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Internationale de l'Education
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Ouganda: Les syndicats de l'éducation exigent des salaires équitables et décents

Publié 7 juin 2012 Mis à jour 11 juin 2012

Un des affiliés de l'IE, le Uganda National Teachers Union (UNATU) a rejeté une augmentation salariale proposée par le Ministère de l'Education, dans sa proposition budgétaire pour l'exercice financier 2012-2013, car il la considérait comme « inhumaine et minant la dignité des enseignants » L'augmentation salariale de 15% promise aux enseignant(e)s est insignifiante dans le contexte d'un taux d'inflation de 30%, et n'améliorera pas leur niveau de vie.

La Secrétaire générale d'UNATU et membre du Bureau exécutif de l'IE, Teopista Birungi, a également déploré que le gouvernement s'écarte de l'augmentation salariale « équitable » convenue antérieurement avec le syndicat.

« Que représente une augmentation salariale de 15% par rapport à une inflation de 30%? Est-ce réaliste? », a-t-elle demandé. « Nous maintenons notre revendication de 500.000 Shillings ougandais (UGX) pour les enseignant(e)s les moins payé(e)s, et une augmentation proportionnelle pour les autres catégories d'enseignant(e)s.

Une augmentation salariale insuffisante

Selon la nouvelle proposition budgétaire du gouvernement, l'enseignant(e) primaire le/la moins rémunéré(e) gagnerait 301.000 UGX après déduction d'impôts, au lieu de 267.300 UGX, alors qu'un(e) enseignant(e) de quatrième année gagnerait 349.208 UGX, au lieu de 326.973 UGX après déduction d'impôts.

Birungi et la Présidente d'UNATU, Margaret Rwabushaija, ont déclaré qu'il était humiliant que le gouvernement augmente les salaires de seulement 30.000 UGX, en dépit du coût de la vie exorbitant.

Citant la réduction du pourcentage du budget national consacré à l'éducation de 17% en 2007/2008 à 14% en 2011/2012, les responsables du syndicat de l'éducation ont noté amèrement que l'éducation publique n'était plus une priorité parmi les dépenses gouvernementales. Elles ont prévenu que la faible augmentation salariale pourrait porter atteinte au moral des enseignant(e)s et condamner les enfants ougandais « à une catastrophe scolaire délibérée, parce qu'ils n'auront pas d'enseignant(e)s qualifié(e)s. »

Les député(e)s soutiennent les syndicats de l'éducation

Les député(e)s membres du Comité des services sociaux ont soutenu les revendications des syndicats, rejetant comme « négligeable » l'augmentation salariale prévue de 6 à 15%, en fonction du niveau de salaire.

Ils/elles ont insisté pour que le gouvernement tienne ses promesses de donner aux enseignant(e)s une augmentation salariale de 30%. En réponse à une grève nationale des enseignant(e)s en juillet 2011, le gouvernement ougandais s'était engagé à leur octroyer une augmentation salariale de 30% pour faire face aux pressions inflationnistes croissantes.

Toutefois, durant une audience avec des député(e)s à propos du budget à consacrer à l'éducation pour le prochain exercice financier, le Ministre de l'Education et des sports, Kamanda Bataringaya, a dit que le gouvernement était contraint financièrement de revenir sur sa promesse faite aux enseignant(e)s.

Bataringaya a dit que le gouvernement ne revenait pas sur sa promesse, mais essayait de la mettre en œuvre « par phases successives ». « L'augmentation salariale pour le prochain exercice financier sera de 15%, ensuite de 20% pour l'exercice financier 2013/14 et de 15% pour l'exercice financier 2014/15 », a expliqué le Ministre.

« Nous ne devrions pas approuver le budget consacré à l'éducation tant que les enseignant(e)s ne reçoivent pas une augmentation salariale appropriée », a prévenu la députée Jacqueline Amongin. Ce budget, s'il est voté à la Chambre dans sa forme actuelle, devrait être rejeté, car les enseignant(e)s de ce pays méritent mieux.

La nécessité d'un dialogue social plus fort

Les dirigeantes d'UNATU, Birungi et Rwabushaija, ont indiqué de manière insistante que l'augmentation salariale des enseignant(e)s ne devrait pas être simplement offerte, mais négociée collectivement entre le gouvernement et le syndicat.

S'adressant à des journalistes à la Maison des enseignants, Birungi a demandé que la Ministre de l'Education, Jessica Alupo, explique au public l'augmentation de 15%.

Elle a dit que le fait de ne pas répondre aux griefs des enseignant(e)s portait préjudice à la qualité de l'éducation en Ouganda. Elle a également condamné l'attitude des responsables gouvernementaux aisés qui envoient leurs enfants dans des écoles privées.

Birungi a applaudi la reconnaissance par le gouvernement des différents syndicats du pays par le biais d'accords signés en octobre dernier. Mais elle a exprimé sa déception à propos du fait que les bénéfices des accords étaient minés par l'exclusion des enseignant(e)s du processus de négociation avec le gouvernement.

L'IE est pleinement solidaire de son affilié ougandais, et exhorte les autorités de ce pays à respecter les droits des syndicats de l'éducation à la négociation collective et au dialogue social, et à garantir des salaires décents aux éducateurs/trices ougandais(es).