Ei-iE

Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

Nouvel agenda mondial de l'éducation: l'implication des enseignant(e)s constitue la clé du succès

Publié 17 mai 2015 Mis à jour 20 mai 2015

Pour être fructueuse, toute nouvelle stratégie en matière d'éducation doit impliquer les enseignant(e)s et être fondée sur les droits: tel est le message que la délégation de l'IE s'apprête à délivrer lors du Forum mondial sur l'éducation, qui se déroulera à Incheon, en Corée.

Les syndicats de l'éducation se dressent pour accélérer le processus, à l'orée de l'ouverture du Forum mondial sur l'éducation

A l'aube du Forum mondial sur l'éducation(FME), qui ouvrira ses portes à Incheon, en Corée du Sud, les travailleurs/euses de l'éducation du monde entier ont pu discuter, préalablement aux débats officiels, du processus pour l'après-2015, ainsi que du rôle crucial de l'implication des enseignant(e)s dans le développement de l'éducation.

« Nous avons parcouru un long chemin depuis Dakar, en 2000, lorsque l'IE et la société civile avaient littéralement dû forcer leur passage », a déclaré la Présidente de l'Internationale de l'Education (IE), Susan Hopgood, à la tête d'une délégation de 25 dirigeant(e)s syndicaux/ales du monde entier, qui représenteront l'IE lors du Forum mondial sur l'éducation.

A l'occasion d'un débat informel organisé devant une salle pleine de délégué(e)s internationaux/ales et de militant(e)s syndicaux/ales coréen(ne)s, Susan Hopgood a été rejointe par Jordan Naidoo, Directeur du programme Education pour Tous de l'UNESCO, par le Coordinateur sénior de l'IE Dennis Sinyolo, par le Secrétaire général adjoint de l'IE David Edwards, ainsi que par la Présidente de la Campagne mondiale pour l'éducation, Monique Fouilhoux.

Maximiser l'impact des enseignant(e)s pendant le FME et après

Si les intervenant(e)s ont souligné les avancées réalisées depuis 2000, ils/elles ont également fait remarquer qu'il restait encore un long chemin à parcourir avant d'atteindre l'Education pour Tous. Selon le dernier Rapport mondial de suivi de l'UNESCO, des millions d'enfants ne sont toujours pas scolarisés ou ne reçoivent pas l'éducation de qualité à laquelle ils ont droit. Le cas particulier des pays en situation de conflit a également été mis en lumière. D'autres intervenant(e)s ont rappelé combien il était urgent d'assurer l'équité et d'offrir une éducation inclusive pour tou(te)s. Les participant(e)s ont ensuite été invité(e)s à se pencher sur les réussites du programme de l'Education pour Tous, depuis son adoption à Jomtien en 1990, ainsi que sur les améliorations que les enseignant(e)s attendent du nouveau programme. Il a également été mentionné que les résultats du FME devront être entièrement intégrés aux Objectifs de développement durable, qui seront adoptés par l'Assemblée générale des Nations Unies, en septembre 2015.

Les participant(e)s ont souligné l'importance de l'implication des enseignant(e)s dans le processus décisionnel et ont rappelé que, bien trop souvent, « les gouvernements nous traitent comme de simples agents qui mettent en application leur politique d'éducation, sans même prendre notre avis en compte », comme l'a précisé Francisca Castro, Secrétaire générale de l' Alliance of Concerned Teachers(Philippines). Certain(e)s intervenant(e)s ont émis quelques inquiétudes à l'égard de la « réduction de la marge de manœuvre des organisations de la société civile dans l'espace politique ».

6.150

Ce chiffre reflète un fossé considérable, a indiqué le Coordinateur de l'IE J. Berriel Pessi, qui a présenté aux participant(e)s l'évaluation de l'IE de l'initiative de l'Education pour Tous. 6.150 kilomètres, c'est la distance qui sépare le siège de l'UNESCO d'une école en Ouganda, où les élèves sont entassés dans des classes non équipées, avec un ratio d'élèves par enseignant(e) de 1/153, ce qui ne garantit en aucune façon une éducation de qualité. Le fossé entre la politique et la vie réelle dans les écoles constitue l'un des obstacles majeurs à la réalisation de l'Education pour Tous.

Combinés à un financement sur lequel on ne peut compter, à des pratiques de corruption et au manque de volonté de nouer des liens avec la société civile et les syndicats de l'éducation, les programmes gouvernementaux de ces 25 dernières années visant à améliorer l'éducation sont bien trop souvent restés enfouis au fond d'un tiroir, au lieu de susciter de réels changements.

Une attention particulière a également été portée au besoin d'appeler les gouvernements à réagir et de faire en sorte que tous les pays, dont les pays en développement, s'engagent à financer les objectifs d'éducation adoptés par le FME et à investir au moins 6 pour cent du PIB dans l'éducation. Il est particulièrement inquiétant de constater que les gouvernements au pouvoir tentent d'échapper aux engagements réels.

Le système éducatif coréen: les deux revers de la médaille

La dernière partie du Forum des enseignant(e)s a été consacrée au système éducatif coréen. Keith Lewin, professeur d'éducation et de développement internationaux à l'Université de Sussex, a indiqué que « nous ne devons pas uniquement nous interroger sur ce que nous apprenons, mais aussi sur les raisons pour lesquelles nous apprenons », faisant par là référence au système de tests à enjeux élevés mis en place en Corée, qui, bien que salué par la communauté internationale, a été à l'origine du taux de suicide le plus élevé parmi les élèves des pays de l'OCDE.

Les participant(e)s au Forum ont également eu l'opportunité d'échanger avec Sungbo Sim, expert de la faculté nationale d'éducation de l'Université de Séoul, avec Jongha Park, un élève qui a raconté comment il avait dû repasser ses examens pour pouvoir être accepté dans la meilleure université, ainsi qu'avec des représentant(e)s des deux affiliés coréens de l'IE, la KFTA et le KTU.

Le Forum mondial sur l'éducation, qui débute officiellement mardi 19 mai, entend réunir des représentant(e)s des ministères, des syndicats, des organisations de la société civile et des expert(e)s du monde entier, actifs/ves dans le domaine de l'éducation.