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Internationale de l'Education
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Suisse: un syndicat de l’éducation s’oppose à la décision du gouvernement de déshabiller Pierre pour habiller Paul

Publié 27 avril 2016 Mis à jour 29 avril 2016

L’avenir s’annonce plutôt difficile depuis qu’un syndicat d’enseignants suisse est entré ouvertement en conflit avec le gouvernement, suite à sa décision de réaffecter les fonds destinés à l’enseignement à la construction de nouvelles infrastructures de transport.

Les membres du syndicat ont fermement rejeté l'initiative dite « vache à lait » proposée par le gouvernement suisse, laquelle se traduira par des coupes plus importantes encore dans les budgets de l’éducation et des écoles publiques.

Cette initiative, officiellement destinée à garantir un « financement équitable des transports », vise à ce que la taxe sur les carburants payée par les contribuables serve exclusivement à financer la construction d’infrastructures routières, au détriment des autres responsabilités du gouvernement, en l’occurrence l’éducation. Le Trésor fédéral enregistrerait dès lors une perte de 1,5 milliard de francs suisses (CHF), soit environ 1,36 milliard d’euros par an. Selon le Département des finances, 350 millions CHF (environ 318 millions d’euros) seraient retirés à l’éducation et à la recherche, en plus des mesures d’austérité déjà décidées par la Confédération et les cantons. Ces derniers se verraient contraints d’amputer leurs budgets de 125 millions CHF supplémentaires, soit environ 114 millions d’euros.

« Le béton remplace l’éducation. C’est inacceptable ! », a déclaré Beat W. Zemp, Président du Dachverband Lehrerinnen und Lehrer Schweiz(LCH).

L’éducation en ligne de mire

Toujours selon le Département des finances, l’éducation et la recherche devront supporter le poids des coupes budgétaires. Si le gouvernement décidait de limiter ses engagements, par exemple dans le secteur de la formation professionnelle (comptant à l’heure actuelle pour 25 pour cent du financement public), les cantons et les municipalités seraient contraints de prendre des mesures qui auraient des conséquences dramatiques pour les écoles publiques. Les cantons seraient confrontés à une perte totale de 190 millions CHF (environ 173 millions d’euros) par an au niveau du financement fédéral, dont 125 millions CHF dans le secteur de l’éducation et de la recherche.

« Notre éducation tombe en ruine »

Pour le LCH, ce nouveau coup porté au financement de l’éducation est inacceptable et impossible à gérer.

Zemp souligne: « Alors que les cantons ont déjà décidé de réduire de 1 milliard CHF (environ 909 millions d’euros) leurs investissements dans les écoles et l’éducation pour la période 2013-2018, ce sont à présent 475 millions CHF (environ 432 millions d’euros) supplémentaires qui vont partir en fumée suite au lancement de l’initiative 'vache à lait' ! C’est ainsi que l’on parvient à anéantir une éducation de qualité et à mettre en péril l’avenir de la Suisse. »

La construction des routes est suffisamment financée par le fonds pour le réseau routier national et les transports urbains

En rejetant l’initiative « vache à lait », le LCH se rallie non seulement aux 26 gouvernements cantonaux suisses, mais également à une large alliance de parlementaires fédéraux. Tous soulignent que la construction, la gestion et la maintenance du réseau routier bénéficient déjà d’un financement suffisant, via le fonds pour le réseau routier national et les transports urbains, adopté par le Sénat. Il s’agit, selon eux, de la meilleure approche du financement des infrastructures de transport.

Le LCH appelle les citoyen(ne)s à rejeter cette initiative lors du référendum annoncé le 5 juin prochain.

Le 26 avril, Zemp participera à une table ronde à Berne, modérée par le Sénateur fédéral Ueli Maurer, chargé d’expliquer le rejet de cette initiative par la Chambre basse du Parlement fédéral.