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© UNICEF/UN0691707/Hrom
© UNICEF/UN0691707/Hrom

Écoles détruites, abris anti-atomiques, sirènes de raid aérien : en Ukraine, les enfants entament une nouvelle année scolaire marquée par la guerre

Publié 31 août 2023 Mis à jour 21 mars 2024

Selon l’UNICEF, plus de 1.300 écoles ukrainiennes ont été complètement détruites depuis le début de l’invasion à grande échelle lancée par la Russie en février 2022. La plupart des étudiant·e·s ukrainien·ne·s se voient contraint·e·s de poursuivre leurs études en ligne, loin de leurs enseignant·e·s et de leurs ami·e·s. Alors qu’une nouvelle année scolaire commence en septembre, élèves et enseignant·e·s restent confronté·e·s à la violence, à l’incertitude et à l’appréhension.

« Les écoles ne peuvent jamais être prises pour cibles en période de guerre. Pourtant, en Ukraine, elles ont été visées à maintes reprises. Nos collègues et leurs élèves font preuve de persévérance, malgré les violences qui les menacent. Mais nous ne pouvons sous-estimer les effets dévastateurs de cette invasion. Les syndicats de l’éducation du monde entier sont solidaires de l’Ukraine et continueront à soutenir les efforts déployés par le personnel enseignant ukrainien. »

David Edwards | Secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation

L’éducation prise pour cible

Le système éducatif ukrainien a été durement touché par l’invasion russe. Près de 7 millions d’élèves ont vu leur vie et leur formation scolaire brutalement interrompues. Depuis février 2022, plus de 1.300 établissements scolaires ont été complètement détruits et beaucoup d’autres fortement endommagés.

Les derniers chiffres concernant les inscriptions scolaires indiquent que seul environ un tiers des élèves de l’enseignement primaire et secondaire poursuivent leur formation sur place dans les écoles. Deux tiers des élèves ukrainien·ne·s doivent suivre leurs cours partiellement ou totalement en ligne, car leurs écoles ont été détruites ou ne disposent d’aucun abri pour assurer leur protection en cas de bombardement.

Les résultats d’une enquête nationale indiquent que deux tiers des jeunes enfants en âge préscolaire ne fréquentent pas les écoles maternelles. Sur les lignes de front, trois quarts des parents déclarent ne pas envoyer leurs enfants dans les établissements préscolaires.

Aller à l’école dans le métro

Les autorités ukrainiennes s’efforcent de mettre en place des infrastructures sécurisées pour assurer l’éducation dans le pays. Souvent, cela se traduit par la construction d’abris anti-atomiques pour les écoles.

À Kharkiv, deuxième plus grande ville d’Ukraine comptant 1,4 million d’habitant·e·s avant l’invasion russe, les autorités ont commencé à construire des classes dans les stations de métro pour protéger les élèves contre les missiles. La ville étant située à proximité de la frontière russe, les missiles peuvent atteindre leurs cibles en quelques minutes, ne laissant que peu de temps aux enfants pour rejoindre un abri et se protéger. Après des années d’apprentissage en ligne, plus de 1.000 élèves de Kharkiv auront bientôt la possibilité de suivre des cours en personne dans les 60 classes construites dans le métro de la ville.

Impact à long terme sur l’apprentissage et le bien-être

Si l’expérience de l’enseignement et de l’apprentissage en ligne durant la pandémie de COVID-19 a permis d’assurer la continuité de l’enseignement malgré la guerre, l’absence prolongée de contact avec leurs enseignant·e·s et leurs camarades de classe a eu un impact sur l’apprentissage et le bien-être de plusieurs millions d’élèves.

Selon l’UNICEF, 57 % des enseignant·e·s ukrainien·ne·s signalent une détérioration des compétences des élèves en langue ukrainienne, 45 % en mathématiques et 52 % dans les langues étrangères.

Aujourd’hui, des millions d’enfants ayant déjà subi des pertes, des violences et des déplacements sont également privés de leurs environnements scolaires quotidiens, sûrs et sains, entourés de leurs amis et de leurs enseignant·e·s. Il est primordial d’assurer leur retour en classe en toute sécurité.

Faibles taux de scolarisation parmi les réfugié·e·s ukrainien·ne·s

L’éducation des enfants réfugiés ukrainiens a, elle aussi, été touchée. Toujours selon l’UNICEF, dans 7 pays accueillant des réfugié·e·s ukrainien·ne·s, plus de la moitié des enfants de l’enseignement préscolaire à l’enseignement secondaire ne sont pas inscrits dans les systèmes éducatifs nationaux. Ces faibles taux de participation sont souvent dus aux barrières linguistiques et à une saturation des systèmes éducatifs.

Certain·e·s élèves réfugié·e·s étudient en ligne en utilisant des plateformes d’apprentissage à distance ukrainiennes et les ressources disponibles sur Internet. D’autres ont abandonné leurs études.

« La sécurité du processus éducatif, des enseignantes et enseignants motivés et une éducation de qualité pour nos enfants ont été et restent notre priorité. »

Gueorgui Troukhanov | Président du Syndicat des personnels de l’Éducation et des Sciences d’Ukraine

Les syndicalistes de l’éducation continuent de travailler pour les enseignant·e·s et les étudiant·e·s ukrainien·n·e·s

Le Syndicat des personnels de l’Éducation et des Sciences d’Ukraine (Trade Union of Education and Science Workers of Ukraine; TUESWU), organisation membre de l’Internationale de l’Éducation, est venu en aide aux enseignant·e·s et aux étudiant·e·s du pays depuis les premiers jours de l’invasion à grande échelle.

Au début de cette nouvelle année scolaire en temps de guerre, le président du TUESWU, Georgiy Trukhanov, a souligné que « la question des conditions de travail et d’apprentissage sûres pour les enseignantes et enseignants et les enfants est une priorité absolue pour nous toutes et tous, pour le pays tout entier ».

Le dirigeant syndical a également exprimé son inquiétude face à la pénurie croissante d'enseignant·e·s : « En raison de la guerre à grande échelle en Ukraine, un nombre important d'enseignantes et enseignants se trouvent à l'étranger, et il y a aussi des enseignantes et enseignants qui ne peuvent pas diriger le processus éducatif pour diverses raisons - maisons détruites, manque de gadgets, manque de motivation. Aujourd’hui, la question du retour des enseignantes et enseignants de l’étranger et de leur retour à la profession en général est cruciale.

Le syndicat plaide en faveur d’une augmentation de salaire pour les enseignant·e·s ukrainien·e·s afin de les maintenir dans la profession et de les motiver à retourner dans le pays. Abordant les efforts du syndicat dans ce sens, Trukhanov a expliqué qu’« aujourd’hui plus que jamais, le soutien financier est la question la plus motivante pour les enseignantes et enseignants. Le processus budgétaire est actuellement en cours et notre syndicat, dans ses propositions sur le projet de budget de l'État ukrainien pour 2024, insiste sur une augmentation significative des salaires, ainsi que sur l’apport de garanties dans la législation à ce propos, et sur la préservation de conditions de travail sûres et décentes malgré la situation extrêmement difficile du pays. »

La communauté éducative solidaire de l’Ukraine

Depuis le déclenchement de l’invasion russe, les syndicats de l’éducation à travers le monde se sont mobilisés pour soutenir leurs collègues ukrainien·ne·s. En étroite collaboration avec le TUESWU, les éducateur·trice·s du monde entier ont uni leurs forces pour venir en aide aux enseignant·e·s et aux élèves en Ukraine et à l'étranger.

Au mois de mai dernier, une délégation de l’Internationale de l’Éducation s’est rendue dans la capitale ukrainienne pour délivrer un message fort de solidarité et rencontrer les collègues du TUESWU. La délégation a également rencontré le ministre ukrainien de l’Éducation et des Sciences, le maire de Kiev et plusieurs représentant·e·s de la fédération syndicale ukrainienne, de l’UNICEF et de l’UNESCO.

Pour en savoir plus concernant notre visite, cliquez ici, et regardez la vidéo ci-dessous.