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Internationale de l'Education
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Les syndicats de l’enseignement font bloc contre l’accord de libre-échange

Publié 6 mai 2015 Mis à jour 29 mai 2015

Aux quatre coins du globe, les affiliés de l’Internationale de l’Education déploient l’artillerie lourde contre les plans visant à négocier l’inclusion des services publics dans l'Accord sur le commerce des services, en s’adressant sans ambages à leur gouvernement: l’éducation n’est pas à vendre.

Le message des éducateurs/trices est sans équivoque. Manifestant leur résistance et leur solidarité, les syndicats de l’enseignement du monde entier affirment sans détours que les services publics, y compris l’enseignement public, ne sont pas des produits à mettre sur le marché.

Un document récemment divulgué relatif à l'Accord sur le commerce des services ( ACS) a révélé que les gouvernements de Norvège, Colombie, Nouvelle-Zélande et Australie souhaitaient voir les services éducatifs inclus dans le nouveau pacte commercial.

Aujourd’hui, les affiliés de l’Internationale de l’Education dans le monde entier ont publié des déclarations exprimant leur opposition à l’ACS, actuellement négocié par 24 membres de l’Organisation mondiale du Commerce.

Les services publics sont en jeu et, pour l’IE et ses affiliés, l’enseignement public.

« Comme l’a laissé entendre le gouvernement colombien, l’inclusion de l’éducation dans l’ACS place l’Etat au service des grandes entreprises », a déclaré Luis Grubert, Président du syndicat colombien FECODE.

Grubert a également indiqué que l’ACS pouvait exercer une influence négative sur les conditions de travail des enseignant(e)s et sur la qualité de l’enseignement, dès lors qu’il permettait l’entrée en jeu massive des prestataires privés dont les normes de qualité ne pouvaient être réglementées par l’Etat.

Pour beaucoup, à l’instar de la Présidente de l’ Australian Education Union(AEU) Correna Haythorpe, le manque de transparence qui entoure les négociations est particulièrement préoccupant, notamment la non-divulgation des détails définitifs de l’accord pendant les cinq années suivant sa signature.

« Le peuple australien devrait se soucier de la menace que représentent ces négociations secrètes pour l’enseignement public et s’inquiéter du manque de transparence », a déclaré Haythorpe dans sa déclaration conjointe avec le National Tertiary Education Union(NTEU).

Faisant écho à Haythorpe, la présidente du NTEU Jeannie Rea a déclaré que son syndicat « appuie une définition plus claire des services publics, laissant aux gouvernements le droit de fournir et financer ces services publics sans être contraints à débloquer des subventions au profit des prestataires privés ».

Les dirigeant(e)s syndicaux/ales de Nouvelle-Zélande se sont uni(e)s dans le cadre d’un communiqué de presseétablissant clairement qu’aucune entente ne serait trouvée quant à l’inclusion de l’éducation dans l’accord de libre-échange.

Le secrétaire national du New Zealand Educational Institute(NZEI), Paul Goulter, a fait savoir que l’ACS « pouvait aboutir à des poursuites judiciaires engagées par des sociétés étrangères à l’encontre de tout gouvernement cherchant à légiférer contre l’expansion des écoles sous contrat ('charter schools') ou pour améliorer la qualité des services privés d’éducation de la petite enfance ».

Aux yeux de la présidente du Tertiary Education Union(TEU) Sandra Grey, « l’accord proposé restreindrait le droit des futurs gouvernements de réglementer la qualité et la prestation des services d’éducation et de protéger les aspects uniques propres au système éducatif néozélandais ».

La présidente de la Post Primary Teachers’ Association(PPTA) en Nouvelle-Zélande, Angela Roberts, a quant à elle déclaré que« Le type de commercialisation ainsi établi par l’ACS serait particulièrement néfaste pour l’enseignement dispensé aux élèves. »

En Norvège, l’ Union of Education Norway(UEN) et Utdanningsforbundet se sont élevés contre la position du gouvernement.

Dans un courrier adressé au ministre des Affaires étrangères de Norvège Børge Brende, l’UEN a très clairement exprimé sa position.

« Il existe en Norvège un vaste consensus politique quant à la nécessité de préserver le caractère public de l’éducation… Aussi avons-nous été étonnés d’apprendre que la Norvège approuve une proposition destinée à étendre le champ d’application des services professionnels pour inclure les services éducatifs privés », est-il mentionné dans la déclaration.

Dans un courrier adressé au ministre des Affaires étrangères, Utdanningsforbundet déclare que « le système éducatif devrait être régi par des compromis en matière de politique éducative et non de politique commerciale. Par conséquent, nous condamnons fermement l’apparent soutien de la Norvège à l’extension du champ d’application de l’accord pour inclure les services éducatifs privés. »

Pour l’Internationale de l’Education, la restriction de la capacité des gouvernements à réglementer la prestation des services d’éducation dans l’intérêt national vient directement menacer l’éducation publique de qualité pour tou(te)s et pourrait bien mettre à mal les conditions d’apprentissage des élèves et les conditions de travail des enseignant(e)s, des universitaires et autres travailleurs/euses de l’éducation. Par ailleurs, cette restriction porte directement atteinte aux processus démocratiques et à la gouvernance publique de l’éducation.

Dans sa déclaration, l’IE appelle l’ensemble des gouvernements à exclure l’éducation des accords commerciaux.