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Internationale de l'Education
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Afrique du Sud: il faut arrêter l'exode des étudiant(e)s des écoles publiques!

Publié 16 mars 2012 Mis à jour 20 mars 2012

Les syndicats de l'éducation sud-africains exigent des mesures du gouvernement pour contrer le départ des étudiant(e)s des écoles publiques vers des écoles privées.

Dans la province du Cap oriental, de plus en plus de parents choisissent d'envoyer leurs enfants dans des écoles privées malgré le coût. La qualité de ces écoles privées varie, mais dans la seule province de Gauteng, le pôle économique de l'Afrique du Sud, plus de 100 nouvelles écoles ont demandé leur inscription en un an, indiquait la BBC récemment.

L'éducation en crise dans la province du Cap oriental

La croissance des écoles primaires privées, en réponse au manque de confiance dans le secteur public, est une tendance qui se répand à travers le pays. Au cours des dix dernières années, le secteur privé de l'éducation a connu une croissance de 75%.

Dans la province du Cap oriental, l'éducation est en crise, et le gouvernement central a repris la gestion du Département de l'Education, à la suite d'allégations de corruption et de mauvaise gestion.

Le gouvernement a lui-même admis que 80% des écoles ne répondaient pas aux attentes. La Ministre de l'Enseignement fondamental, Angie Motsheka, a déclaré récemment que 1.700 écoles n'étaient toujours pas approvisionnées en eau et que 15.000 écoles n'avaient pas de bibliothèque.

Cela explique pourquoi Equal Education, un mouvement d'apprenant(e)s, de parents, d'enseignant(e)s et de membres de la communauté œuvrant pour la qualité et l'égalité dans l'éducation sud-africaine, a lancé une action en justice, afin de forcer le gouvernement à fournir des infrastructures égales à toutes les écoles.

Des problèmes sérieux pour l'éducation publique au niveau national

Henry Hendricks, Directeur exécutif d'un des affiliés sud-africains de l'IE, la National Professional Teachers’ Organisation of South Africa(NAPTOSA), a commenté: « La situation dans la province du Cap oriental est particulièrement perturbante. Cependant, il y a de sérieux problèmes à travers le pays.

« L'ère de l'apartheid a légué au Département de l'Enseignement fondamental, parmi bien d'autres problèmes, de piètres infrastructures dans des milliers d'écoles. Le gouvernement a réalisé énormément de progrès depuis 1994, mais clairement pas assez. C'est dans ce contexte qu' Equal Education intente un procès à la Ministre de l'Enseignement fondamental pour avoir manqué d'offrir des infrastructures appropriées à toutes les écoles. »

Il a poursuivi: « Le rapport de la BBC est correct lorsqu'il indique que le nombre d'écoles indépendantes peu coûteuses est en augmentation. En 2011, 3,9% des apprenant(e)s fréquentaient des écoles indépendantes par rapport à 2% en 2001. Il y a un certain nombre de raisons pour cette croissance des écoles indépendantes: des parents insatisfaits du système public, une plus grande aisance financière de certains parents, une plus grande mobilité des parents et des apprenant(e)s, et un manque de place dans les écoles de localités spécifiques. »

« Toutefois, il y a des milliers d'enseignant(e)s assidu(e)s qui font de l'excellent travail », a-t-il dit. Il y a des écoles qui excellent malgré le manque de ressources. Il y a des écoles rurales et des écoles des banlieues ou des townships qui fonctionnent bien et qui ont le soutien de leurs communautés de parents.

Une éducation publique de qualité est une responsabilité gouvernementale

Chris Klopper, le dirigeant d'un autre affilié sud-africain de l'IE, Suid-Afrikaanse Onderwysersunie(SAOU), a déclaré: « Un certain nombre de facteurs ont un impact sur l'offre éducative et détournent les parents des écoles publiques. Un exemple est le fait que le département de l'Education de la province du Cap oriental soit actuellement administré par le gouvernement central et qu'il y ait plus de 800 postes temporaires d'enseignement non occupés. Ce type de situation crée des perceptions extrêmement négatives parmi les parents. »

Le syndicat a également mis en évidence que le succès de l'éducation n'est pas lié à ses infrastructures, mais plutôt au dévouement de ses personnels. « Le SAOU implore les autorités éducatives de mettre de l'ordre dans le secteur, afin d'éviter un nouvel exode des écoles publiques », a déclaré un porte-parole.

L'IE soutient fermement ses affiliés en Afrique du Sud dans leur lutte pour assurer que le financement de l'éducation publique reste la responsabilité de leur gouvernement, et éviter que toute forme de partenariat public-privé ou de multipartenariat dans le domaine de l'éducation ne reprenne cette responsabilité.

La Résolution de l'IE soutient une éducation financée par des fonds publics

La Résolution sur le financement soutenu de l’éducation publique en pleine crise économique, adoptée au 6ème Congrès mondial de l'IE, tenu au Cap, en Afrique du Sud, en juillet 2011, affirme en outre qu' “une éducation publique, gratuite et universelle offrant à toutes et tous les mêmes chances en matière d'éducation, constitue un soutien essentiel à la démocratie au sein des sociétés, et représente un facteur clé pour permettre aux individus et aux communautés d'échapper à la pauvreté.”

Ce document politique reconnaît également qu' « une éducation financée sur fonds publics, autonome et démocratiquement responsable fait partie de la solution à long terme à toute récession économique, étant donné qu'un système d'éducation efficace et bien financé garantit les succès futurs, le bien-être et la capacité à travailler de la prochaine génération ».