Combattre la désinformation et renforcer les compétences des éducateur·trice·s pour un avenir durable
Combattre la désinformation, plaider en faveur de l’action climatique et mener des campagnes de protection de l’environnement font partie des principales mesures mises en place par les syndicats de l’éducation pour lutter contre la crise climatique et l’impact dévastateur de celle-ci sur les communautés scolaires du monde entier.
Il s’agit également de certains des thèmes abordés au cours de la 12e réunion du réseau Climat de l’Internationale de l’Éducation (IE) qui s’est tenue le 22 avril, à l’occasion du Jour de la Terre, une journée d’action dans le monde.
12e réunion du réseau Climat : action urgente et collaboration mondiale à l’honneur
Dans son discours d’ouverture de la réunion, la directrice des campagnes et de la communication de l’IE, Rebeca Logan, a insisté sur l’urgence de la crise climatique et le besoin d’une action collective. Elle a réaffirmé l’engagement indéfectible de l’IE en faveur de l’éducation et de la justice climatiques à travers sa campagne « Enseignez pour la planète », menée avec le soutien de ses organisations membres.
Les impacts directs du changement climatique sur les systèmes éducatifs : regards du monde entier
La présidente d’ACT NCR Union aux Philippines, Ruby Bernardo, a rapporté des témoignages concrets des graves effets des changements climatiques sur le système éducatif du pays. Elle a notamment mentionné les chaleurs extrêmes qui ont entraîné la suspension des cours et des problèmes de santé tels que des vertiges, des maux de tête, des saignements de nez et des évanouissements parmi les élèves et le corps enseignant. De plus, elle a mis en lumière les appels appuyés de son syndicat à débloquer un fonds d’urgence pour réparer les écoles et améliorer les infrastructures.
Par ailleurs, Mme Bernardo a salué l’appui du programme d’éducation au développement durable du Bureau régional Asie Pacifique de l’Internationale de l’Éducation (IEAP) et a annoncé avec fierté que le plaidoyer d’ACT NCR Union avait conduit avec succès à l’ajustement du calendrier scolaire afin d’éviter les mois les plus chauds.
En outre, grâce aux médias et à des actions auprès du Congrès, le syndicat a amplifié ses appels en faveur de politiques visant à construire des écoles adaptées au changement climatique et à intégrer l’éducation au climat dans les programmes scolaires. Affirmant que la justice climatique est fondamentalement une question de droits humains, Mme Bernardo a souligné que son syndicat collaborait avec des expert·e·s et communautés autochtones dans le but de décoloniser l’éducation.
Gabriela Bañon Estrada, secrétaire chargée du développement durable du Sindicato Nacional de Trabajadores de la Educación (Syndicat national des travailleur·euse·s de l’éducation – SNTE) au Mexique a présenté la campagne environnementale de son organisation en faveur du respect et de la préservation de l’eau. Exemple de l’engagement pour l’éducation à la protection de la planète, la campagne se concentre sur la conservation et la gestion de l’eau et sur le réchauffement climatique. Dans ce cadre, 52.000 écoles participent à des projets de préservation de l’eau et le syndicat collabore avec les autorités nationales de l’eau pour promouvoir les pratiques et les lois en matière d’économie des ressources en eau. Il s’engage également à intégrer la pédagogie environnementale dans les manuels et s’associe à diverses parties prenantes pour mener des activités de reforestation, faisant ainsi valoir le pouvoir de l’éducation dans la sensibilisation et la promotion de l’action collective.
Pour sa part, Jessica Tang, présidente de l’ American Federation of Teachers (Fédération américaine des enseignant·e·s – AFT) au Massachusetts et vice-présidente de l’AFT, a donné un aperçu des réponses des syndicats étatsuniens face au enjeux climatiques. Elle a abordé la situation politique actuelle dans le pays et ses conséquences néfastes sur les progrès environnementaux. Mettant en avant le rôle essentiel des syndicats de l’enseignement dans le plaidoyer pour des politiques publiques relatives à la justice environnementale, elle a également évoqué le concept de négociations pour le bien commun qui visent à garantir des bénéfices climatiques pour l’ensemble de la société. Mme Tang a mentionné de récentes victoires à Boston – telles que la ratification d’un contrat qui instaure un comité sur le programme en matière de justice climatique – comme à Chicago et Los Angeles, où des syndicats sont parvenus à négocier en faveur d’initiatives pour des écoles vertes (qualité de l’eau, bus scolaires électriques, panneaux solaires, etc.). Elle a insisté sur l’importance de mettre en place des comités d’action climatique au sein des syndicats et d’éduquer les membres à la justice climatique, puis a conclu son intervention par un message de solidarité et d’appréciation à l’attention du réseau Climat.
Filtrer la vérité : équiper les éducateur·trice·s pour combattre la désinformation en matière d’environnement
Lors de la réunion, les participant·e·s se sont penché·e·s sur la question cruciale de la désinformation en matière d’environnement. Barbara Monticelli, doctorante en communication sur le changement climatique et stagiaire auprès de l’IE et de Earthday.org, a rappelé la différence entre mésinformation (fausses informations diffusées de manière non intentionnelle) et désinformation (création et diffusion intentionnelles de fausses informations à des fins de tromperie ou de manipulation), qualifiant la désinformation de tactique visant à induire en erreur.
Elle a en outre exposé les principales thématiques de la désinformation en matière d’environnement, telles que la remise en question du changement climatique et la propagation d’informations trompeuses sur les énergies renouvelables, et souligné l’impact néfaste sur les élèves de la désinformation, qui sème la confusion et freine la capacité à agir. Mme Monticelli a par ailleurs noté un manque de préparation considérable : tandis qu’une grande majorité d’enseignant·e·s reconnaissent l’importance d’intégrer le changement climatique dans leur pédagogie, seul un faible pourcentage d’entre eux et elles s’y sent prêt. Poursuivant, elle a détaillé les différentes voies par lesquelles la désinformation arrive jusqu’aux élèves, que ce soit en ligne (la sélection des données ou les faux·fausses expert·e·s) ou hors ligne (la « pétropédagogie » des compagnies pétrolières par l’intermédiaire de programmes sponsorisés). Les enseignant·e·s, a-t-elle estimé, jouent ainsi un rôle capital de filtre permettant de filtrer les informations fiables.
En ce qui concerne la désinformation en ligne, Mme Monticelli a conseillé de faire preuve de vigilance et de contrôler les sources, d’analyser le langage et le ton employés, d’observer les images, de croiser les sources pour vérifier les informations, de recourir à des sites de fact-checking et de réfléchir à ses propres biais.
Plaidoyer mondial et développement des ressources : les initiatives actuellement menées par l’IE
Coordinatrice de la recherche, des politiques et du plaidoyer de l’IE, Nikola Wachter a fait le point sur les préparatifs de la COP 30, qui aura lieu au Brésil, et a encouragé les membres à nouer le dialogue avec les représentant·e·s des gouvernements. Elle a insisté sur l’importance des contributions déterminées au niveau national (CDN) élaborées dans le cadre de l’Accord de Paris et a fait remarquer que certains pays doivent encore renouveler leurs engagements. Elle a renouvelé les appels de l’IE à l’éducation climatique obligatoire, à la formation des enseignant·e·s, à la mise en place de systèmes éducatifs résilients et à la protection des droits des groupes marginalisés. Elle a aussi exhorté les membres à suivre les progrès de leurs pouvoirs publics concernant leurs promesses et l’intégration de ces demandes dans les CDN, grâce à la base de données de EarthDay, qui analyse les engagements en matière d’éducation à l’environnement.
Pour ce qui est du Partenariat pour une éducation verte avec l’UNESCO, Mme Wachter a annoncé la création d’un outil axé sur les enseignant·e·s et destiné à aider les gouvernements à bâtir des systèmes éducatifs adaptés aux changements climatiques, notamment via des politiques concernant les enseignant·e·s relatives à la pédagogie climatique, à la sécurité des éducateur·trice·s et à leur participation à la concertation portant sur les mesures à prendre.
En tant que coordinatrice du renforcement des capacités et de la solidarité de l’Internationale de l’Éducation, Helena Schulz a présenté le nouveau cours de l’IE sur le changement climatique, disponible sur la plateforme ALMA. Développé de manière collaborative avec les organisations membres, ce cours se concentre sur la science du changement climatique, les répercussions économiques et sociales de celui-ci et sur des actions concrètes, a expliqué Mme Schulz. Elle a également mis en avant l’accessibilité du cours en tant que ressource gratuite de renforcement des capacités pour toutes les organisations affiliées. L’inscription est obligatoire sur la plateforme ALMA afin de garantir un environnement sûr pour les membres de l’IE.
L’IE et l’action climatique : un engagement de longue date
Au-delà de la réunion du réseau Climat, l’IE et ses syndicats membres défendent sans relâche une éducation à l’environnement et une action climatique et mettent en œuvre différentes mesures :
- Plaidoyer sur les politiques : participation active à des forums internationaux (COP et Sommet sur la transformation de l’éducation) et plaidoyer pour l’intégration d’une éducation à l’environnement de qualité dans les politiques nationales et les programmes scolaires ;
- Développement de ressources : création et dissémination de ressources (manifestes, boîtes à outils, cours sur la plateforme ALMA, etc.) afin de soutenir les éducateur·trice·s et les syndicats dans leurs démarches d’action climatique ;
- Réseautage : facilitation de la collaboration et de l’échange de bonnes pratiques dans le cadre du réseau Climat et des réseaux régionaux ;
- Mobilisation de la campagne : sensibilisation et appel à l’action grâce à la campagne « Enseignez pour la planète » ;
- Partenariats : collaboration avec des organisations clés (Unesco, Earthday.org, Fédérations syndicales internationales) afin d’amplifier l’impact ;
- Traitement des causes profondes : prendre en compte l’interdépendance entre justice climatique et justice sociale et plaider pour le désinvestissement des énergies fossiles ;
- Promotion d’une pédagogie de l’espoir : valorisation d’une éducation décolonisée, axée sur les solutions et ancrée dans les contextes locaux afin de dépasser l’écoanxiété.
Les éducateur·trice·s en première ligne pour construire un avenir durable
La 12e réunion du réseau Climat a mis en lumière la détermination sans faille et les stratégies innovantes des syndicats de l’éducation du monde entier en réponse à la crise climatique. De la lutte contre la désinformation au renforcement des compétences des éducateur·trice·s, en passant par le plaidoyer visant à faire évoluer les politiques publiques, l’Internationale de l’Éducation et ses membres jouent un rôle vital en tant qu’agents de changement.
Comme l’a affirmé Rebeca Logan : « Vous êtes la clé de ce travail ». Par la collaboration continue et l’action collective, la communauté éducative pose les jalons d’un avenir juste et durable, où l’éducation à l’environnement et l’action climatique sont au cœur de l’enseignement. Les efforts soutenus déployés dans le cadre du réseau Climat et de la campagne « Enseignez pour la planète » mettent en évidence la mission indispensable des éducateur·trice·s dans la construction d’un monde conscient des changements climatiques et tourné vers l’action.
La 12e réunion du réseau Climat de l’IE a réuni des éducateur·trice·s du monde entier le 22 avril, à l’occasion du Jour de la Terre, afin d’aborder l’aggravation des conséquences du changement climatique. Les participant·e·s ont fait ressortir la place centrale des enseignant·e·s dans la lutte contre la désinformation et pour l’action climatique.
Depuis de nombreuses années, l’IE défend une éducation à l’environnement de qualité pour tou·te·s. Consciente de l’importance de l’éducation face à la crise climatique, l’IE a mis en place le réseau Climat, une plateforme qui permet à ses organisations membres de partager leurs expériences, de renforcer le pouvoir collectif et de concevoir des actions stratégiques.
S’appuyant sur les orientations présentées dans le Manifeste de l’IE pour une éducation de qualité au changement climatique pour tou·te·s, la campagne « Enseignez pour la planète » se veut le fer de lance d’une mobilisation mondiale et met l’accent sur une éducation à l’environnement ancrée dans le savoir scientifique et l’engagement civique. Elle implique l’analyse de l’intégration de l’éducation dans les politiques nationales relatives à l’environnement, le plaidoyer pour une transition équitable dans le secteur éducatif et la collaboration avec des initiatives telles que le Partenariat pour une éducation verte de l’UNESCO.