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Résolution sur les questions relatives aux pays arabes

Publié 25 juillet 2015 Mis à jour 31 mars 2017

Le rôle des syndicats d’enseignants dans la promotion de l’éducation, de la paix et de la tolérance dans les pays arabes.

Le 7e Congrès mondial de l’Internationale de l’Éducation (IE), à Ottawa, au Canada, du 21 au 26 juillet 2015:

Attendu que:

1. Les indicateurs en matière d’éducation définis pour les pays arabes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord se sont relativement améliorés au cours de ces 20 dernières années. La grande majorité des études menées actuellement dans le domaine de l’éducation au sein de la région arabe indique toutefois que le niveau de qualité relativement faible de l’éducation nuit au potentiel de croissance économique de la région;

2. L’accès à l’éducation demeure un problème majeur pour un certain nombre de pays arabes, en particulier dans les zones rurales. Les filles restent défavorisées, comme dans la plupart des régions du monde, lorsqu’il s’agit d’accéder à l’éducation, principalement dans les zones où persistent des préjugés vis-à-vis de leur éducation;

3. Le faible niveau de qualité de l’éducation observé dans certains pays arabes est la conséquence directe d’une gestion inefficace du secteur et d’un manque de financement adéquat réservé à la formation du personnel enseignant, ainsi qu’aux outils et ressources d’apprentissage;

4. L’éducation de qualité, quelles que soient la définition et la dimension qu’on lui prête d’un pays à l’autre, nécessite un environnement où règnent à la fois la stabilité sociale et la sécurité;

5. Elle requiert également que les syndicats d’enseignants, en tant qu’intervenants indépendants, agissent efficacement sur leurs gouvernements nationaux respectifs, afin que l’éducation pour tou(te)s soit considérée comme une priorité;

6. Un autre facteur en partie responsable de la faible performance des systèmes d’éducation dans les pays arabes est l’impact des récents conflits armés et le nombre exorbitant de populations réfugiées qui en découle;

7. Au cours des premiers mois de 2014, plusieurs pays arabes ont connu des évolutions difficiles, voire radicales. Si le Printemps arabe a permis d’offrir davantage de libertés à bon nombre de populations opprimées dans la région, il n’a cependant pas répondu aux attentes du peuple et s’est rapidement mué en un conflit armé dans plusieurs pays (notamment en Irak, en Libye, en Syrie, au Yémen, et, dans une certaine mesure, en Egypte);

8. Il est attesté que la moitié des enfants non scolarisés à travers le monde (28,5 millions) vit dans des pays en situation de conflit;

9. Les enfants comptent pour la majorité des réfugié(e)s ayant fui les récents conflits syriens et irakiens (qu’il s’agisse de déplacements à l’intérieur des territoires ou vers des pays limitrophes). Il en va de même pour d’autres pays arabes tels que la Libye, la Palestine et le Yémen, mais l’interruption de la scolarité y est moins systématique;

10. En raison d’un afflux sans précédent de populations réfugiées syriennes depuis le début de l’année 2011, et irakiennes depuis juin 2014, toute une génération d’enfants en âge de fréquenter l’école est aujourd’hui non scolarisée;

11. En l’absence de réponse politique et de solution offrant la possibilité aux réfugiés de retourner dans leur pays ou province, tout indique que, d’ici peu, de fortes tensions sociales et ethniques éclateront au sein d’une jeune génération de réfugiés sans formation et totalement désœuvrés. Cette situation est encore aggravée par l’escalade de la violence engendrée par les tensions ethniques et les conflits armés qui secouent plusieurs pays, comme l’Irak, la Libye, la Syrie et le Yémen, sans compter les attaques terroristes dirigées contre les nouvelles démocraties, encore fragiles, qui ont vu le jour dans plusieurs pays arabes;

12. Les conditions désastreuses dans lesquelles vivent les populations réfugiées ont une incidence énorme sur la recrudescence du travail des enfants, outre l’obligation pour nombre d’entre eux de prendre les armes ou de se soumettre, dans le cas des jeunes filles, au mariage précoce; et

13. Un autre problème important est le fardeau économique et social, ainsi que les risques en matière de sécurité, que font peser ces populations déplacées sur le pays d’accueil. Les agences des Nations Unies estiment que, fin 2014, 3,7 millions de réfugiés syriens avaient traversé les frontières pour rejoindre les pays voisins, nombre qui devrait atteindre les 4,3 millions d’individus d’ici la fin de 2015. Environ 52 % des personnes déplacées ont moins de 18 ans et comptent pour près de 25 % de la population des pays d’accueil peu peuplés comme la Jordanie ou le Liban.

Reconnaissant que:

14. Plusieurs efforts limités ont été consentis au niveau national pour améliorer l’éducation dans certains pays de la région arabe, comme en témoignent les améliorations observées dans l’enseignement primaire;

15. Les écarts importants que l’on observe actuellement dans la qualité de l’éducation d’un pays arabe à l’autre, ainsi que le retournement de situation dû à l’interruption de la scolarité dans les pays en situation de conflit, compromettent considérablement les possibilités de la région d’assurer durablement sa croissance économique, son développement et sa stabilité;

16. Les affiliés de l’IE dans les pays arabes adhèrent pleinement au principe selon lequel il importe de garantir à tou(te)s un accès égalitaire à l’éducation;

17. Certaines organisations d’enseignants sont basées dans des pays arabes n’appliquant ni les normes internationales du travail ni les conventions de l’Organisation internationale du Travail. En outre, parmi les États ayant ratifié ces conventions, la plupart l’ont uniquement fait sous la pression des enjeux politiques internationaux et ne les ont jamais mises en œuvre au niveau national; et

18. Malgré les conditions difficiles énoncées ci-avant et les obstacles engendrés par la situation politique et sécuritaire actuelle, les affiliés de l’IE basés dans des pays en situation de transition politique ou de conflit armé ont pris les devants et se sont engagés, à chaque fois qu’ils le pouvaient, à assurer la continuité de la scolarité.

Convient de ce qui suit:

19. Les syndicats d’enseignants de la Structure interrégionale des pays arabes (SIRPA) s’engagent à défendre efficacement l’égalité des chances dans le domaine de l’éducation pour chaque élève et, plus spécifiquement, pour les enfants réfugiés et ceux résidant dans des pays en situation de conflit;

20. Les organisations membres basées dans la SIRPA demanderont instamment à l’IE et à ses affiliés de soutenir leurs revendications civiles et modérées au sein de cette escalade de la violence, afin de pouvoir juguler au maximum le développement d’une jeune génération de réfugiés non scolarisés, livrés à la guerre et à la violence;

21. Les organisations membres de l’IE basées dans la SIRPA se mobiliseront en vue de défendre le droit des enfants à l’éducation, de les protéger contre toute violation de leurs droits humains et de mettre un terme à leur utilisation dans le cadre des conflits ou à des fins d’exploitation sexuelle; et

22. L’IE et ses organisations membres basées dans la SIRPA lanceront un appel à la communauté internationale afin de recueillir les ressources nécessaires pour garantir le droit à l’éducation de toute une génération d’enfants réfugiés.