors de son discours de clôture de cette année, qu'il n'aurait pas réussi à persuader le Président de financer le programme RESPECT, sans les témoignages internationaux qui avaient été prononcés sur l'importance de contribuer au développement et à la formation des enseignant(e)s.

Les thèmes du Sommet de cette année relatifs à la direction des établissements scolaires, la préparation des enseignant(e)s à dispenser les compétences essentielles pour le 21ème siècle, ainsi que l'offre et la demande d'enseignant(e)s, ont permis à la profession de faire passer ses messages. L'Internationale de l'Education a puisé dans son propre document d'information pour le Sommet, qui soulignait que lorsque la direction menée par les chefs d'établissements (directeurs/trices) est dictatoriale et sape l'autonomisation, la qualité de l'éducation est fragile, et l'innovation, étouffée. Il y a une bien plus grande chance de réussite des écoles et du système lorsque les directeurs/trices soutiennent la capacité de leurs enseignant(e)s à diriger. En outre, l'IE a soutenu que, lorsqu'une autonomie totale est donnée aux écoles, le soutien qu'elles reçoivent est incertain et cela mine le développement d'une profession enseignante hautement compétente.

Ces points de vue n'étaient pas isolés. Lorsqu'il a été demandé, à la fin du Sommet, aux délégations nationales composées de membres des syndicats et du gouvernement, de donner leurs priorités absolues, les engagements principaux consistaient à améliorer la collaboration au niveau de l'apprentissage et la capacité de leurs systèmes à soutenir les enseignant(e)s dans les écoles. Les arguments en faveur du financement de politiques cohérentes relatives à la formation des enseignant(e)s et au développement de l'autorégulation et de l'autonomie professionnelle se sont vu accorder une place centrale.

La nécessité de combiner évaluation, créativité, innovation et compétences essentielles pour le 21ème siècle a également fait partie de la discussion de cette année. Encore et encore, cela a contrasté avec les moteurs erronés des réformes, tels que l'évaluation punitive aux enjeux élevés.

Le débat sur l'offre et la demande d'enseignant(e)s a été particulièrement animé. L'IE a souligné que le recrutement et le maintien des effectifs ne peuvent se faire efficacement que si les conditions de travail, la rémunération, le développement et l'autonomie professionnels des enseignant(e)s correspondent à ceux d'autres professions au statut élevé. Certains pays veulent ajouter à cette liste la rémunération liée au mérite. Le débat se poursuivra au prochain Sommet!

L'éducation faisant l'objet d'attentes sans précédent et de pressions financières, les responsabilités des syndicats sont sans précédent. Il existe toujours des groupes et des gouvernements de par le monde qui soient peu en accords avec les intentions du Sommet. Pourtant les preuves sont écrasantes. Les syndicats doivent être sur un pied d'égalité avec les gouvernements et les juridictions, si le but est d'attirer les meilleures personnes et les plus dévouées vers l'enseignement et les y maintenir.

NB: Vingt-trois pays ont participé cette année au Sommet international sur la profession enseignante. Il a eu lieu à New York les 14 et 15 mars 2012. Chaque délégation était composée d'un Ministre et d'un(e) ou deux dirigeant(e)s syndicaux/ales. Le critère de participation était que chaque pays devait figurer parmi les meilleurs ou être considéré en amélioration selon les résultats du rapport PISA 2009. Les pays qui ont participé cette année étaient l'Allemagne, la Belgique, le Canada, la Chine, la Corée, le Danemark, l'Estonie, les Etats-Unis, la Finlande, Hong Kong, la Hongrie, l'Islande, l'Indonésie, le Japon, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la Pologne, le Royaume-Uni (Angleterre), Singapour, la Slovénie, la Suède et la Suisse. La France, l'Australie et l'Irlande étaient invitées, mais n'ont pas participé. L'Afrique du Sud était présente en tant qu'invité. Le gouvernement américain, avec la NEA, l'AFT, l'OCDE et l'IE étaient les co-organisateurs.

Le document de fond de l'Internationale de l'Education pour le Sommet se trouve ici. Le document de fond de l'OCDE a été émis le 14 mars.