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Internationale de l'Education
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La privatisation de l’éducation sous l’œil attentif de la Conférence de l’OIT

Publié 2 juin 2016 Mis à jour 6 juin 2016

A Genève, les participant(e)s à la Conférence annuelle de l’Organisation internationale du Travail se sont penché(e)s sur la menace que font planer le manque d’investissements publics dans l’éducation, la tendance à la privatisation et l’érosion des droits fondamentaux des éducateurs/trices.

Dans son allocution devant le Comité d’experts sur l’application des recommandations concernant le personnel enseignant (CEART) lors de la réunion de la Commission de l’application des normes de l’Organisation internationale du Travail (OIT), Wilson Sossion, Secrétaire général du Kenya National Union of Teachers(KNUT) et Président du Comité régional africain de l’Internationale de l’Education (IE), a déclaré: « A l’heure actuelle, nous nous retrouvons face à une attaque stratégique contre l’éducation. En effet, l’incursion des entreprises dans le secteur de l’éducation ainsi que la sous-traitance des responsabilités de l’Etat à des sociétés privées constituent une menace pour l’égalité, l’inclusion, le développement et la paix ». C’est en qualité de porte-parole des travailleurs/euses qu’il est intervenu lors du débat sur le rapport du Comité conjoint OIT-UNESCO d’experts sur l’application des recommandations concernant le personnel enseignant. Sous les applaudissements nourris du Groupe des travailleurs, il a dressé un bilan percutant des principales menaces actuelles auxquelles l’éducation se trouve confrontée.

Le débat a été ouvert par le Directeur adjoint du Département des activités sectorielles de l’OIT, Akira Isawa, qui a rappelé que l’année 2016 marquait le 50e anniversaire de l’adoption de la Recommandation concernant la condition du personnel enseignant de 1966, qui demeure la seule norme pour la profession enseignante au niveau mondial. D’après lui, la Recommandation de 1966, ainsi que son équivalent de 1997, la Recommandation concernant la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur, sont toujours d’actualité. Il a en outre rappelé qu’elles pouvaient toutes deux être utilisées pour promouvoir une éducation de qualité pour tou(te)s.

Dans sa déclaration devant le Comité, Sossion a observé que ni les gouvernements, ni les syndicats, ni les employeurs n’étaient correctement informés sur ces deux recommandations, et qu’il s’avérerait utile que l’OIT mette en place des programmes de diffusion et de sensibilisation sur leur contenu. Il a présenté la campagne de l’IE en faveur d’un Objectif de développement durable indépendant sur l’accès à l’éducation, et a décrit les différentes tendances représentant une menace pour le secteur, dont le manque de financement adéquat, le recours aux contrats précaires, la déprofessionnalisation croissante, ainsi que l’utilisation de plus en plus fréquente de systèmes de performances et de contrôle.

Sossion a ajouté qu’à l’heure actuelle, plus de 30 pays recrutaient régulièrement des enseignant(e)s non qualifié(e)s, et que dans de nombreux autres pays de par le monde, les enseignant(e)s se voyaient toujours refuser leurs droits fondamentaux à la liberté syndicale et à la négociation collective. Il a appelé l’OIT à adopter une nouvelle convention contraignante basée sur ces recommandations.

D’autres membres du Groupe des travailleurs, dont José Antonio Zepeda (CGTEN-ANDEN, Nicaragua), Amanda Brown (NUT-UK), Mikyung Ryu (KCTU, Corée), Lalia Djaddour (SNAPAP-Algérie) et Marcelo Di Stefano (CONTUA), sont également intervenus dans le cadre de la conférence. Ils/Elles ont notamment mis en lumière l’impact négatif de la privatisation ainsi que les violations des libertés syndicale et d’expression.