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Internationale de l'Education
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Les valeurs syndicales sont essentielles pour la reprise économique

Publié 12 juin 2009 Mis à jour 12 juin 2009

La reprise économique mondiale exigera la réaffirmation de nos valeurs fondamentales : le droit des travailleurs de s’organiser, d’être représentés par des syndicats indépendants et de construire un avenir décent pour eux-mêmes et leur famille. Tel était le message central du discours prononcé par le Secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen, lors de la Conférence internationale du Travail qui se déroule cette semaine à Genève.

Conférence internationale du Travail Allocution prononcée au cours du débat général Par Fred van Leeuwen, Internationale de l’Education Genève, le 11 juin 2009

Nous sommes réunis à un moment où la folie de certains a remis en cause le bien-être de tous. Les institutions financières qui nous paraissaient solides comme la pierre ont démontré qu’elles reposaient en réalité sur des fondations fragiles. A présent, les contribuables de toute une génération à venir auront à payer le prix fort pour une reconstruction à grande échelle.

L’Organisation internationale du Travail (OIT) avait cependant mis en garde contre les risques d’une mondialisation non réglementée et avait plaidé en faveur de la dimension sociale et du travail décent pour tous. De même, les structures constitutives fondamentales de l’OIT, les syndicats, avaient lancé des mises en garde qui n’ont pas été entendues.

L’Internationale de l’Education se félicite de l’appel lancé par le G20 à l’OIT lui demandant de surveiller de près les performances de chaque pays en termes d’emploi, tout comme le FMI surveille les performances économiques. Il s’agit-là d’un véritable défi. L’OIT doit pouvoir disposer des ressources nécessaires pour effectuer cette tâche. Et l’OIT doit bénéficier d’un soutien politique de la part des gouvernements, des syndicats et des employeurs pour être en mesure d’accomplir cette mission. L’emploi et le travail décent, comme bases d’une relance saine de la demande, constituent les facteurs clés de la reprise.

La reprise mondiale exigera également la réaffirmation de nos valeurs fondamentales : le droit des travailleurs de s’organiser, d’être représentés par des syndicats indépendants et de construire un avenir décent pour eux-mêmes et leur famille.

L’éducation se trouve au centre de ces efforts déployés par les femmes et les hommes partout dans le monde pour construire leur avenir. Avant la crise, nous étions déjà conscients de l’importance de l’enseignement et de la formation professionnels. Ils sont plus importants encore aujourd’hui et ils le resteront tout autant dans les années à venir. Plus que jamais, nous devons investir dans les individus. Alors que les entreprises réduisent leurs effectifs et procèdent à des licenciements, les travailleurs se doivent d’améliorer leurs compétences.

L’enseignement supérieur et la recherche sont durement touchés en raison du tarissement des sources de financements privés et il incombera aux gouvernements de trouver les ressources nécessaires pour préserver l’innovation. L’enseignement primaire et secondaire subira une réduction des financements en raison de la diminution des recettes publiques. Nous ne pouvons cependant pas nous permettre de sacrifier l’éducation des jeunes. Nous sommes très inquiets face à la réduction du financement et de l’aide accordés aux pays en développement, une situation qui menace la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier l’Education pour Tous.

Demain, nous célébrons la Journée mondiale contre le travail des enfants. Des progrès remarquables ont été réalisés en vue d’éliminer les pires formes de travail des enfants et amener des millions d’enfants supplémentaires sur le chemin de l’école. Mais il existe encore beaucoup trop de pays où le travail des enfants demeure un phénomène socialement accepté. En Asie centrale, où les enfants sont contraints d’abandonner l’école pour travailler dans les champs de coton. En Asie du Sud et en Afrique, où les enfants travaillent dans les usines et dans les rues. Et dans les foyers à travers le monde, où les jeunes filles sont contraintes au travail domestique.

Partout dans le monde, l’augmentation du taux de chômage parmi les jeunes adultes se révèle un phénomène particulièrement préoccupant. Sans oublier l’impact de l’immigration, passée et actuelle. En temps de crise, tous ces facteurs forment un mélange particulièrement instable, prêt à exploser.

C’est pourquoi le mandat de l’OIT, qui consiste à construire la paix à travers la justice sociale, doit être considéré comme étant d’une importance capitale. La cohésion sociale se fragilise à l’extrême. Les conséquences d’un effondrement à grande échelle sont imprévisibles, mais elles risquent d’être dévastatrices.

Parmi les efforts déployés pour la relance et la reconstruction, l’éducation joue un rôle fondamental. L’éducation fait partie de la solution. Nous devons investir dans ces femmes et ces hommes qui travaillent dans le secteur de l’éducation et de la formation – les enseignants et les autres employés du secteur de l’éducation.

Depuis plus de trente ans, les Comités d’experts conjoints de l’OIT et de l’UNESCO sur l’application des recommandations concernant le personnel enseignant (CEART) font état d’une dégradation des conditions de travail des enseignants. Le temps est venu de renverser cette tendance et de réinvestir dans des enseignants de qualité pour une éducation de qualité.

L’OIT apporte une contribution majeure aux travaux en cours pour l’élaboration d’un guide des bonnes pratiques en termes de ressources humaines à l’intention des enseignants, travaux qui sont basés sur les recommandations et les normes internationales relatives au travail de l’OIT et de l’UNESCO. Nous lançons un appel aux employeurs du secteur public et du secteur privé afin qu’ils travaillent en étroite collaboration avec l’OIT et l’IE et ses affiliés pour entériner cet ensemble de bonnes pratiques et le transformer en un outil pratique et véritablement efficace pour tous dans le monde entier.

L’an prochain, l’OIT poursuivra ses actions concrètes en organisant un Forum de dialogue mondial sur l’enseignement et la formation professionnels. Cette initiative ne pouvait pas tomber mieux à propos.

La majorité des personnes travaillant dans le secteur de l’éducation sont des femmes. Les débats de cette conférence sur l’égalité entre les hommes et les femmes revêtent une importance fondamentale pour la promotion d’une société plus juste et plus équitable. Une étude de l’OIT sur l’éducation de la petite enfance abordera les conditions de travail dans un secteur où les questions relatives à l’égalité entre les sexes sont particulièrement importantes, et elle traitera également des thèmes plus larges consacrés à l’égalité socio-économique par le biais d’un accès à l’éducation dès le plus jeune âge.

Mais revenons-en à notre débat sur les valeurs. Trop nombreux encore sont les pays dans le monde où les valeurs qui forment les piliers de cette organisation sont violées. La liberté de pouvoir s’affilier à un syndicat sans faire l’objet d’intimidations constitue un droit fondamental dans tous les pays, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé. C’est la raison pour laquelle l’Internationale de l’Education soutient résolument le Employee Free Choice Act(loi sur le libre choix de l’employé de s'affiler ou non à un syndicat aux Etats-Unis), laquelle protège les travailleurs américains et adresse un message fort aux employeurs dans le monde entier en leur rappelant que les violations des droits des travailleurs sont inadmissibles au 21e siècle.

Plusieurs cas sont soumis au Comité de la liberté syndicale et nous considérons qu’ils sont trop nombreux encore. En Corée, j’ai participé à une action de protestation aux côtés d’un dirigeant syndical qui avait entamé une grève de la faim. En Ethiopie, j’ai rencontré des dirigeants syndicaux dont les biens avaient été saisis et transférés vers un syndicat à la solde du gouvernement. Du Cambodge à la Colombie, les dirigeants syndicaux paient au prix fort leur engagement. Trop, c’est trop ! Aujourd’hui plus que jamais, il est temps de reconstruire toutes ces économies dévastées et ces vies brisées, en instaurant la justice sociale.

Merci.