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Internationale de l'Education
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Education de qualité pour tou(te)s: des signes d’espoir à New York pour les Objectifs de développement durable

Publié 7 août 2015 Mis à jour 12 août 2015

Sauf évènement inattendu, les Objectifs de développement durable des Nations Unies pour l’après-2015 intégreront un objectif distinct sur l’éducation, aux côtés de thèmes essentiels comme la pauvreté, la faim et la santé.

Antonia Wulff est coordinatrice pour les questions d’éducation et d’emploi à l’Internationale de l’Education, fédération mondiale qui réunit des syndicats de plus de 170 pays. Elle a piloté la délégation de l’IE lors des échanges conduisant au document d’étape qui doit être finalisé lors de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre. Elle a répondu à nos questions au moment où les intenses réunions organisées à New York City la semaine dernière donnaient naissance au texte.

Q – Les quatre principaux Objectifs du développement durable sont la la lutte contre la pauvreté, la lutte contre la faim, la santé et l’éducation. Il s’agit d’une victoire indéniable pour les défenseurs de l’éducation, qui craignaient que cette question ne soit même pas envisagée en tant qu’Objectif.

AW – Je ne crois pas qu’il faille les interpréter comme étant classés par ordre de priorité, mais il est vrai que le monde de l’éducation devrait réellement et sincèrement se réjouir de ce résultat, et du fait que nous disposons désormais d’un programme d’action complet. Nous avons obtenu davantage que ce que nous avions jamais envisagé: un Objectif large doté de sept cibles, plus trois cibles de mise en œuvre. On pourrait donc dire qu’au total nous avons obtenu un Objectif ambitieux assorti de 10 cibles positives.  Q – Comment expliquez-vous cet apparent retournement de la situation et cette victoire?

AW – Il y a plusieurs éléments. Tout d’abord, le système des Nations Unies a cette fois fait un effort pour être plus inclusif. Les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) étaient l’œuvre d’un petit groupe d’hommes exerçant leur influence dans les méandres du siège de l’ONU à New York. Mais cette fois, le système onusien était décidé à mettre en place un processus plus participatif. Toutes sortes de consultations ont donc été organisées, la plus emblématique étant l’enquête « Le monde que nous voulons », à laquelle des millions de personnes ont pris part pour formuler leurs priorités. L’éducation s’est ainsi retrouvée en tête de liste. Il s’agit d’une priorité évidente, et d’une nécessité urgente pour la population du monde entier. Les progrès inégaux accomplis dans le cadre des OMD nous ont en outre aidés à démontrer qu’il restait beaucoup à faire en la matière.

Q – Un fil conducteur semble sous-tendre ce résultat, avec les enseignantes et enseignants de qualité, les outils de qualité, les environnements de qualité, la mise en exergue de la campagne « Uni(e)s pour une éducation de qualité » menée par l’Internationale de l’Education.

AW – Cela a été déterminant pour illustrer la problématique concernant la qualité dans les débats, et la nécessité d’investir davantage dans l’éducation. Nous devrions considérer cet élément comme une avancée: le fait que l’éducation soit explicitement analysée à travers le prisme de la qualité dans le programme d’action. Il y a un consensus global sur le fait que se contenter de l’éducation en soi n’est pas suffisant, mais qu’il faut au contraire garantir une éducation de qualité.  Q – Avez-vous noté des évolutions dans l’impact du plaidoyer en faveur de l’éducation au fil du temps? Cette cohésion des syndicats et des autres défenseurs de l’éducation a-t-elle généré des échanges différents dans leurs modalités et leur contenu?

AW – L’IE a effectivement demandé une place plus importante que tout ce qu’elle avait pu obtenir jusqu’alors dans un processus onusien. Nous avons assisté à la montée en puissance d’un certain nombre d’affiliés, qui ont demandé et joué un rôle véritablement actif et ont poussé leurs gouvernements à prendre des engagements plus ambitieux. J’espère donc que nous avons ouvert une nouvelle voie pour une implication à ce niveau. Assister à ce processus a été assez incroyable : voir un affilié particulier dialoguer avec son gouvernement au niveau national et comment nous, en tant qu’organisation de dimension internationale, sommes parvenus à suivre ce même gouvernement et ses représentants à New York, pour veiller à ce que les promesses qu’il avait pu faire au niveau national soient également respectées au niveau international. Ce type de dialogue sera déterminant pour progresser en termes de mise en œuvre et de reddition de comptes.

Q – Une nouvelle ère de travail collaboratif...

AW – Pour les Etats membres de l’ONU également. C’est véritablement un exemple très mobilisateur du pouvoir de l’action collective et de l’incitation mutuelle à voir plus grand et plus loin, à aller au-delà de ce que les Etats individuels pourraient entreprendre. Il s’agit d’un programme d’action qui pousse les gouvernements dans leurs retranchements, qui les engage à dépasser ce qu’ils ont accompli jusqu’à présent. Et j’espère que les affiliés seront également en mesure d’utiliser ce programme pour inciter leurs gouvernements à aller plus loin, par exemple en ce qui concerne l’éducation préscolaire, un secteur qui tend à être délaissé dans de nombreux pays. Et nous disposons à présent d’un type de norme internationale qui devrait encourager tous les gouvernements à intensifier leurs efforts.