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Journée mondiale des enseignantes et des enseignants : transformer l’éducation dans le monde entier

Publié 11 octobre 2022 Mis à jour 4 novembre 2022

Le 5 octobre, l’Internationale de l’Éducation et les organisations qui en font partie dans le monde ont fêté la Journée mondiale des enseignantes et des enseignants sous diverses formes. Certains ont choisi d’organiser des évènements, d’autres, des campagnes de sensibilisation, des séminaires ou des manifestations. Tous ont souhaité réaffirmer leur engagement en faveur d’une transformation mondiale de l’éducation et de l’accès pour toutes et tous à un enseignement public de qualité.

Mexique : une grande occasion de consolider les systèmes d’enseignement public dans le pays

Lors de la Journée mondiale des enseignantes et des enseignants, le Sindicato Nacional de Trabajadores de la Educación (Syndicat national des employés de l’Éducation, SNTE) du Mexique, organisation membre de l’Internationale de l’Éducation, a mis en place un événement sur un mode hybride puisqu’il rassemblait 300 participants sur site mais aussi 70.000 personnes en ligne. D’autres organisations membres de l’Internationale de l’Éducation dans le monde participaient à l’événement. Le secrétaire général du SNTE, Alfonso Cepeda Salas, citant la formulation du thème de la Journée pour 2022 (« La transformation de l'éducation commence avec les enseignantes et enseignants ») a expliqué qu’il s’agissait là d’un cri d’alarme lancé aux gouvernements pour qu’ils améliorent le statut des enseignant·e·s, et ceci, particulièrement dans les temps de post-pandémie qui sont les nôtres, dans lesquels nous affrontons de nombreux décrochages scolaires et des lacunes dans les apprentissages.

Cepeda Salas a déclaré que s’offrait à nous en ce jour une grande occasion de consolider les systèmes d’enseignement public, et ceci, en améliorant les conditions de travail des enseignant·e·s, en leur garantissant l’accès au développement professionnel et en réduisant leur charge de travail (notamment les tâches administratives). Salas a également souligné que « la fonction principale des enseignantes et enseignants est d’éduquer. »

Gabon : comment s’assurer du succès des réformes gouvernementales pour améliorer les conditions de vie et de travail des enseignant·e·s

Le bureau exécutif du Syndicat de l'Éducation Nationale (SENA), au Gabon, a fêté la Journée mondiale des enseignantes et des enseignants de façon conjointe avec celle de la campagne « Octobre Rose », consacrée à la lutte contre les cancers chez la femme. Le SENA a rappelé au gouvernement gabonais l’urgence de tenir ses engagements concernant la transformation de l’éducation en général et des écoles du pays en particulier.

Une série d’initiatives ayant pour objectif une prise de conscience publique a eu lieu dans les écoles de la capitale et dans les zones intérieures du pays.

Des messages ont été envoyés aux autorités, tandis que le syndicat incitait les enseignant·e·s et les représentant·e·s syndicaux·ales à prendre conscience de la nécessité de s’assurer que les réformes entreprises par l’État dans le but d’améliorer leurs conditions de vie et de travail étaient menées à bien.

Mongolie : comment développer l’éducation pour en faire un secteur phare de la société

La Federation of Mongolian Education and Science Union (Fédération des syndicats de l’Éducation et de la Science de Mongolie, FMESU, de son acronyme en anglais) a fêté la Journée mondiale des enseignantes et des enseignants, en collaboration avec la fondation allemande Friedrich-Ebert (FES, de son acronyme allemand) et le ministère de l’Éducation et de la Science de Mongolie.

Le ministre de l’Éducation et de la Science de Mongolie a fait part du discours qu’il avait tenu au Sommet sur la transformation de l’éducation et de la volonté qui existait de transformer l’éducation dans le monde ainsi que des moyens envisagés. Dans son discours aux Nations Unies, le ministre a souligné la nécessité d’impliquer les enseignant·e·s et les divers corps de représentations dans des domaines tel que le changement climatique, la transition numérique et le secteur de l’éducation.

Durant la Journée, il a également porté à l’attention de tous que des organisations membres de la Confédération des Syndicats Professionnels de Mongolie (CMTU, de son acronyme anglophone), parmi lesquelles se trouve la FMESU, vont travailler ensemble dans l’objectif de consolider les réussites obtenues dans la résolution commune de nombreux problèmes, ce dont pourra bénéficier le travail des enseignant·e·s et des employé·e·s du secteur de l’éducation, et ceci, dans l’optique de faire de l’éducation un secteur phare de la société mongole.

Portugal : dans le contexte actuel, les systèmes éducatifs ne peuvent pas fonctionner sans des professionnel·le·s adéquatement qualifié·e·s

Au Portugal, la Federação Nacional dos Professores (Fédération nationale des enseignant·e·s, FENPROF) a envoyé un message de la part de tou·te·s les enseignant·e·s et éducateur·trice·s du pays au gouvernement portugais, à l’Assemblée et au grand public, les avertissant que la Journée mondiale des enseignantes et des enseignants 2022 venait marquer un manque de plus en plus visible et inquiétant d’enseignant·e·s adéquatement qualifié·e·s.

Le syndicat a souligné que « la profession enseignante n’est plus considérée à sa juste valeur, et qu’elle perd année après année de son prestige. Cette perte de valeur et de prestige lui est imposée et a lieu à divers niveaux : social, professionnel et matériel. Ceci amène un grand nombre des plus jeunes à abandonner cette profession et les plus jeunes générations à se détourner des filières de formation dans le secteur. »

Le syndicat a également fait un constat sans appel : « Dans le contexte actuel de crise climatique mondiale, de transformations technologiques rapides, en particulier dans le monde du travail, de baisse du degré de confiance accordée aux institutions publiques, d’érosion des valeurs démocratiques et d’augmentation des phénomènes de désinformation, d’intolérance et de haine, les systèmes éducatifs, à plus forte raison, ne peuvent pas fonctionner sans professionnels adéquatement qualifiés ».

Ces propos viennent rappeler de façon claire le profond besoin de redonner de la valeur à la profession enseignante, de redonner de la valeur à celles et à ceux qui continuent de l’exercer, de regagner la confiance de celles et ceux qui l’ont quittée et de convaincre les jeunes générations, en passe de se décider pour leur avenir professionnel, de faire le choix de l’enseignement, a déclaré la FENPROF.

Par conséquent, le syndicat a instamment rappelé au ministère de l’Éducation et au gouvernement portugais dans son ensemble qu’il attendait que ces derniers :

  • Respectent les enseignant·e·s ;
  • Étudient et valident le protocole de négociation pour la durée de la législature en cours afin que soient prises des mesures, qui, entre autres choses, assureraient que les décisions concernant l’évolution des carrières se basent sur le décompte intégral du temps de service, mettraient fin à la précarité, régulariseraient les heures de travail et permettraient une retraite correcte en termes d’âge de départ et de montant versé.

Cap-Vert : le gouvernement doit régler des problèmes flagrants affectant l’éducation et les enseignant·e·s

La Federação Caboverdiana dos Professores (Fédération cap-verdienne des enseignant.e.s, FECAP) a appelé le ministre de l’Éducation du Cap-Vert à résoudre des problèmes flagrants affectant l’éducation et l’enseignement et la vie dans les classes, ainsi que la promotion des enseignant·e·s.

Dans un communiqué qu'elle a fait paraître pour la Journée mondiale des enseignantes et des enseignants, la FECAP exige l’instauration de nouvelles mesures, en particulier pour assurer aux enseignant·e·s un avancement automatique. Le communiqué rappelle aux autorités publiques l’engagement qu’elles ont pris devant les Nations Unies, lors du Sommet sur la transformation de l’éducation, en septembre. Ces engagements comprenaient celui d’améliorer la qualité du système éducatif public, de garantir aux enseignant·e·s le respect du droit du travail et un niveau décent de conditions de travail, d’investir dans la formation des enseignant·e·s, d’accorder aux enseignant·e·s la confiance et le respect dont ils ont besoin et de consulter leurs divers syndicats pour prendre des décisions politiques par le dialogue social.

« Dès lors que ces engagements ont été pris, notre syndicat espère que le budget de l’État allouera pour 2023 les fonds nécessaires à l’amélioration de la condition de la profession enseignante.

Abraão Borges, secrétaire général de la FECAP et membre du comité de l’IE pour la région Afrique.

Hongrie : lutte pour des salaires plus élevés et appel au soutien

La Hongrie a célébré la Journée mondiale des enseignantes et des enseignants d'une manière différente de celle des autres pays. Environ 35.000 étudiant·e·s, enseignant·e·s et parents hongrois·es ont manifesté devant le Parlement dans la capitale Budapest. Il a été initié par les deux principaux syndicats de l'éducation nationale.

La manifestation réclamait des salaires plus élevés et visait à sensibiliser sur le fait que des enseignant·e·s ont été licencié·e·s pour avoir manifesté. Les gens portaient des banderoles avec des citations disant « Ne licenciez pas nos enseignants » ou « Pas d'enseignants, pas d'avenir » pour souligner le problème de la pénurie d'enseignant·e·s. La campagne « Je veux enseigner » a permis aux enseignant·e·s de conserver leur droit de grève, le gouvernement ayant publié un règlement rendant les grèves dans l'enseignement public presque impossibles.

Le gouvernement affirme qu'il augmenterait les salaires des enseignant·e·s une fois que la Commission européenne aura débloqué le financement de la relance de l'UE pour le pays, mais celui-ci a été retenu en raison de conflits liés à l'état de droit.

Les enseignant·e·s et les syndicats prévoient de manifester à nouveau le 14 octobre 2022.

Iraq/Kurdistan: un syndicat d’enseignant·e·s pousse à l’augmentation des standards d’enseignement et d’apprentissage

Le Kurdistan Teachers’ Union (KTU) a organisé un séminaire le 5 octobre. L'événement s'est concentré sur la façon dont le syndicat peut élever les normes d'éducation et d'apprentissage dans la région.

Le séminaire a également souligné la nécessité de :

  • Établir plus de groupes professionnels,
  • Contrôler les processus d'éducation et d'enseignement, et
  • Offrir des projets pour améliorer la qualité de vie des enseignant·e·s.

Le séminaire comprenait une présentation par le formateur pédagogique Khalid Hameed Khoshnaw qui a conseillé au KTU de :

  • Travailler sur les questions de droits humains, en particulier la défense des enseignant·e·s.
  • Fournir du matériel didactique et distribuer des dépliants, des magazines, des livres et des journaux avec l'aide d'organismes bénévoles et de sponsors.
  • Organiser des rassemblements, des séminaires, des conférences et des forums sur la science et l'éducation.

Pour que le syndicat des enseignant·e·s kurdes atteigne ses objectifs et améliore la qualité de vie des enseignant·e·s, il a reçu les recommandations suivantes :

  • Comme il est important de diffuser les messages du syndicat des enseignant·e·s, des groupes de pression doivent être créés dans les organisations et agences gouvernementales concernées.
  • Mettre en place des conseils consultatifs et des réunions pour aborder les principales problématiques liées aux enseignant·e·s et à l'éducation et fournir aux enseignant·e·s et aux autres parties prenantes clés du processus éducatif les orientations nécessaires.
  • Obtenir le soutien d'organisations non gouvernementales, aux niveaux local, national et international, ainsi que celui d'entreprises, du secteur privé, et les Nations Unies devraient mener à bien des initiatives et des activités.