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Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

Les gouvernements doivent respecter leurs obligations en matière de droits humains

Publié 16 mai 2013 Mis à jour 17 mai 2013

A l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie, l'IE appelle les gouvernements à respecter leurs obligations considérées comme universelles, indivisibles et en cohérence avec les droits humains, telles que précisées dans la Déclaration et le Plan d’action de Vienne de l’ONU (UN VDPA, juin 1993).

L’IE célèbre les progrès réalisés en faveur de la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transsexuelle (LGBT) au cours des 20 dernières années. Elle incite ses organisations membres à entreprendre des actions plus concrètes pour contribuer à l’amélioration d’une éducation de qualité non discriminatoire pour mettre les droits humains et des syndicats au centre de nos plans d’action.

Des progrès réalisés… mais insuffisants

L’homosexualité a été retirée de la classification internationale des maladies de l'Organisation mondiale de la santé le 17 mai 1990. Malgré cette réalisation importante, soixante-dix pays punissent encore les relations entre personnes du même sexe et cinq appliquent la peine de mort pour les personnes homosexuelles.

Egalité et non-discrimination

Pourtant, le droit universel à l’éducation permet à tout un chacun de revendiquer et de faire appliquer les droits humains, y compris les droits syndicaux, sans aucune discrimination. « Dans l’environnement scolaire, l’homophobie est une violation directe du droit à une éducation de qualité », a déclaré Irina Bokova, la Directrice de l’UNESCO. Les écoles sont « ... un environnement sûr qui doit être garanti par l’Etat », a-t-elle ajouté.

Pour parvenir à une éducation de qualité, toutes les écoles doivent lutter contre la discrimination, c’est-à-dire combattre les préjudices et les stéréotypes de genre, le harcèlement et les agressions, y compris le harcèlement ou les agressions homophobes. Les systèmes scolaires gratuits, publics et polyvalents réclament des moyens financiers, ainsi que des programmes de formation des enseignant(e)s qui promeuvent un apprentissage intéressant et engagé pour tou(te)s les étudiant(e)s sans discrimination fondée par exemple sur le genre et l’identité de genre, l’orientation sexuelle ou l’origine ethnique.

La formation des enseignant(e)s devrait montrer comment promouvoir un comportement antidiscriminatoire en classe. Il faudrait s’assurer d’une formation non homophobe qui inclue les droits humains à tous les niveaux. Les politiques de recrutement devraient refléter l’ensemble de la société en termes de genre, classe, origine ethnique ou croyance, sexualité, handicap et communauté migrante. Afin de parvenir à une telle représentation diverse, la profession enseignante devrait posséder une valeur élevée et être très attirante.

Les gouvernements doivent agir de façon proactive lorsqu’ils font la promotion de politiques de recrutement inclusives et ils doivent supprimer toute entrave à l’accès à la profession enseignante – et notamment toutes les discriminations contre les personnes LGBT au travail – due à des croyances et des comportements sexistes, racistes ou homophobes. A cet égard, l’IE a accueilli positivement la publication de l’UNESCO de l’année dernière « Politiques rationnelles et bonnes pratiques en matière d’éducation au VIH et à la santé ».

20 ans plus tard: la lutte continue

Même si la Conférence mondiale sur les droits de l'Homme des Nations Unies qui s’est tenue à Vienne en 1993 a représenté une étape importante pour la reconnaissance des droits des femmes en tant que droits humains, de nombreux défis subsistent. La discrimination envers la communauté LGBT a été abordée avec succès par le Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l'Homme (OHCHR). Les organisations de la société civile ont obtenu la création de ce bureau lors de la Conférence de Vienne.

En mars 2012, le premier débat formel de l’ONU sur les questions relatives aux LGBT s’est tenu lors du Conseil des droits de l’Homme à Genève. La résolution de l’ONU intitulée « Droits de l’Homme, orientation sexuelle et identité de genre » adoptée par le Conseil des droits de l’Homme le 17 juin 2011 a fait rédiger le rapport de l’ONU « Lois et pratiques discriminatoires et actes de violence dont sont victimes des personnes en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre ». Le rapport publié par l’OHCHR, souligne « des violations systématiques des droits de l’Homme qui exigent l’adoption de mesures » et déclare que les gouvernements ignorent trop souvent les violences et discriminations basées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre.

Au niveau international, la montée du conservatisme et du fondamentalisme dans certains pays inquiète. Certains Etats, groupes conservateurs et religieux empêchent l’application des droits humains en faisant des déclarations qui cherchent à affaiblir les textes entérinés dans des accords passés. Ils s’opposent à des dispositions qui auraient renforcé les mesures prises pour lutter contre la violence de genre et protégé les droits relatifs à la santé et à la sexualité, les droits des LGBT ou ceux des migrants.

Manipulation d’intention

A l’heure actuelle, certains Etats cherchent à manipuler les textes de la VDPA afin de leur faire dire le contraire de leur sens voulu. Plutôt que de reconnaitre « l’universalité » des droits humains, ces Etats parlent de droits humains « universellement reconnus », excluant ainsi tou(te)s ceux/celles qui ne les reconnaissent pas. Ils invoquent le principe de non-discrimination et ils expliquent pourquoi ce principe ne s’applique pas à la communauté LGBT. Les appels aux « valeurs traditionnelles » sont en augmentation, substituant de cette façon le relativisme culturel aux normes universelles.

Des réformes sociales comme le mariage entre personnes du même sexe adopté par la France, ont soulevé une forte opposition de la part de groupes conservateurs et ultra-catholiques dans un pays où l’on pensait que l’Eglise romaine catholique avait perdu la plupart de son influence auprès du grand public.

En revanche, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a déclaré que le harcèlement homophobe était « un outrage moral, une grave violation des droits de l’Homme et une crise de santé publique ».

Il est grand temps d’agir

« Les syndicats de l’éducation ont un rôle à jouer dans la promotion d’actions pour lutter contre les discriminations, et notamment contre l’homophobie et la transphobie, dans les syndicats et dans les écoles », a déclaré le Secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen. « L’IE s’assure que les droits humains de tous les syndicalistes sont protégés contre toute discrimination sur le lieu de travail, particulièrement ceux des personnes LGBT dont l’existence même est niée par certains gouvernements. »

L’IE appelle ses membres à défendre et à étendre les droits des syndicats, notamment la liberté d’expression et de rassemblement passif pour tous, y compris pour les personnes LGBT.

Liens supplémentaires:

Rapport du Haut-Commissaire au Conseil des droits de l’Homme sur la violence et la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre(15 décembre 2011)

Publication de l’UNESCO « Politiques rationnelles et bonnes pratiques en matière d’éducation au VIH et à la santé »

Homophobie: état des lieux 2013