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Internationale de l'Education
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Maroc: Progression inégalitaire de l’éducation

Publié 3 juin 2014 Mis à jour 11 juin 2014

Du 6 au 8 juin, l’IE organisera une conférence pour permettre à ses affiliés des pays arabes de mesurer les progrès accomplis par leur gouvernement en matière d’éducation. Ceci s’inscrit dans le cadre de la campagne Uni(e)s pour l’éducation de l’IE et vise à placer l'éducation au cœur des priorités des Objectifs pour le développement post-2015.

Le rapport annuel mondial de l’UNESCO sur le suivi de la mise en œuvre du programme Education pour Tous donne une image contrastée des progrès accomplis. Des pays comme le Maroc notamment semblent à la traine. La scolarité moyenne d’un enfant y est de seulement 8 années.

Le Maroc figure dans la catégorie du rapport UNESCO parmi les 21 plus mauvais élèves de la classe, aux côtés de la Mauritanie et d’autres pays d’Afrique subsaharienne. L’Egypte ou l’Algérie sont loin devant en matière d’éducation et d’alphabétisme.

Moins de la moitié des élèves marocains acquièrent les apprentissages fondamentaux. Moins de 35 pour cent des élèves atteignent la 4ème année primaire en ayant acquis les fondamentaux. Le taux d’alphabétisme des adultes, qui est passé de 42 pour cent en 1994 à 56 pour cent en 2011, est le taux le plus faible du monde arabe et un des plus faibles au monde, note le rapport sur l’Education Pour Tous. Le taux d’alphabétisme des 15-24 ans stagne à 79pour cent, là où presque tous les pays arabes sont aux alentours de 95pour cent.

Selon les affiliés de l’IE au Maroc, plusieurs circonstances expliquent cet échec.

Développement fulgurant de l’enseignement privé

L’Etat soutient le développement des écoles privées par une politique d’incitants fiscaux. Le Maroc est en train de créer un système à deux vitesses: un système public sous-financé et sous-équipé, et un système privé qui profite aux plus aisés. L’école ne joue plus son rôle d’ascenseur social.  Le rapport de l’UNESCO met en garde contre la grande disparité entre riches et pauvres en matière d’éducation, parmi les plus élevées au monde. Et à diplôme égal, un(e) étudiant(e)sorti(e) d’une haute école privée sera plus facilement engagé(e) car les chefs d’entreprise eux-mêmes sortent des écoles privées.

L’aménagement du territoire privilégiant les grandes zones urbaines a délaissé les zones rurales dont les écoles sont éloignées et sous-équipées. Les établissements y sont difficiles d’accès et non pourvus d’eau, d’électricité et de chauffage. Les enseignant(e)s peu nombreux/euses et les manuels scolaires de piètre qualité.

L’éducation est traditionnellement envisagée sous l’angle sécuritaire et pas d’un point de vue émancipateur. Lors des « années de plomb » du Maroc, l’opposition politique était, comme dans beaucoup de pays, menée par l’intelligentsia universitaire. Ceci a créé une méfiance vis-à-vis des intellectuel(le)s au plus haut sommet de l’Etat et jusqu’à ce jour, l’éducation nationale est contrôlée et gérée sous l’angle sécuritaire plutôt qu'éducatif. A cela, se sont ajoutés au fil des années, les plans d'ajustement structurel des institutions financières.

Absence de dialogue social sur l’éducation

Enfin, les syndicats de l’éducation déplorent d’être très peu consultés. Alors qu’évidemment les autorités marocaines tendent à rejeter les faiblesses du système éducatif sur les enseignant(e)s, les élèves ou les parents.

L'IE, par la voix de son Secrétaire général Fred van Leeuwen et en accord avec les syndicats marocains, a demandé aux autorités marocaines de faire de l’éducation nationale, une priorité. « Pour obtenir une éducation de qualité pour tous, le gouvernement marocain doit impliquer les enseignantes et enseignants et les personnels afin de remettre à plat la stratégie éducative visant à améliorer la qualité de l’éducation et le statut des enseignants », a déclaré van Leeuwen.