L’éducation, force motrice de l’autodétermination, de l’équité et de la réappropriation de systèmes de connaissances
Journée internationale des peuples autochtones
Lors de la célébration de la Journée internationale des peuples autochtones (9 août), Le président Mugwena Maluleke a réaffirmé l’engagement de l’Internationale de l’Éducation (IE) envers le droit des peuples autochtones à un enseignement public gratuit de qualité qui tienne compte de leur culture.
Le 9 août et chaque jour, les organisations membres de l’Internationale de l’Éducation (IE) défendent et promeuvent les droits collectifs des enseignant·e·s et des élèves autochtones, en plaidant pour que leurs voix soient entendues et prises en considération dans les politiques éducatives qui affectent leurs communautés.
« Partout dans le monde, nous travaillons ensemble pour faire en sorte que l’éducation autochtone devienne une force motrice de l’autodétermination, de l’équité et de la réappropriation de systèmes de connaissances, plutôt qu’un vecteur d’assimilation ou de marginalisation. »
Les syndicats de l’éducation se tiennent également aux côtés de mouvements plus vastes défendant les droits fonciers, la préservation de la culture, la justice climatique et la décolonisation.
Lors de son 10e Congrès mondial, qui s’est tenu en Argentine en 2024, l’IE a décidé d’intégrer les voix autochtones à tous les échelons de la prise de décision et de l’élaboration des politiques des syndicats. Dans le cadre de cet engagement, l’IE a formellement mis en place un organe consultatif des peuples autochtones, comme l’y invitait la résolution intitulée « Affirmer et défendre les droits des peuples autochtones dans et par le syndicalisme ».
Cet organe consultatif entamera ses travaux dans le courant de cette année et élaborera une politique de l’IE consacrée aux droits des peuples autochtones dans le secteur de l’éducation, proposera des initiatives de plaidoyer et de renforcement des capacités et guidera l’action de l’IE tout au long de la Décennie internationale des langues autochtones décrétée par les Nations Unies.
Un réseau d’organisations membres de l’IE travaillant avec les peuples autochtones complétera les efforts de l’organe consultatif en encourageant les échanges, la collaboration et une action collective au niveau mondial.
Intelligence artificielle et technologie : nouvelles opportunités et nouveaux défis pour les enseignant·e·s autochtones
Cette année, la Journée internationale des peuples autochtones est placée sous le thème « Les peuples autochtones et l’intelligence artificielle (IA) : défendre les droits, façonner l'avenir ».
Réfléchissant à ce thème, le président Maluleke a souligné que le travail de l’IE « repose sur le principe de l’inclusion démocratique, l’intégrité culturelle et la solidarité » et a observé que « ceci est d’autant plus important aujourd’hui, alors que l’intelligence artificielle et les technologies numériques représentent tout à la fois des opportunités et de nouveaux défis pour les enseignants et enseignantes autochtones et leurs communautés ».
L’absence des voix des peuples autochtones dans la gouvernance de l’IA reflète des schémas plus larges d’exclusion. L’IA peut aussi détourner abusivement les savoirs, les données, la culture et les identités des peuples autochtones, qui sont souvent utilisés dans des ensembles de données d’entraînement sans leur consentement ou leur validation, ce qui renforce les pratiques de récupération et porte atteinte à la pédagogie autochtone. Des systèmes d’IA biaisés peuvent aggraver les stéréotypes, la surveillance ou les erreurs d’identification des élèves et des communautés autochtones. En outre, de nombreuses communautés autochtones ne disposent toujours pas d’une infrastructure numérique, ce qui limite l’accès équitable aux outils d’IA et renforce les fractures éducative et numérique.
Le développement et l’utilisation de l’IA doivent respecter les droits des peuples autochtones à l’autodétermination, leur langue et leur héritage culturel. Les peuples autochtones doivent également être respectés en leur qualité de titulaires de droits, de co-créateurs et de décideurs. Un consentement éclairé, préalable et librement accordé est également essentiel.
Le personnel enseignant autochtone et les syndicats jouent un rôle clé dans le contrôle de la manière dont l’IA entre dans les écoles et dont elle interagit avec les savoirs traditionnels, les données relatives aux élèves et les outils d’apprentissage des langues. Les syndicats de l’éducation plaident en faveur de la participation directe des peuples autochtones à l’élaboration des stratégies nationales relatives à l’IA, à la conception du programme des cours numériques et dans les enceintes mondiales sur les politiques relatives aux technologies éducatives, tout en protégeant leur souveraineté sur leurs données et leurs droits de propriété intellectuelle et en réclamant des investissements publics pour mettre au point des outils pédagogiques numériques déterminés par les communautés autochtones en tant qu’alternatives équitables aux technologies déterminées par les entreprises.
L’Internationale de l’Éducation abordera les préoccupations des peuples autochtones concernant l’intelligence artificielle lors de la prochaine Conférence mondiale de l’IE sur l’intelligence artificielle. La conférence se penchera sur la manière dont les systèmes d’IA, souvent mis au point sans la participation des peuples autochtones, peuvent renforcer une dynamique néocoloniale, les préjugés et l’exclusion. Les discussions porteront sur l’incidence de l’IA sur l’équité et l’inclusion, tout en mettant en évidence des solutions alternatives fondées sur les droits et l'importance de faire participer les peuples autochtones à la conception des technologies éducatives.
Conférence mondiale des peuples autochtones sur l’éducation 2025
L’édition 2025 de la Conférence mondiale des peuples autochtones sur l’éducation (WIPCE, acronyme anglophone) marquera un autre moment important pour les syndicats de l’éducation des peuples autochtones. Organisée à Aotearoa, en Nouvelle-Zélande, du 16 au 20 novembre, la conférence sera l’occasion pour les organisations membres de l’IE de discuter de leur travail et de leurs perspectives, d’échanger avec des collègues et d’élaborer une stratégie pour l’avenir.
Les syndicats de la région ont fait part de leurs attentes et de ce qu’ils espèrent de la conférence :
« En tant qu’enseignant de métier travaillant désormais pour la Papua New Guinea Teachers Association, j’espère que la WIPCE sera un espace pour partager des expériences vécues et apprendre des choses des enseignant·e·s autochtones du monde entier. Elle contribuera à renforcer nos actions de plaidoyer pour une éducation culturellement responsable et à soutenir nos efforts en vue d’améliorer les droits et la situation des enseignants et enseignantes en Papouasie-Nouvelle-Guinée. »
« En tant que femme mélanésienne et dirigeante syndicale des îles Solomon, je participe à la WIPCE pour partager notre histoire, apprendre des autres et défendre une justice de l’éducation axée sur les voix, les savoirs et le leadership des peuples autochtones. »
« La WIPCE est le plus grand rassemblement de peuples autochtones en matière d’éducation dans le monde. Pour le National Tertiary Education Union, ce sera l’occasion de montrer comment nous faisons avancer les droits des aborigènes et des insulaires du détroit de Torres dans l’enseignement supérieur en Australie. Notre exposé porte essentiellement sur ce que nous avons accompli jusqu’ici en tant que syndicat et comment ces réalisations changent le paysage de l’enseignement supérieur en Australie en augmentant les débouchés professionnels dans le secteur. »