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Pérou: l’enseignement privé « à bas coût » examiné en détail

Publié 19 février 2018 Mis à jour 8 décembre 2022

Une nouvelle étude de l’Internationale de l’Education révèle les failles et incohérences derrière l’essor de l’enseignement privé « à bas coût » au Pérou.

Malgré sa popularité en hausse auprès des législateurs et des parents, l’enseignement privé « à bas coût » ne tient pas ses promesses, d’après une nouvelle étude publiée aujourd’hui par l’Internationale de l’Education (IE).“Low-cost” private education in Peru: a quality-based approach est une analyse en profondeur des tendances dans le secteur éducatif au Pérou et de leurs effets sur la société, un enseignement de qualité et l’accès à l’éducation.

Le rapport, présenté aujourd’hui lors d’un événement public à Lima, auquel participaient le ministre de l’Education, des expert(e)s politiques et des dirigeant(e)s syndicaux/ales, est le résultat d’une enquête commune par une équipe de chercheurs de l’Universitat Autònoma de Barcelone, Espagne et du Groupe pour l’analyse du développement (GRADE) de Lima, Pérou.

Principaux enseignements

L’étude montre la croissance exponentielle de l’éducation privée au Pérou au cours des deux dernières décennies. Aujourd’hui, 40 % des étudiant(e)s des quartiers les plus défavorisés dans la zone métropolitaine de Lima fréquentent des écoles privées. Cela est le résultat combiné de la dérégulation du marché et d’un essor démographique qui n’a pas entrainé une augmentation de l’offre dans les écoles publiques.

D’après l’étude, une augmentation particulièrement remarquable des « écoles à bas coût » visant les familles aux moyens financiers limités est à noter. Mais ces écoles présentent des lacunes évidentes, en termes de qualité de l’éducation et d’équité.

Enseignement de mauvaise qualité et exclusion

La recherche révèle que les performances académiques des étudiant(e)s dans le secteur éducatif « à bas coût » sont systématiquement inférieures à celles des étudiant(e)s du secteur public. Elle met également en évidence les infrastructures souvent médiocres et le manque de ressources (espace, installations, matériel) de ces écoles, avec un accent particulier sur le taux de rotation élevé des enseignant(e)s.

Malgré ces failles, le coût des études représente souvent un quart du salaire minimum par étudiant(e), rendant ces écoles « à bas coût » inaccessibles aux familles pauvres. Le rapport fait également la lumière sur les pratiques de sélection de ces institutions, qui entravent l’équité sociale et le droit fondamental à l’éducation reconnu par la Constitution du Pérou.

Angelo Gavrielatos, Directeur de la Réponse mondiale de l’IE à la privatisation et la commercialisation de l’éducation: « Les écoles à bas coût au Pérou représentent à peine une alternative “bouche-trou” à l’enseignement public pour les familles défavorisées. Ces écoles fournissent une éducation de mauvaise qualité qui encourage les inégalités sociales. »

Alfredo Velásquez, Secrétaire général du SUTEP, a déclaré: « Il  est impératif et urgent que l’Etat régule les fournisseurs privés et assure que le système éducatif à bas coût réponde à un certain niveau de qualité. Dans le même temps, nous devons également renforcer et promouvoir un enseignement public de qualité pour faire face à la demande croissante actuelle. »

Vous pouvez télécharger le rapport complet (en espagnol) ici: “Low-cost” private education in Peru: a quality-based approach. Fontdevila, C., Marius, P., Balarin, M. & Rodríguez, M. F. (2018)

Le résumé (en espagnol) est disponible ici: Low-cost private education in Peru: subjects for debate