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Internationale de l'Education
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Journée européenne d’action : non aux coupes, oui à la croissance

Publié 24 mars 2011 Mis à jour 24 mars 2011

La Confédération européenne des syndicats (CES) a organisé une Journée d’action le 29 septembre 2010 pour présenter un front uni face aux mesures d’austérité adoptées par les gouvernements à travers l’Europe.

Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Bruxelles, en Belgique, en même temps que d’autres manifestations avaient lieu dans 37 pays parmi lesquels Chypre, l’Irlande,  l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, le Portugal, la République tchèque, la Roumanie et la Serbie.Le mouvement syndical voulait faire passer le message suivant : les gouvernements doivent donner la priorité à la reprise et à l’emploi, et non à la réduction rapide des déficits publics par le retrait prématuré des mesures de relance économique.

Le problème de l’effet ‘boule de neige’ de la dette

En mai 2010, le gouvernement grec a annoncé des plans d’économies s’élevant à 16 milliard d’euros pour les quatre prochaines années, comprenant une diminution des pensions et l’augmentation de l’âge de la retraite. Cette décision a marqué le début de l’effet ‘boule de neige’. La crise grecque a influencé d’autres pays européens qui ont à leur tour effectué des coupes dans les budgets des services publics.

Au Royaume-Uni, le gouvernement de coalition composé des Conservateurs et des Libéraux démocrates a annoncé une réduction des dépenses de 93 milliards d’euros. 500.000 emplois publics seront supprimés afin de réduire le déficit budgétaire.

En Espagne, les mesures d’austérité comprennent une diminution du salaire des enseignants et un gel des pensions, ainsi que l’augmentation de l’âge de la retraite à 67 ans. Le taux de chômage atteint déjà les 20% et 500.000 personnes supplémentaires vont bientôt perdre leur emploi tandis que les réformes sapent la base des accords sur la négociation collective. Les syndicats espagnols ont organisé la première grève générale depuis huit ans lors de la Journée d’action.

En France, l’enseignement public a aussi été touché car le ministère de l’Education a annoncé la perte de 9.000 emplois dans l’enseignement primaire, bien qu’il doive y avoir 4.000 élèves supplémentaires. En plus de l’augmentation de la taille des classes, l’entrée à l’école dès deux ans ne sera plus possible et les programmes d’éducation pour adultes seront réduits. Les manifestations massives en France ont démontré l’opposition aux attaques portées aux retraites et aux conditions de travail, ainsi qu’aux perspectives d’avenir pour les jeunes.

L’éducation doit être sauvée

Les syndicats des enseignants pensent qu’il est nécessaire de trouver une solution réelle à la crise financière, mais également crucial que le dialogue social avec les gouvernements aide à identifier des solutions négociées collectivement. Le consensus est essentiel afin d’éviter que les mesures d’austérité n’ouvrent la porte à une privatisation débridée de services publics essentiels, tels que la santé et l’éducation.

Le Secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen, a déclaré : « les mesures doivent cibler les jeunes pour éviter que la prochaine génération quitte l’école et se retrouve au chômage, ou soit ignorée par les employeurs lorsque la reprise arrive. »

Les propositions des syndicats

Comme alternative aux mesures d’austérité, les syndicats proposent des politiques de croissance où les travailleurs conservent une activité économique jusqu’à ce que les mesures d’investissement fassent effet. Telle est la voie suivie par l’Allemagne, où les travailleurs ont été conservés, même au chômage partiel, jusqu’au moment où la demande redémarre, l’Etat compensant en soutenant la formation et la reconversion. Résultat: la reprise la plus rapide en Europe.

Les finances de nombreux gouvernements pourraient également être renforcées en instaurant un impôt sur les transactions financières (ITF) pour les banques et en créant un système d’imposition juste et plus équitable. L’ITF, en tant que taxe sur certains types de transactions financières, pourrait mettre fin à la spéculation à court terme qui a engendré le chaos financier. Les chiffres montrent qu’un ITF de 0,05 % pourrait générer un revenu annuel de 200 milliards d’euros. Cela permettrait aux gouvernements de compenser le coût croissant de la crise économique mondiale en réduisant les taux élevés de chômage. L’IE estime que la question de la fraude fiscale par les plus riches doit également être traitée car elle est susceptible d’engendrer des revenus supplémentaires et va à l’encontre du principe de base d’équité sociale.

Pour les syndicats, la Journée européenne d’action était avant tout un appel à la solidarité. D’après John Monks, Secrétaire général de la CES : « Le manque de solidarité s’est fait ressentir en Europe au cours des douze derniers mois. Les gouvernements ont trop écouté les marchés, et pas assez les peuples. »

Par Mar Candela

Cet article a été publié dans Mondes de l’Éducation, No 36, décembre 2010.