Les syndicats de l'éducation unissent leurs forces pour soutenir les enseignant·e·s de Palestine qui, envers et contre tout, rendent l’éducation possible
Les organisations membres de l’Internationale de l’Éducation en Italie, au Portugal, en Afrique du Sud, en Espagne et au Royaume-Uni, se sont associées dans le cadre d’un projet visant à soutenir le Syndicat des enseignant·e·s palestinien·ne·s (General Union of Palestinian Teachers – GUPT) et leurs étudiant·e·s.
Les syndicats SADTU (Afrique du Sud), NEU (Royaume-Uni), FENPROF (Portugal), FLC CGIL (Italie), FECCOO (Espagne) et STEs Intersindical (Espagne) collaborent avec le GUPT, le syndicat général des personnels enseignants palestiniens, en vue de proposer à des centaines de femmes enseignantes palestiniennes une série de formations centrées sur le renforcement des capacités. D’autre part, une aide financière sera accordée aux centaines d’enseignant·e·s de Gaza et de Cisjordanie qui n’ont plus perçu leur salaire depuis plus d’un an.
« Nous tenons à exprimer notre plus profonde solidarité aux syndicalistes et aux enseignants et enseignantes de Palestine, ainsi qu’à rendre hommage à leur engagement indéfectible à assurer la continuité de l’enseignement envers et contre tout », ont déclaré les syndicats participants.
S’opposer au « scolasticide » à Gaza
Les organisations membres de l’IE participantes ont annoncé qu’elles unissaient leurs forces pour sensibiliser au « scolasticide » à Gaza, soutenir leurs collègues qui en sont victimes et enrayer la violence à l’égard des communautés scolaires.
Comme le soulignent les syndicats : « Les événements dont le monde est témoin à Gaza sont sans précédent en termes de pertes civiles. Depuis le 7 octobre 2023, Israël a bombardé les 11 universités implantées sur le sol de Gaza. Près de 370 écoles ont été endommagées ou détruites, laissant derrière elles plus de 620.000 élèves sans scolarisation. Toutes les bibliothèques publiques sont parties en fumée. Les Nations Unies qualifient cette situation de "scolasticide", ou l’anéantissement volontaire et systématique de l’éducation par l’arrestation, la détention et l’assassinat des enseignants et enseignantes, des élèves et des personnels de l’éducation, et la destruction des infrastructures éducatives. »
Scandalisés par ces violences et injustices permanentes, les syndicats ont lancé un projet visant à apporter un soutien psychologique et financier aux enseignant·e·s et élèves de Gaza et de Cisjordanie. Le but de ce projet est de permettre aux collègues de Palestine de continuer à exercer leur profession et de garder l’espoir malgré le chaos.
Aider les personnels enseignants de Palestine à acquérir les compétences socio-émotionnelles pour soutenir leurs élèves en période de guerre
Les formations, soutenues par les collègues internationaux·ales, seront dispensées par le GUPT à des centaines de femmes enseignantes dans toute la Palestine. La série a été lancée le 15 juillet, avec une formation en ligne adressée à une centaine de femmes enseignantes de Cisjordanie récemment entrées dans la profession enseignante.
Les séances se poursuivront durant les deux prochains mois et aborderont des thématiques telles que l’apprentissage socio-émotionnel, l’utilisation des technologies dans le cadre de l’enseignement et le rôle des femmes dans les syndicats.
Façonnées par les réalités de la guerre, l’occupation et les traumatismes généralisés vécus par les élèves et les enseignant·e·s, les séances de formation visent à améliorer les compétences socio-émotionnelles des femmes enseignantes, à renforcer leur capacité à concevoir des activités d’apprentissage socio-émotionnel et à utiliser les technologies dans le cadre de leur enseignement, à élargir leur rôle au sein des syndicats, à développer leur compétence à utiliser l’apprentissage par projet, et à dispenser un enseignement politique abordant la question du genre, le syndicalisme et la lutte contre le racisme.
D’autre part, les membres du GUPT continueront à apporter un soutien émotionnel aux enfants de Gaza et de Cisjordanie marqués à vie par les traumatismes qu’ils ont vécus.
« Nous tenons à ce que nos membres et nos collègues syndicalistes de l’éducation dans le monde sachent que, chaque jour à Gaza, Ramallah ou Jénine, une femme enseignante se réveille et, malgré les destructions qui l’entourent, tente de trouver ses élèves et d’assurer leur éducation », ont réitéré les membres du GUPT dans une vidéo.
Les enseignant·e·s appellent à la paix
L’Internationale de l’Éducation (IE) appelle à la protection de l’éducation et à la sauvegarde des enfants et des enseignant·e·s à Gaza et dans toutes les zones touchées par des conflits. L’IE a également condamné les attaques perpétrées par le Hamas le 7 octobre 2023 et a appelé à la libération de tou·te·s les otages.
Comme l’indique la Résolution du Congrès de l’IE sur l’éducation à la paix : « Les guerres et les conflits constituent les violations les plus graves des droits humains ». Le Congrès de l’IE a souligné « la nécessité urgente de défendre la paix, la démocratie, les droits humains et les valeurs de solidarité et d’humanisme en tant que piliers de sociétés justes et équitables ».
Face à la recrudescence des conflits dans le monde, l’IE lance un appel permanent à la paix, au désarmement et au dialogue inclusif, impliquant les représentant·e·s des syndicats et faisant valoir le droit international et les droits humains. Nous défendons le droit de tous les peuples, y compris le peuple palestinien, à l’autodétermination, à la dignité et à la liberté face à l’oppression.
L’IE appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et demande instamment aux gouvernements, aux responsables politiques et aux organismes internationaux de renouveler leurs engagements en faveur du multilatéralisme, de la paix et du respect de la dignité humaine, en s’appuyant sur les principes de démocratie, d’autodétermination, de justice sociale et d’équité. L’IE réaffirme également que l’éducation n’est pas uniquement un outil pour la paix, mais aussi pour la libération et la justice. Face à l’occupation et à l’oppression systémique, l’éducation donne aux communautés les moyens de résister et de reconstruire.
L’IE se déclare solidaire de tous les peuples victimes de la guerre et continuera à plaider en faveur d’un monde pacifique et juste où les écoles restent des lieux de joie, d’apprentissage et d’épanouissement.